SEM François Goldblatt ambassadeur de France à Madagascar a porté la voix de son gouvernement sur sa position par rapport à la résolution de la crise à Madagascar. Une fois de plus la France se positionne seule contre tous pour soutenir ses idéaux malgré les résolutions prises par la Communauté internationale.
La France estime que le retour de Marc Ravalomanana avant les élections du 8 mai n’est pas souhaitable. Une position qui diffère de celle des autres membres de la Communauté internationale. Les États-Unis ont fait part de leur souhait de voir tous les exilés politiques revenir à Madagascar sans condition selon les dispositions de la Feuille de route. La Troika de la SADC a exhorté la partie malgache d’adopter une amnistie pour Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, tandis que l’Union Européenne a insisté sur la mise en place d’une atmosphère d’apaisement valable avant et après les élections. La position de la Communauté internationale est claire et aucun soutien ne sera assuré à défaut du respect de toutes les dispositions de la Feuille de route.
La France dans son soutien au clan Andry Rajoelina dans l’empêchement du retour de l’exilé d’Afrique du Sud risque de compromettre la mise en œuvre de la Feuille de route. Est-elle seulement de taille à faire face à toute la communauté internationale ? Par ailleurs, plusieurs acteurs politiques malgaches se sont exprimé pour la cessation des persécutions contre la famille Ravalomanana maintenant que l’ancien Chef d’État a officiellement renoncé à la course à la Magistature suprême. La mouvance Ravalomanana de son côté promet de faire usage de son envergure politique pour mener les prochaines élections à l’échec. La sortie de crise malgache qui était portant à portée de main est de nouveau compromise. La France quant à elle devrait faire preuve de plus de prudence dans ses actions politiques malgaches malgré le fait que la Grande-Île soit une de ses anciennes colonies.
Naika Eliane : Réplique à l’Ambassadeur Goldblatt
Monsieur l’Ambassadeur,
Votre dernière déclaration sur le retour au pays du Président Ravalomanana nous incite à réagir: Car, d’abord, elle viole la loi fondamentale malagasy qui régit la transition. Ensuite, ce sont des propos maladroits sur le plan diplomatique, car ils interfèrent dans les affaires d’un pays indépendant et ne respectent pas les pays africains chargés du dossier malagasy en vue de la sortie de crise.
1.Violation de la loi fondamentale
Je tiens à vous rappeler q’une feuille de route a été signée par une grande majorité des formations politiques malagasy et votée par le Parlement, puis insérée dans l’ordonnancement juridique malagasy pour devenir une loi fondamentale de l’Etat malagasy.
Cette feuille de route stipule dans son article 20 : « La Haute autorité de la Transition devra permettre à tous les Citoyens Malgaches en exil pour des raisons politiques de rentrer à Madagascar sans condition, y compris, Monsieur Marc Ravalomanana. La HAT devra fournir la sécurité à tous les exilés malgaches rapatriés.»
Nous tenons à marteler que vous prenez position par rapport à un sujet très délicat et par vos propos, vous violez la loi organique de l’Etat Malagasy qui impose le retour sans condition du Président Ravalomanana.
2.Absence d’éthique diplomatique
Votre déclaration, au lieu d’apaiser, incite à la division et la haine dans un pays déjà fortement ébranlé par quatre années de crise et réconforte une partie des protagonistes dans leur obstination unilatéraliste et leur entêtement à ne pas appliquer la feuille de route dans son esprit et dans sa lettre.
Nous exigeons le retour du Président Marc Ravalomanana avant les élections, car nous estimons qu’il est injuste qu’Andry Rajoelina soit physiquement présent à Madagascar pendant les élections alors que Président Marc Ravalomanana ne le soit pas.
Il faut que le Président Marc Ravalomanana ne soit pas privé de jouer son rôle de chef de parti. Il doit être présent physiquement à Madagascar pour prendre en main les préparatifs pour son parti en vue des prochaines élections.
3.Manque de respect au principe de subsidiarité convenu avec le GIC (Groupe International de Contact) sur Madagascar.
Vous devriez savoir que la mise en application de l’article 20 sera discutée lors de la prochaine réunion de la SADC avec le GIC M (Groupe International de Contact sur Madagascar).
En émettant un avis sur ce retour du Président Marc Ravalomanana, vous interférez dans les prérogatives de ces organes et vous manquez de respect aux pays africains médiateurs de la crise Malagasy.
Si vous aviez émis la position officielle de votre pays, vous auriez dû la transmettre préalablement à ces organes par courtoisie diplomatique. S’il ne s’agissait que de votre position personnelle, vous avez failli à l’éthique diplomatique en la livrant publiquement, sans en évaluer l’impact que cela pourrait engendrer sur les relations franco-malagasy, étant donné que cela risque d’attiser la haine des malagasy vis-à-vis des français.
N’étant pas encore bien installé et imprégné des réalités du pays, vous vous permettez de prendre une position qui compliquerait encore davantage la recherche d’une sortie de crise paisible.
Sénateur NAIKA Eliane,
Présidente du groupe parlementaire des exilés et des détenus politiques au sein du CST