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La vérité (à peine exagérée) sur les fêtes d'anniversaire.

Publié le 27 janvier 2013 par Livmarlene

La vérité (à peine exagérée) sur les fêtes d'anniversaire.
"Tu fais quoi pour ton anniversaire ? Rien ? Ah, et pourquoi ?" Voilà ce qu'on s'entend dire quand on n'a pas spécialement envie de se casser la tête pour célébrer le jour de notre naissance. L'anniversaire, c'est comme Noël et le jour de l'an, dites que vous n'y attachez pas plus d'importance que cela et vous allez voir les gens zyeuter discrètement vos doigts pour vérifier que vous ne venez pas de Mars. Pourtant, avec les années, nombreux sont les gens à voir leur enthousiasme s'étioler à la perspective de fêter "dignement" leur anniversaire. Mais d'abord, fêter "dignement", ça veut dire quoi au juste ? Le gâteau, les bougies. Le minimum syndical, le symbole absolu, c'est évidemment le gâteau. Il se doit d'être si possible impressionnant, miroir au chocolat ou véritable cathédrale de chantilly et devra, dans tous les cas, arborer des bougies. Sur ce point, il existe des variantes : une petite bougie par année de vie pour les plus jeunes, bougies accompagnant des chiffres lorsque l'on commence à prendre de l'âge. Il existe des bougies qui carillonnent l'air "joyeux anniversaire", d'autres, facétieuses, qui se rallument lorsqu'on les éteint. On peut même miser sur du "grand spectacle" en optant pour des feux de Bengale. C'est ainsi orné de lumière qu'un gâteau d'anniversaire est sensé faire son apparition, dans une pièce obscure peuplée de fêtards en liesse entonnant la chansonnette traditionnelle. Un repas, une fête. Le héros du jour (dont le seul mérite est d'être né quelques années plus tôt à la même date) souffle les bougies, prend un air surpris, hilare ou bien s'il a le sens de l'effet théâtral, se met à pleurer de joie. On rallume la lumière et on fait sa fête à l'offrande rituelle. Au delà de ce minimum, il est courant de voir les gens organiser, pour eux-mêmes ou pour leur conjoint, un événement plus élaboré, un repas avec les amis, voire une soirée surprise. Dans ce cas, une grosse part du travail consiste à tout préparer dans le dos de l'intéressé, qui, assez fréquemment, ressent une certaine exclusion : ses amis se taisent dès qu'il approche et sa petite amie camoufle maladroitement des trucs dans son dos en disant "non non, rien, je ne fais rien. Comme d'hab' !" La cérémonie des cadeaux. Qui dit fête d'anniversaire dit cadeaux. En plein milieu de la fiesta, il faut baisser la musique, tout le monde doit arrêter de vivre pour contempler le veinard (d'avoir des amis aussi chouettes) défaire ses paquets et se fendre d'un commentaire à chaque fois, comme si chaque présent était exactement ce qu'il rêvait de recevoir depuis une dizaine d'année : "[fffrrrrrrrrr]* Des chaussettes avec la forme des orteils !!!!! Géééénial. [fffrrrrrrrrr]* Un... bidouillon pour masser la tête (et bien entendu, on teste le dit-bidouillon en direct devant l'auditoire amusé) ! [fffrrrrrrrrr]* Un... cendrier en pâte à modeler... (on lit à haute-voix la carte qui accompagne le paquet) Pour Papa, Joye Aniversèr, jetèm Meercii ma pouupée (Papa n'est pas du tout stressé, lui qui a arrêté la clope deux mois auparavant, à l'idée d'en écraser une dans un objet qui fondra au premier contact avec un mégot)." Toi aussi, tu es là ? Je ne vous apprends rien, vous avez sans doute vécu ou assisté à ce genre de situation des dizaines de fois. Après la cérémonie des paquets, les agapes reprennent leur cours, on mange on boit, la personne fêtée essaie de consacrer un peu de temps à chacun des convives, en prenant soin de retarder le tour de la belle-mère. Puis quand le niveau des bouteilles alcoolisées touche le fond, chacun commence à faire mine d'être "ouh là là, vraiment crevé". Un premier invité prend congé, c'est le top départ d'un défilé dans le hall d'entrée, ponctué de gros "merci d'être venus" (foutre mon appartement sans dessus-dessous, vider ma petite cave et me rappeler que je ne suis plus aussi jeune et vigoureux qu'avant). Je suis vraiment touché, je ne m'y attendais pas (je croyais y échapper, mais non, y a toujours un con pour lancer ce genre d'idée), allez, la prochaine fois, on fêtera le tien ! (T'as intérêt à cacher tes bouteilles ou je leur mets une claque, quitte à gerber partout ! Mes trois bouteilles de Fleur Petrus, put**n, comment tu les as trouvées !!) Cadavres exquis. Une fois l'appartement vidé, ne reste qu'un champ de bataille : des assiettes à moitié vides partout, des verres sales, des bouteilles vides et/ou renversées, des tâches plein le sol devenu collant. Et maintenant, la corvée de rangement dans le lave-vaisselle, de ramassage des détritus à la façon voiture-balai et le nettoyage du sol au Kärcher, c'est pour qui ? Sans parler de l'organisatrice de la fête qui vous regarde, les yeux brillants, en attendant des remerciements. Mais tout le monde est-il obligé de désirer vivre ce genre de moments ? N'est-il pas concevable que parfois, les gens aient simplement envie de vivre une journée tranquille, en toute liberté, sans avoir à se plier à des rituels sociaux poussés jusqu'à leur paroxysme par la société de consommation ? I'm free like a river.... Je revendique ce droit, le droit à choisir de quoi sera faite la journée de mon anniversaire. Je peux décider de consacrer du temps à faire de la pâtisserie pour réjouir mes proches si ça me chante. Mais je peux aussi préférer aller me balader seule pour communier avec la Nature qui m'a accueillie en son sein à cette même date, il y a bien peu d'années en regard de son grand âge. Ce n'est pas le refus du temps qui passe, juste celui de la niaiserie dans laquelle on veut nous maintenir. Attention, je ne dis pas qu'il faut renoncer à savourer des moments de joie, parce que le monde n'est pas un endroit joyeux. Non, ce que je dis est simple : vous voulez vivre un bel anniversaire ? Prenez le pouvoir. C'est votre jour, faites-en ce que bon vous semble. Chaque jour de vie est un cadeau, alors ne vous le laissez pas voler par des gens qui pour obtenir ce qu'ils veulent (une beuverie dans un autre appartement que le leur) méprise ce que vous, qu'ils appellent un ami, désire faire de cette journée. Qui vous connait mieux que vous-même ? Alors n'attendez pas que les autres lisent dans vos pensées. Lisez-les vous-mêmes, offrez-vous ce que vous souhaitez, si vous en avez les moyens, profitez-en à fond parce que non, il n'y a pas de mal à se prouver qu'on s'aime soi-même. Soyons honnêtes, que des gens pensent à vous, même si c'est de façon maladroite, ça fait généralement plaisir. A tous les esseulés. Mon billet s'adresse surtout à ceux qui le soir venu, découvrent que la surprise, c'est qu'il n'y en avait pas. Ne soyez pas déçus, le monde n'est pas joyeux et parfois, nos proches, pour aussi bien intentionnés qu'ils soient, n'ont pas la force de faire plus que le strict nécessaire. Rappelez-vous que vous êtes exceptionnel, que vous êtes le fruit d'une lignée ininterrompue depuis l'apparition de la vie, que le spermatozoïde qui a fécondé l'ovule de votre mère n'avait qu'une chance sur environ 50 millions d'être le gagnant de la course. Alors votre présence est une chance immense. Savourez-la et bon anniversaire à tous.

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