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My new best friend

Par Zazainlondon
La vie est tout de même drôlement faite.
La semaine dernière, j'ai en effet écrit un article geignard sur mes impasses existentielles. A peine eu-je publié ce post et m'apprêtais à engloutir un paquet de chips devant une daube télévisuelle dans un engrenage de loser, que mon téléphone se mit à sonner joyeusement.
"Numéro masqué"... 
Au bout du fil, ce n'est ni Mari qui vient s'enquérir de mon agenda ("qu'est-ce tu fous là Pute??!!"), ni ma mère qui se plaint de ne pas avoir de nouvelles ("tu ne m'appelles jââââââmâââââiiiis, fille ingrate!!"), ni l'école qui me demande de venir chercher les Nains ("Votre Nain a truc coincé dans la gorge, Mère Indigne..."), ni un sales representant appelant de Calcultta pour me vendre des solutions financières/informatiques/téléphoniques ("Hello Miss, we wuld like to intoroduce you ourrrr niew produuux").
Non, rien de tout cela... Au bout du fil, c'est Tim.
Tim, je ne le connais pas mais pendant nos 15 minutes de conversation téléphonique, il va devenir mon meilleur ami, mon BFF, le seul qui me comprenne en ce bas monde. Parce que Tim, il travaille pour une boîte de recrutement et il a totalement flashé sur mon cv que j'avais remis à jour sur Monster 2 jours plus tôt et qu'il s'est dit que je serai la candidate idéale pour un poste à court terme (le paradis pour toute maman) pour organiser des événements pour une multinationale qui l'a plein de pognon.
Cependant, quand on a un anglais approximatif comme le mien et qu'on ne s'attend pas à recevoir l'appel d'un recruteur, c'est qu'on finit vite par cafouiller. Les 10 premières minutes, j'arrive à faire illusion avec mon CV de ouf bourré d'"excellent skills", "self-confidence" et "teamplayer machin chose".
Laaaas, cet état de grâce s'arrête net quand il me pose une question à laquelle je suis incapable de répondre. Non pas parce que la réponse demande réflexion, mais parce que je n'ai AB-SO-LU-MENT rien pigé à ce qu'il vient de me dire.... 30 secondes de blanc (interminables) pendant lesquelles j'oscille entre :- "Hein? What? Vous avez dit quoi là?"et le :- "Bbrrzzzzz.... Sorry, ma ligne est mauvaise, bbbrrzzzzz, je n'ai pas entendu la fin de votre phrase!"
Mais Tim, comme c'est mon meilleur ami, il est super compréhensif, il est troooop chou et on convient d'un rendez-vous le mardi suivant. Génial, j'ai tout le week-end pour me remettre dans le bain et monter un gros pipeau à 4 mains sur mes capacités à reprendre le travail après des mois de chômage "forcé", tout en gardant une vie familiale stable et organisée.
Le mardi suivant, j'arrive donc au bureau de Tim... J'avais déjà arpenté les planchers de différentes boites de recrutement lors de ma première vie à Londres mais là, je suis éblouie...
Hôtesses d'accueil souriantes, moquette rouge, toilettes propres et parfumées, on me tend un formulaire à remplir, un stylo en or et on m'installe dans une petite salle avec une coupe de champagne et un (très) jeune masseur italien répondant au doux nom de Massimo... Je suis au bord de faire dans ma culotte...
10 minutes plus tard, Tim arrive dans la salle, me salue et scrute le formulaire que je n'avais pas fini de remplir (la faute à Massimo plus qu'à mon piètre niveau d'anglais).
Je passe dès le départ pour une demeurée, je sens que ça va être long... très long... Mais au bout de 30 minutes, tout est dit, j'ai souri, transpiré, j'ai pris des notes, ultra motivée!
Depuis? Bah rien. Tim, il m'a pas rappelée, c'est plus mon copain, il me fait sûrement grave la tronche. Mais que nenni, au diable le moral à zéro, si j'ai réussi à en éblouir un, il n'y a aucune raison pour que d'autres ne tombent pas aussi en pâmoison sur mon merveilleux CV! J'ai donc répondu à plein d'offres au sens large du terme, j'ai brassé tous les mots clés, envoyé mes jolies lettres de motivation en espérant de me faire d'autres nouveaux meilleurs amis!
Question? Ai-je vraiment envie de travailler? Réponse : Oui et non.
Oui. Pour épauler Mari qui rêve que je l'entretienne (ma p'tite pute à moi) et mettre des sous de côté pour acheter un endroit où vivre des jours heureux.Oui pour me dire que ma vie active ne s'est pas arrêtée le jour où j'ai mis bas dans la douleur, les cris et le placenta qui vole dans la salle d'accouchement.Oui parce que j'ai aussi envie de partir en vacances avec mon homme et mes nains quand j'en ai envie.Oui parce que j'ai peur de déprimer et affronter le regard des autres.
Non. Parce que j'aime trop les Nains. Eux pourtant, je ne sais pas s'ils ont vraiment besoin de moi : ils vont à l'école, ils sont heureux, ils ont de quoi bouffer et rire tous les jours et ils parleront anglais mieux que moi... Je crois que c'est plutôt moi qui ai besoin de les sentir, les voir grandir, les aimer inconditionnellement comme les gronder violemment. Non, parce que mon monde, c'est le leur et n'ai pas honte de le dire, car moi, je suis le sel de leur vie.Non, parce que je veux donner à mes enfants ce qui m'a été refusé quand j'avais leur âge même si je suis loin d'être une mère parfaite (mais alors genre très très très loooooooin!).
Conclusion : je prendrai ce qu'on m'offre et je donnerai ce que je peux.
PS : Tim, j'ai bien compris que tu voulais plus me parler, mais j'en ai rien à branler parce que je me suis fait un nouveau meilleur copain, c'est L'Express Top Blogs Stylés  qui a publié mon interview le lendemain de notre rendez-vous! Et PAN!

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