Élus de gauche ou de droite, ils veulent s’occuper de tout et passent leur temps à légiférer. Pourtant, ils devraient d’abord s’occuper de ce qui se passe à l’Assemblée car ce que nous révèle l’ouvrage de Bruno Botella dépasse toute imagination.
Par Bogdan Calinescu.
Un article de l'aleps.
Voyage au pays des merveilles. Les fonctionnaires de l’Assemblée sont payés au minimum 75% à 150% de plus que leurs homologues de la fonction publique. La moyenne des 24 rémunérations les plus élevées est de 213 000 euros annuels par personne ! Le taux des primes peut atteindre 120% contre 25,4% en moyenne pour les fonctionnaires d’État. En 2011, l’Assemblée a versé 53,36 millions d’euros de rémunération de base et 63,91 millions d’euros de primes. Au total, le salaire moyen d’un fonctionnaire de l’Assemblée est de 7 862 euros brut par mois ! Alors que celui d’un fonctionnaire d’État est de 2 830 euros par mois ! Les deux secrétaires généraux touchent plus de 20 000 euros par mois. En plus des salaires et des primes, les fonctionnaires de l’Assemblée bénéficient aussi des possibilités de prêts à des taux défiant toute concurrence. Le Palais Bourbon est une banque très compréhensive : en 2008, il y avait plus de 150 millions d’euros de prêts en cours. Les fonctionnaires et les députés peuvent obtenir jusqu’à 100 000 euros de prêts bonifiés, essentiellement pour des investissements immobiliers.
Le régime de retraite est à la mesure des autres privilèges. En moyenne, 3180 euros de pension par mois, 50% de plus que les fonctionnaires d’État. C’est normal car le calcul de la pension se fait sur la base du salaire des 6 derniers mois d’activité. Mais les problèmes sont les mêmes que pour les retraites de la fonction publique en général. Elles ne sont pas provisionnées : pour 41 millions d’euros versés en 2011, les cotisations salariales atteignent seulement 5.2 millions d’euros. Le reste est complété par une subvention, c’est-à-dire par l’argent des contribuables…
Tout ce monde fonctionne comme une caste. Ses membres se protègent de l’extérieur et ne laissent pas sortir les informations. C’est normal. Ils doivent défendre des privilèges incroyables au moment où les gens du privé vivent menacés par un chômage de masse et une fiscalité record. Alors que l’Assemblée – la Maison des élus du peuple – devrait donner l’exemple, elle est un repaire de gaspillages et de passe-droits.
• Bruno Botella, Petits secrets et grands privilèges de l’Assemblée nationale, Éditions du moment, 2013, 210 pages.
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