Le Collectif Canal Saint-Denis, l'association "Paris Banlieue Environnement" et l'association "Gare aux Pollutions" ont envoyé au Delanopolis les témoignages de stupéfaction que leurs nombreux adhérents leur adressent au sujet de la médiocrité des soi-disant oeuvres d'art qui, à grands frais, jalonnent le parcours du T 3. Ei ils reviennent aussi sur l'ineptie du trajet du T 3 dont les usagers commencent déjà à ressentir les effets. Mais puisque l'inauguration est passée et que les médias regardent ailleurs, après tout ...
Monsieur Delanoë, dans ses récents bulletins municipaux, faisant
suite à la mise en service du tronçon nord-est du T3, proclame l’espace public
« embelli » par 19 œuvres d’art qui jalonnent son parcours.
Elles sont sans doute le témoignage de son goût artistique. En effet, parmi les opinions qui nous parviennent, la grande majorité des usagers du T3 considère ces œuvres comme médiocres et défigurant Paris. Ont-elles, au moins, comme la loi et l’usage le prévoient,
été présentées à l’approbation des Architectes des Bâtiments de France ?
On peut en douter. Pour ces pseudo-œuvres d’art, le Maire, comme souvent,
est passé en force, sans une véritable concertation.
Dans le bulletin "T3 Mag-Janvier" on en rajoute : « l’espace public du tram T3 associe l’élégance et le confort ». Rien qu’ça ! Voyons cela de plus près. Dans le 19ème arrondissement c’est plutôt le summum de la médiocrité, une véritable pollution visuelle, à l’opposé de l’élégance et du confort.
La station du tram à la Porte de la Villette en témoigne : un abri en béton décoré d’empreintes de pieds !? Sont-elles celles de Monsieur Delanoë lui-même ? Pour la postérité… comme sur Hollywood Boulevard, avant son départ annoncé de la Mairie de Paris ? Et, ce n’est pas tout. Les sièges, sous l’abri, sont aussi en béton ! Pourquoi pas en bois, comme dans les autres stations ? Ah ? Mystère. Le Maire a, probablement, considéré que pour apprécier son « œuvre artistique » il fallait savoir souffrir !
En ce mois de janvier, très peu d’usagers, même fatigués, se résignent à s’y asseoir - 10 minutes sur des sièges en béton c’est la grippe
assurée. Ceux-ci sont d’ailleurs généreusement délaissés au profit des sacs plastiques et des bouteilles de bière. Monsieur Delanoë ne pourrait-il pas venir poser son noble arrière-train sur ces sièges « artistiques » et apprécier lui-même leur « élégance et confort » ? Faut-il attendre la nouvelle majorité à la mairie de Paris pour faire disparaître et remplacer ces affreux bancs ?
Pitié ! Delanoë, laisse béton !
Coté Porte d’Aubervilliers, dans le quartier Evangile, on découvre un autre exemple de la créativité intellectuelle : une poutre de bois posée contre le mastodonte en béton qui recouvre la fameuse « manivelle » du T3 flânochant par un souterrain. Cette poutre est une « œuvre d’art » moins coûteuse et moins encombrante. A propos du quartier Evangile, on pourrait questionner Monsieur Delanoë… comme dans les Evangiles :
« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère et n'aperçois-tu pas
la poutre dans ton œil » ?
Et alors, peut-être, ordonnerait-il de la faire disparaitre, en douce, une nuit ?
Rappelons qu'ICADE, principal investisseur du secteur de Macdonald et
la Direction de l’Urbanisme, dans la concertation initiale directe avec les associations, étaient opposés à cette « manivelle ». Elle fut la conséquence, contre toute logique, de l’implantation de la gare Eole (actuellement Rosa Parks), enclavée au sud de la Petite Ceinture et ainsi de la distancer du Bd Macdonald.
Marc Ambroise-Rendu - président de l’association Promotion des Maréchaux - véritable promoteur associatif du Tramway à Paris, y était aussi opposé. Dans le débat Public sur le prolongement du T3, dans un texte intitulé « Le tram T3 n’est pas un tortillard », il insistait sur « l’implantation de cette gare de manière plus rationnelle et lisible, au plus près du Bd Macdonald (au nord de la Petite Ceinture) afin d’écarter le prétexte de ce détournement »
Avis resté sans suite… et le T3 dans le 19ème circule aujourd’hui majoritairement hors des Maréchaux. Sauf sur la « manivelle », on a fait zigzaguer le tramway, aussi, par les berges du canal Saint-Denis, en massacrant le square Pont de Flandre au bord du canal et par la Ville de Pantin. Ainsi, des équipements nationaux importants tels que le Zénith et la Philharmonie (en construction) dans le Parc de la Villette ne sont pas desservis. Le T3 est donc devenu le « triple tortillard », hors des Maréchaux, qui fait perdre du temps à la plupart des voyageurs. Et, on regrette déjà le bus PC.
Les vraies œuvres d’art sur le parcours du T3, celles du canal
Saint-Denis, telle la Perspective de la Darse, qui par sa réouverture aurait pu consacrer solennellement le 150ème anniversaire du 19ème arrondissement et aurait laissé une trace urbaine visible dans la mémoire des Parisiens, ont été délaissées et dégradées ! Comprenne qui pourra…
Le projet de 2001 « Seuils de la Capitale» de l’APUR proposait de redresser et de redessiner le Bd des Maréchaux dans le 19ème, faire disparaître son encombrant « baïonnette ». Il a été annulé par Bertrand Delanoë après les élections municipales de 2001, alors qu’il permettait de revenir sur ces 3 zigzags du T3.
L’option de l’APUR était tellement évidente que le projet olympique JO PARIS 2008 l’avait retenu. Ce projet aurait permis, de plus, la construction de 200 000 m2 de logements !
L’état actuel du quartier de la Porte de la Villette appelle une intervention volontariste. Nous pensons qu’on pourrait, ou qu’on devrait, inclure le projet de l’APUR dans le programme du Grand Paris.
Il est temps que Delanoë laisse béton !