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Interview Olivier Bocquet, Julie Rocheleau (La colère de Fantômas)

Publié le 28 janvier 2013 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Pour le premier tome de « La colère de Fantômas », j’ai rencontré ses deux auteurs à une conférence Dargaud En voici la synthèse

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Fantômas a été adapté, traité de centaines de fois. Pourquoi en faire une nouvelle version ? Vous avez d’autres choses à raconter ?
O. B.Oui !!!!!!(rire) Fantômas aujourd’hui, c’est galvaudé. Les versions comiques populaires, c’est le pire. Ca ne donne pas envie… Il y a beaucoup de chose a dire et à faire sur Fantômas. C’est un véhicule très fort et mal utilisé.


Comment est tu arrivé sur le projet, Julie ?
J. R.J’avais envoyé un autre projet. Ils avait aimé le dessin et m’ont proposé celui-ci. Je ne connaissais pas cet univers. Fantômas est inconnu au Québec. J’ai fais plusieurs essais pour trouver la bonne ambiance. En attendant, j’ai appris sur Fantômas. Cela m’a convaincu.


T’es tu éloigné de ton dessin habituel ?
J. R.Pas du tout. J’en suis même plus proche.


On est étonné par le graphisme, les couleurs. On est dans un dessin excessif. C’est un parti pris étonnant…
O. B.C’est cet excès qui est la marque de F. On ne se censure pas du tout. C’est ce qui est « fun ».
On est rarement en train de dire : « sobre » (rire). Il faut que ce soit un truc plein de sang, d’onomatopées, de gueules éclatées. On est pas en train de faire un roman graphique iranien (rire).
C’était intéressant de travailler avec une canadienne. Elle fait un « parfum » de Paris. Elle n’a pas le coté documentaire d’un Tardi. Je lui envoie des photos d’époque, mais elle en fait ce qu’elle veut. Elle ne cherche pas la bonne perspective, le bon angle.
On a besoin de l’essence de l’époque. Même sur Fantômas on a très peu de détail. On ne connait pas son visage. Julie saisit ça. C’est ce qu’il me plait.
Quand on a commencé à travailler sur le personnage de F, on a fait plein d’essais (en Dark Vador, en SS)… On s’est arrêté sur un croquis. Julie avait fait un truc lâché en mouvement, et c’était bon, ce « vague croquis ».
J’ai l’impression de piloter une Ferrari (rire). C’est comme regarder un acrobate.
Des fois je me marre en recevant ses planches. c’est tellement inattendu et puissant… Mais bon, je la vois bosser chez moi maintenant. Elle transpire…
On essaie d’être « Over the top ». On verra si on y arrive… Beaucoup de scènes pourraient se passer dans un bureau statique, mais a chaque fois on cherche à les mettre dans des décors, à varier.


Qu’est ce qui est plus difficile ?
J. R.C’est la mise en scène qui demande plus de réflexion. Une fois que c’est posé, je peux me lancer dans le dessin.
O. B.Il peut m’arriver de galérer sur des scènes de dialogue, car j’aimerais que ce soit intéressant, dense. Je veux faire vivre les personnages, qu’ils existent.
Les scènes d’action sont plus faciles. Avec Julie, je lui laisse des demi-pages pour qu’elle dessine. Donc je dois trouver un autre moyen.
Je voudrais, qu’il se passe quelque chose (inattendu, drôle, percutant) a chaque double page. Comme on travaille sur les clichés, on peut faire des raccourcis, car les lecteurs savent comment ça se passe. ils connaissent. En sautant les étapes intermédiaires, on peut mettre de « petites claques ».


Vous n’avez pas peur de perdre le public tout venant ?
O. B.C’est une très bonne question. j’ai pas mal travaillé pour la télévision et j’ai été confronté à des gens qui me demandaient si les gens allaient comprendre ? En fait, je pars du principe que tout est là. Si il y des choses qui passent vite, on peut relire.
Pauline (l’éditrice) ne nous a jamais dit d’en faire moins. Ca aurait pu être un produit hyper formaté, ver un dessin neutre, grand public. Il est possible que le grand public n’adore pas, mais on s’est donné les moyens de faire l’album qu’on avaient envie de faire.
Quand je suis arrivé chez Dargaud, je me suis dit que j’allais être broyé par la machine. C’est exactement le contraire qu’il s’est passé. Ils nous ont dit de faire le mieux possible. On peut jamais savoir si on ne va pas perdre le public.
Mon ambition dès le départ, c’est de faire quelque chose qui va rester. Je voudrais que ce soit le renouveau de Fantômas. L’équivalent de ce que fut « The Dark Knight » par Frank Miller en 1986. Je veux été exigeant et en même temps je veux que les gens se marrent, qu’ils soient surpris. Une fois ce contrat là remplis, ils pourront revenir sur ce qui est caché dedans.


Fantômas est un personnage complexe, meurtrier, sans coeur, mais en même temps, c’est un personnage qui s’oppose à l’ordre établi. C’est assez positif. comment tu le situe ?
O. B.Sans spoiler la suite, Fantômas, en super vilain est un leader d’hommes. Il sait diriger une armée. C’est un anarchiste, au sens de 1910. La vérité ,c’est que c’est pour sa pomme.
On fait tout pour que les gens l’aiment, mais c’est un méchant. Ne croyez pas que ça va être fleur bleu. Ce gars la va aller vachement loin … Parce que !
Mais il est séduisant. Il bouscule les codes, il a une charge sexuelle qu’on lui envie, mais le lecteur va finir par se dire : Waouu, il va un peu loin.


3 tomes, n’est ce pas trop juste pour adapter une œuvre aussi puissante ?
O. B.On est dans un marché, avec des réalités économiques. C’est prévu en 9 tomes (3×3). Si ça marche au bout de 3, on continue. Ma vraie réussite, ça serait qu’au bout des 9 épisodes, d’autres scénaristes se l’approprient. Les ayants droits nous ont laissé faire ce qu’on voulait.


Tu parles beaucoup de comics ?
O. B.Oui, car ils ont réussis à faire quelque chose qu’on ne sait pas faire en Europe. Le super héros français, ça ne marche pas. Ce n’est pas dans notre ADN. Il n’y a que les anglo-saxons qui savent faire. Fantômas, je le situe plus dans la mythologie que comme Super héros.


Va-t-on découvrir son passé ?
O. B.Je suis très aidé par les romans originaux. Les auteurs n’ont jamais réussi à se décider, donc je peux faire ce que je veux. Vous n’aurez jamais d’explication psychanalytique à deux balles, mais il y a des choses planqués des le premier épisode, très discrètement. Les gens vont se dire :  » oui d’accord, c’était donc ça ».


Est-ce que les ayants droits ont acceptés tout de suite ?
O. B.Les auteurs n’ont jamais eu d’héritiers. Le dernier auteur a légué l’œuvre à la personne qui les ont fait se rencontrer. Je les ai contacté, avec mon projet. Ils m’ont dit que j’étais le seul à « avoir compris Fantômas ». Ils nous ont laissé faire ce qu’on voulait.
C’est une œuvre aujourd’hui difficile à lire. Beaucoup de gens l’utilisent comme une « marque ». Les ayants droits ont appréciés. Ils ont même été assez émus. Pourtant ils avaient refusé d’autres projets d’adaptation en BD.
A aucun moment, je ne me suis censuré sur Fantômas. Je préfère aller trop loin. L’autocensure, c’est détestable dans l’écriture.


Le tome 2 est prévu pour quand ?
O. B. et J. R.Pour Noël. Il y a du boulot. C’est compliqué.
Pauline (l’éditrice) On veut avoir un second tome très vite apres, amis il ya un tel niveau d’exigence…


Un grand merci tout particulier à Clotilde Palluat et à Pauline

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