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Carnet de route à Toulouse… par Lola de Sucre

Publié le 08 avril 2008 par Slal
Paris, avril 2008
Carnet de route à Toulouse…

Quand j'arrive à Toulouse le 3 avril, les « 20e Rencontres des Cinémas d'Amérique latine » qui ont commencé le 28 mars ne vont pas tarder à s'achever. Cependant dans la ville, l'ambiance reste très latine, les festivaliers se croisent et se recroisent… l'espagnol est à l'honneur, dans ses accents les plus divers et variés.
Dans la salle, une grande majorité le parle, un traducteur improvisé s'installe aux côtés d'un réalisateur qui présente son film, une faute de traduction et le public s'insurge « mais non ! ce n'est pas ce qu'il a dit ! » Gare à lui !! Mais l'ambiance est bonne, les uns s'excusent de ne pas parler français, les autres de ne pas parler espagnol et le tout forme quelques mots dans une langue balbutiante. Et le tout aussi est applaudi, réalisateur et acteurs remercient le public…
Le cœur de l'animation de ces rencontres c'est la cinémathèque, agrémentée pour l'occasion de deux tentes, l'une pour les débats et les rencontres, l'autre pour la restauration avec le bar ouvert à tous et la « cantina » d'où s'échappent des odeurs qui attirent même ceux qui ne peuvent y pénétrer puisqu'elle n'est accessible qu'aux professionnels et aux invités ! Tant pis pour les autres !
Dix jours de projections non-stop, films de tout horizon, longs et courts métrages, documentaires et fictions, films à voir ou à revoir (section « Découvertes », section (Re)voir …). Je ne pourrais toutefois pas voir les films primés (voir Palmarès), ils ont été projetés avant que je n'arrive, mais beaucoup de films à venir vont permettre de me faire une idée de ce qui se joue ici, pendant ce temps en suspens autour de l'Amérique latine et de son cinéma.
Annoncée comme projection unique en haute définition, je commence par voir le film brésilien « A Pedra do reino » (La Pierre du royaume) de Luiz Fernando Carvalho. Ce qui devait être une séance exceptionnelle, techniquement exceptionnelle, va s'avérer l'être mais dans la difficulté à projeter le film… correctement ! La haute définition, de fait, n'apporte pas grand-chose à vrai dire à ce film fleuve de 3h40, adaptation d'un roman de l'auteur Ariano Suassuna. Malgré tout le charme y est, ainsi que les rires communicatifs de ma voisine brésilienne ! Tout tourne autour du personnage central Quaderna, : clown, beau parleur, charmeur l'acteur Claudete Andrade campe le personnage avec cocasserie et bonne humeur. Film baroque, lumineux, absurde et picaresque, on en sort souriant et fatigué aussi… !
La programmation suit, implacable !
Moment de grâce avec le beau « El Desierto negro » (Le Désert noir) film argentin de Gaspar Scheurer. Le film est en noir et blanc mais c'est le noir qui prédomine. Somptueuses images qui suivent cet homme, un gaucho, en fuite dans la Pampa. La nuit ne quitte pas le film et, si le jour se lève parfois, il reste gris, la lune est elle-même avalée par le nuage qui la recouvre.. ; l'obscurité permet à Miguel le gaucho de se cacher mais, impitoyable, cette même obscurité l'engloutira. Pas d'issue, pas d'espoir, le film retrace l'époque mythique de la conquête.
Avec le film « El Asaltante » (L'Assaillant) de Pablo Fendrick, l'on fait un bond en avant dans l'Argentine contemporaine. Un homme aux allures de bon grand-père s'avère être un voleur très organisé ! Pourtant, on découvre peu à peu son humanité, son rôle à la « Robin des bois », destiné à voler les riches pour donner aux pauvres. Autrement dit ici, voler les riches écoles privées pour subvenir aux besoins de l'école publique qu'il dirige et qui manque de fonds. Le style du film est original et l'on suit cet homme avec intérêt et sans ennui.
Côté documentaire, signalons l'histoire de l'anarchiste Pascal Vuoto injustement condamné en 1930 dans « Los Presos de Bragado » (Les Prisonniers de Bragado) qui précède « La Huelga de los locos » (La Grève des fous) également réalisé par Mariana Arruti dans le cadre de ses études et qui rend compte, à travers des témoignages, de la plus longue grève en Argentine (14 mois) des ouvriers de la construction navale…
Du côté de la Bolivie, pas grand-chose si ce n'est un documentaire sur le travail des sages-femmes à travers le regard d'une Québécoise, elle-même sage-femme : dommage que le point de vue ne s'en tienne pas uniquement au regard indigène, on apprend néanmoins qu'en Bolvie il existe… des « sages-hommes » ! qui en font autant et aussi bien que les sages-femmes ! Il y a aussi des fictions qui auraient pu être des documentaires comme « Matar a todos » (Les Tuer tous) de Esteban Schroeder (cinéaste uruguayen) sur « l'après-dictature », ou « El Camino » (Le Chemin) prix Rail d'Oc par Ishtar Yasin Gutierrez 15e film nicaraguen comme précise la réalisatrice qui fait état d'une réalité terrible à travers le portrait d'une enfant qui part à la recherche de sa mère…
Signalons encore dans cette riche programmation l'hommage rendu à quatre jeunes acteurs : la Chilienne Manuela Martelli, les Argentins Nahuel Pérez Biscayart, Inés Efron et le Mexicain Alan Chavez ; hommage qui me permet de découvrir le premier film de Inés Efron très remarquée dans XXY. « Glue » , dans lequel joue aussi Nahuel Pérez Biscayart, est un film à petit budget, tourné en quelques semaines qui fait la part belle à l'improvisation. Les envolées sur le monde de l'adolescence y sont lyriques, les images floues, la caméra, comme ses personnages en mouvement permanent, le soleil écrasant, l'image orangeâtre… On découvre en outre le chemin déjà parcouru par ces quatre jeunes acteurs, leurs projets, leurs enthousiasmes… et Inés Efron, que je suis avec beaucoup d'intérêt depuis « XXY » sorti il y a quelques mois, si déroutante et qui prépare un nouveau film très attendu de Lucia Puenzo.
Le festival s'achève, le temps devient maussade, à Paris sur le chemin du retour il neige cette nuit…
Lola de Sucre
Envoyée spéciale à Toulouse

20e Rencontres Cinémas d'Amérique Latine de Toulouse


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