Magazine Côté Femmes
Il s'en passe des choses dans l'actualité. Avec la fusillade de lundi soir dans 19-2, l'histoire du garçon qui a tué son frère avec un fusil la semaine dernière à Dorval et les drames familiaux qui se multiplient, on oublie vite, vous ne trouvez pas? Pas convaincu? Prenons, le 15 décembre dernier, où étiez-vous ? Avez-vous oublié ? Déjà ? Il y a pourtant juste quelques semaines d’écoulées depuis une des pires tragédies américaines.
Mon conjoint, ses collègues de travail et moi, nous nous retrouvions pour un délicieux souper festif. Le vin et la bonne chère aidant, les sujets banals et communs (sports-nouvelles-technos-température) ont tranquillement fait place à des sujets plus sensibles et personnels.
Entre le repas principal et le dessert, trois des convives ont évoqué les coups de fusil, le sang et la peur qu’ils avaient connus étant plus jeunes. Les bombardements, les sirènes, et la course aux abris. Des générations d’enfants terrorisés, de familles brisées et séparées.
Leur pays était en pleine guerre civile (ça dure depuis plus de 40 ans), ils ont immigré depuis laissant derrière eux familles et amis qu’ils ne peuvent voir comme ils le souhaiteraient. Ils ont abandonné beaucoup de choses derrière eux pour la liberté et la stabilité politique qu’offrait notre coin de la terre.
Pourtant, alors que nous étions bien au chaud, pas très loin de chez nous, un peu plus au sud, des gens avaient vécu les coups de fusil, le sang et la peur au courant de la journée. Des générations d’enfants terrorisés, de familles brisées et séparées pour toujours venaient de gonfler les rangs des statistiques américaines.
26 innocentes victimes, dont 20 enfants, mortes dans un des pays industrialisés des plus puissants. 300 millions d’armes pour presqu’autant d’habitants. Un pays qui prône la liberté. Un pays qui n’est « officiellement » en guerre que de l’autre côté de la terre. Vous trouvez ça normal ? On serait en droit de s’attendre à ce que les enfants (5 à 14 ans) des Amériques soient épargnés par ce genre de mort alors qu’ils ont plutôt 13 fois plus de chance d’être tués par des armes à feu que les enfants des autres pays industrialisés.
Comment est-ce possible ? Comment comprendre qu’une population préfère acheter des sacs à dos anti-balles plutôt que de voter une loi réglementant la possession des armes ? N’ont-ils pas compris encore, que ces mêmes armes qu’ils souhaitent posséder pour se défendre tuent leurs enfants ? Après 61 tueries en 30 ans, n’est-il pas temps de passer à autre chose ? Quelle déception pour toutes ces familles qui ont fui la guerre et qui se retrouvent dans un pays incapable de protéger leurs enfants…
Et, j’ai oublié de vous dire le nom du restaurant, il a déjà appartenu à une vedette, il se trouve dans un quartier chaud, sur Crescent, vous avez une idée auquel je fais allusion ? Le Newtown. Quelle étrange coïncidence, vous ne trouvez pas ?