Hier, j’étais debout dans le métro. J’allais au boulot.
J’essayais de me cramponner tant bien que mal à la barre centrale. Sachant que je n’avais point les yeux en face des trous (il était 10 heures passées, d’accord, mais ma nuit faite de mes ronflements intempestifs et de réveils brusques causés par ma trop grande consommation de tisane au thym me menant 3 fois dans la nuit au wawa) et que j’avais deux sacs que je ne voulais pas poser à terre, ce ne fut pas une mince affaire.
Et puis mon envie subite a débarqué.
Une envie de
me moucher.
Alors tant bien que mal, je ramène mon sac à bandoulière devant moi, je coince l’autre sous mon épaule, je farfouille dans les poches et je trouve un joli paquet de mouchoirs.
Donc là, je me mouche, me remouche et me remouchemouche. Rien qu’à mes oreilles, le bruit me semblait assourdissant. Mais bon, me disais-je, il faut bien que mon rhume s’en aille et se moucher est une bonne solution (voui parce que vois-tu après avoir été à l’agonie au mois de décembre, bah j’ai remis ça ce week-end, restant au fond de mon lit et me shootant au paracétamol et aux pulvérisations d’eau de mer).
Bah y a une dame qui a fini par sacrément me regarder. Oh non, pas un petit regard discret genre « mais d’où vient ce bruit », mais plutôt le genre « NON, mais bordel de fuck, y a un concert de David Guetta dans son pif ou quoi à celle là !!!!! ». Alors oui, j’ai essayé de passer outre et de continuer, mais après j’ai vu qu’elle n’était pas la seule à avoir l’air intriguée par le bruit produit par mon nez-trompette. Du coup, j’ai coupé court à mon opération évacuation du rhume et je me suis dit que je reprendrais tout ça au bureau discrètement. Et j’ai eu la même scène le soir au retour avec des personnes différentes n’est ce pas. Et encore une fois, j’ai arrêté presque sur le champ et j’ai remis à plus tard mon mouchage
Non, mais parce que moi, j’aime pas trop me faire remarquer.
Eh là, vous ne les voyez pas, mais mes amies qui me lisent sont en train de pleurer de rire devant leur écran à cause de ce que je viens de dire. C’est que pour mes potes, je suis une fille plutôt…spontanée. Je vous l’avais déjà dit, mais quand je suis en bonne compagnie, quand je me sens à l’aise en société, je me sens vraiment, vraiment bien. Alors je ne m’en aperçois pas forcément, mais je parle, je crie, je m’exclame, je ris fort. Très. Avec l’âge, il m’arrive de m’en rendre compte et je baisse le volume, mais il suffit qu’un échange me galvanise à nouveau et je repars dans mon côté bruyant. Bon j’exagère, parce que mes ami(e)s proches savent aussi que je peux être très discrète.
Cela arrive généralement quand je ne connais pas très bien les gens et surtout dans un contexte professionnel. Mettez-moi sur une présentation, une réunion, une assemblée, je vais me faire toute petite. D’ailleurs, dernièrement au cours du festival de court-métrages dont je vous parlais ici, mon responsable m’a remerciée et à fait savoir à la salle que j’étais la fille debout tout au fond. Bah quand j’ai vu la soixantaine de têtes se retourner vers moi, je me suis sentie gênée et je baissais les yeux par intermittence, relevant vraiment la tête au bout d’un long moment quand j’ai senti que les gens étaient passés à autre chose. Même chose au cours d’une réunion avec d’autres structures, il n’y a pas longtemps. Au départ, je me suis faite oubliée, je me suis fondue dans la masse et puis au bout d’un moment, je me suis sentie suffisamment en confiance pour développer certains points et poser des questions. Mais généralement dans ce genre de contexte, je rase les murs. Enfin, avec cette dernière réunion, j’ai vu que j’étais capable d’autre chose et cela m’a fait du bien.
Bon alors, oui il n’y a rien à voir en terme de contexte entre un mouchage tonitruant, une soirée entre potes et une réunion pro. Je ne me conduis pas strictement de la même façon dans chaque sphère. Mais je reste souvent étonnée par ma capacité à parfois faire fi de réactions d’autrui vis à vis de mon comportement et comment d’autres fois, un simple regard va me plonger dans une gêne notable et me pousser à me censurer tout de suite.
Je crois juste que cela me fait bizarre de me dire que je peux être aussi expansive que pleine de discrétion, comme si les deux ne pouvaient cohabiter et qu’il fallait que je choisisse mon camp.
C’est d’ailleurs l’injonction que je me donnais pendant très longtemps. D’ailleurs je rêvais en secret d’être discrètement mystérieuse parce que ça avait plus de gueule que mon côté « je fais du bruit ». Et puis en fin de compte, j’ai pas choisi, j’ai juste accepté et je ne m’en porte pas si mal que ça.