Le parcours de la flamme à Paris était digne d'un James Bond. Tout commence à 9h43, quand l'ambassadeur chinois assure que le passage de la flamme sera une grande fête, comme si les Français étaient contraints au silence comme les Chinois. Je passerai sur les différentes interventions et déclarations du matin pour arriver au pied de la tour Eiffel. Un pied de tour Eiffel transformé en camp retranché avec toute cette force de police (ils sont plus de 3 000 tout au long du parcours) et les autorités chinoises venues prêter mains fortes. Un quartier où seuls les drapeaux français et chinois sont autorisés.
12h31, Stéphane Diagana commence la descente des escaliers les plus célèbres au monde. Le seul moment de calme que connaîtra cette flamme qui allume tant les passions. 12h32, un manifestant pro-tibétain tente de s'approcher mais il est vite neutralisé par les CRS. La flamme poursuit son petit bonhomme de chemin, semé d'embûches et de banderoles. Elle est constamment ralentie. 12h48, la relayeuse en fauteuil roulant a du faire face à une bousculade et une première tentative d'extinction. 12h49, la flamme monte dans un bus très vite bloqué par des manifestants. Une flamme qui ne doit plus en être une par mesure de sécurité puisqu'à l'intérieur d'un véhicule. 13h01, un élu écologiste surgit et crie au nom de la liberté des Tibétains et des Chinois, ainsi que pour le boycottage. 13h09, une confrontation sino-tibétaine se joue devant l'Hôtel-de-Ville. Le genre de confrontation qui ne pourrait pas avoir lieu en Chine sans arrestations ou blessés. 13h16, on apprend qu'une élue Verte a été arrêtée au Champ-de-Mars en possession d'un extincteur, dingue ! 13h20, les CRS évacuent un sit-in de pro-tibétains alors que des Chinois chantent l'hymne national au côté de la flamme. 13h30, un drapeau représentant les anneaux olympiques en forme de menottes est déployé sur la tour Eiffel. 13h31, la flamme sort du bus. 13h32, la flamme rentre dans le bus. 13h49, premières images de violences à la télévision française. La télévision chinoise ne montre rien. 13h55, David Douillet prend le relais et commence sa course. 13h58, l'ancien judoka attend Teddy Riner pour lui passer le relais mais il est bloqué par les services secrets chinois. Cela devient un film d'espionnage ! 14h, David Douillet a pu continuer sa course et aller à la rencontre de Teddy Riner. Le parvis de l'Hôtel de Ville est toujours le théâtre des échauffourées entre pro-tibétains et chinois. 14h03, au moment du passage de relais, un membre des services secrets chinois éteint la flamme et nos deux judokas se retrouvent sans flamme ! 14h07, la police met en place un cordon de sécurité devant l'Hôtel de Ville pour séparer les rivaux. 14h23, on apprend que 6 personnes ont tenté d'éteindre la flamme peu après 14h, tous neutralisés par la police. 14h30, les pompiers tentent d'évacuer les manifestants menottés à la tour Eiffel, une opération à 75 mètres de haut. 14h36, la flamme est à nouveau bloqué avant un pont où des manifestants se sont enchaînés. 14h41, la flamme change d'itinéraire à proximité du Trocadéro. Elle est protégée et suivie par cinq cordons de policiers, une trentaine de fourgons et trois pousse-pousse chinois ! 15h02, le convoi, précédé d'une soixantaine de fourgons de police, passe au milieu de la foule. 15h14, trois membres de RSF déploient un drapeau de 5 mètres sur 5 juste au moment du passage de la flamme en bus. Applaudissements de la foule. 15h24, la flamme descend les Champs-Elysées sous les huées. 15h25, la flamme redescend du bus. 15h27, premières vidéos sur Internet. 15h40, même en ayant emprunté le bus, la flamme accuse déjà une heure de retard. 15h45, les drapeaux se battent entre les étudiants pro-tibétains et chinois. 15h46, un exploit, la flamme reprend son parcours à pied et est allumée. 15h58, les policiers confisquent tous les drapeaux tibétains, parapluies et autocollants aux abords de l'Assemblée nationale. 16h01, la flamme remonte dans le bus. 16h08, des pro-tibétains ont tenté de se jeter devant le bus. 16h12, c'est sous les huées qu'un relais se passe devant l'Hôtel de Ville entre Christine Arron et Pauleta. 16h18, seules huit personnes ont été interpellées. 16h26, la télévision chinoise a succinctement fait part des incidents, sans plus de détails. 16h32, des députés sont devant l'Assemblée, avec écharpe tricolore et drapeau tibétain. Ils déploient une banderole : "Respect des droits de l'homme en Chine" et chantent la Marseillaise. Les manifestants pro-Tibet ont été refoulés du côté du Quai d'Orsay, tandis que les pro-Pékin ont été laissés par les forces de l'ordre sur le parcours de la flamme. 16h35, Notre-Dame est à son tour décoré d'un drapeau aux menottes et d'un drapeau tibétain. 16h50, c'est le monde à l'envers, les porteurs se font huer et les hueurs se font acclamer ! 16h53, le parcours et annulé et le bus emmène la flamme directement au stade Charlety. 17h12, un spectateur témoigne : "J'avais un tee-shirt avec une l'inscription libérez le Tibet! et le drapeau au dos et ils ont commencé à me le peindre avec de la peinture blanche puis ils me l'ont arraché et je suis rentré torse nu chez moi". 17h29, la flamme entre dans le stade et la vasque est allumée. Son calvaire est terminé. Les danses de dragons et les feux d'artifices semblent bien illusoires. 18h18, une bataille physique s'engage entre pro-tibétains et chinois aux abords du stade. La police intervient. Le bilan de la journée fait été de 20 interpellations et 1 garde à vue, de nombreux journalistes agressés par les forces de l'ordre. 22h08, la flamme s'envole pour San Francisco.
Je ne sais pas s'il faut rire ou s'inquiéter d'un tel fiasco. Toujours est-il que même sur le sol français, les Chinois ont pu agir avec les manifestants comme il le font sur leur territoire : arrestation, confiscation, agression et censure. Le poids des importations et exportations avec la France semblent peser plus lourd. C'est bien triste.