Être libérée pour vice de forme sous la pression des présidents français ne fait pas de Florence Cassez une innocente à porter au pinacle.
Un article de l'Aleps.
Florence Cassez dans sa prison mexicaine
Étiez-vous jeudi dernier après-midi à Roissy pour l’accueillir ? Toute la presse s’y pressait, et tous les présidents exprimaient leur réussite présidentielle. Sarkozy, Hollande : même combat.
Au risque de paraître politiquement et médiatiquement incorrects, nous serions plutôt tentés de dénoncer un déni de justice. Il y a en effet ce qui est incontestable, et ce qui resterait à juger par de vrais tribunaux avec de vrais magistrats.
Ce qui est incontestable, c’est que la libération a été prononcée sous pression politique. Nicolas Sarkozy d’abord et surtout, François Hollande ensuite, se sont faits les champions de la cause Cassez. Réminiscence de Voltaire dans l’affaire Calas ? Toujours est-il que Sarkozy a fait le siège du précédent président mexicain, Felipe Calderon, ami des Américains et classé à droite. En vain, et ce refus a provoqué en 2011 l’annulation de l’année d’amitié France-Mexique. Mais en décembre 2012 Calderon a été battu aux dernières élections, et Enrique Pena Nieto, candidat du « Front révolutionnaire », s’est empressé de modifier la composition de la Cour Suprême en nommant un nouveau juge Alfredo Gutierrez Ortiz Mena.
Ce qui est incontestable c’est que la Cour Suprême s’est prononcée pour la libération en arguant des vices de forme qui ont accompagné l’arrestation de la prévenue, et de la parodie de reconstitution de cette arrestation par la police mexicaine pressée par les journalistes. Mais à aucun moment la Cour n’a innocenté Florence Cassez.
Ce qui resterait à juger, c’est précisément de la culpabilité de la dame. À quatre reprises les tribunaux mexicains l’ont condamnée pour complicité active dans les enlèvements opérés par son compagnon, Israel Vallarta Cisneros, chef de la bande des Zodiaque, qui enlevait et rançonnait. Florence aurait joué les premiers rôles en particulier dans le rapt d’un enfant et de sa mère. Les juges se seraient-ils prononcés sans souci de la vérité et sans respect des droits de la défense ? Les témoins cités ont donné des versions différentes. Mais la plupart ont chargé l’accusée, de sorte que le doute n’a pas effleuré l’esprit des magistrats. Il a en revanche envahi l’esprit des Français, dûment informés par les médias, au point de faire de Florence Cassez une victime et une héroïne.
---