La semaine passée, David Cameron a tenu un discours sur la place de son pays en Europe qui a étonné jusque dans son camp.
Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume Uni.
Quel moment extraordinaire. Il n’y a pas plus de deux ans, le Premier Ministre déclarait qu’il ne voyait aucune utilité à un référendum car il ne souhaitait pas quitter l’UE. Aujourd’hui, il estime que la Grande-Bretagne a besoin d’un nouvel accord si elle doit rester membre. Et, singulièrement, ceux qui décideront s'il s’agit d’un accord intéressant ou non ne seront pas les ministres et autres mandarins qui nous ont plongé dans cet état malheureux actuel, mais l’électorat entier.
En tout cas, mes lecteurs réguliers ne seront pas surpris par ce potentiel engagement à l'égard d'un référendum. Mais ils pourraient être sans doute surpris, comme je l’ai été, par le ton eurosceptique des autres passages : pas de "démos" européen, la primauté des parlements nationaux, l’importance de rapatrier le pouvoir (et unilatéralement si nécessaire), la fin de cette métaphore idiote de l’Europe à deux vitesses. Il est vrai, et pas franchement nouveau, que le Premier Ministre souhaite que la Grande-Bretagne reste dans l’UE. Mais même s’il a rejeté l’option norvégienne, j’ai remarqué ses petits mots doux à l’égard de ce pays comme l'ouverture à un accord où la Norvège, la Grande-Bretagne, la Suisse et d’autres pourraient former une zone de libre-échange pan-continental, dans laquelle les membres les plus intégrationnistes de l’UE seraient libres de créer une structure fédérale séparée – comme imaginé ici.
En quittant le magnifique siège social de Bloomberg à la suite de ce discours, un correspondant politique me demanda si je n’étais pas déçu. Je l’ai regardé avec incompréhension. Déçu ? J’ai passé ma vie entière à faire campagne pour un référendum sur la participation à l’UE. Sur les deux dernières années, à travers le site People’s Pledge, ça a été mon cheval de bataille politique. (Au fait, faites une petite révérence, tout ceux qui ont signé la pétition : ceci est autant votre victoire qu’à n’importe qui). Déçu ?
Ah, continua le journaliste, mais vous ne pouvez être heureux qu’il souhaite renégocier en premier lieu. Vraiment ? Je suis quasiment sûr d’avoir été le premier à voir suggéré l'option de renégociation-suivi-d’un-référendum en 2011. J’ai passé 16 mois à en faire la promotion, au détriment de certains lecteurs qui estimaient que je devenais pessimiste. Mais cela a marché. Le Premier Ministre a changé d’avis. Je suis donc censé être déçu maintenant parce que David Cameron a accepté mon idée ?
Bien entendu, ce journaliste n’aura pas à chercher longtemps avant de trouver quelques grincheux. Il existe toujours des personnes en politique qui cherchent une excuse pour être négatifs. Nous avons besoin d’un vote au parlement, disent-ils. Ok les gars : quand vous arriverez à mettre d’accord le Parti Travailliste et les Lib-Dems, vous me rappelez. Le projet dépend de la victoire des Conservateurs aux élections, disent-ils aussi. Oui, en effet, c’est un peu l’idée générale de ce type de promesse électorale. Les Conservateurs nous ont promis un référendum à la dernière élection et nous ont laissé tomber, disent-ils encore. C’est faux : David Cameron avait laissé tomber la promesse du référendum 6 mois avant le jour de vote, et s’est de fait certainement privé d’une majorité manifeste. Je pense que c’était une erreur – j’en ai quitté le cabinet ministériel en signe de protestation – mais ce n’était pas un mensonge. Les personnes ayant promis un référendum et ayant voté son contraire étaient les Libéraux-Démocrates.
Pensez à tout ce que nous avons accomplis depuis 2011 lorsque Cameron disait : « Je ne pense pas qu’un référendum sur le fait de rester ou non dans l'Union européenne soit une bonne idée, car je ne pense pas que quitter l’UE soit dans l’intérêt britannique. » Qu’est-ce qui lui a fait changer d’idée ? En partie le People’s Pledge, en partie le righteous 111 MPs qui ont démontré à quel point l’opinion de la population changeait vite au sujet du référendum, en partie la crise de l’eurozone et en partie l’UKIP.
C’est pourquoi il est étrange d’entendre les amis de l'UKIP chicaner et critiquer à la suite du discours. Le Premier Ministre du Royaume-Uni vient tout juste d’accepter la politique qui était votre demande principale des 20 dernières années. Arrêtez de vous plaindre, les gars, et préparez-vous au combat et à gagner ce vote.
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Sur le web.
Traduction : Virginie Ngo pour Contrepoints.