Magazine Journal intime

Pourquoi je ne t'adopte pas ?

Par Jeuneanecdotique
01 février 2013

Pourquoi je ne t'adopte pas ?

Il y a une petite bêtise que l'on peut parfois faire lorsqu'on vient de se faire larguer (ou pas, d'ailleurs). Cette erreur porte le nom de "site de rencontres". J'ai beau y avoir rencontré mon ex-copain avec qui j'ai vécu une merveilleuse histoire, j'ai bien conscience que j'ai eu sacrément du cul de tomber sur lui.

J'avoue que se rendre sur des sites de rencontres aussi rapidement peut paraître un peu facile. Je ne le fais pas pour avoir un nouveau copain, ni pour le sexe (quoi que là quand même, ça commence à dater). Je le fais pour trouver des gens avec qui boire un verre, sortir, discuter, voir le monde. Sans véritable arrière-pensée. J'ai essayé de claquer des doigts dans la rue pour faire des rencontres, mais ça n'a pas fonctionné, alors la solution la moins casse-tête à mon sens s'est vite imposée. Internet, toujours Internet...

Je ne me souvenais plus à quel point c'était frustrant, ce genre de sites. Et ça l'est d'autant plus maintenant. Debrifing.

Première étape : trouver une jolie photo de moi. Quand vous avez passé les trois dernières années de votre vie avec un seul homme, que vous avez tout partagé avec lui, trouver une photo qui ne vous fasse pas serrer les dents n'est pas si aisé. Pour vous aiguiller, voici toutes les catégories dans lesquelles rentrent les photos de moi que je possède :

-Les photos prises chez mon ex

-Les photos prises par mon ex

-Les photos prises avec mon ex

-Les photos prises pour mon ex

-Les photos où je suis moche.

Punaise, mis à part les photos du collège, ça laisse peu de possibilités. Et puis, je n'avais aucune envie d'en reprendre de nouvelles : je n'aime pas tendre le bras pour m'auto-prendre en photo, je me sens vraiment très conne dans cette situation-là. Et en ce moment, je prends confiance, je nourris mon estime de moi-même ; j'avais pas envie de faire quelque chose qui me faisait me sentir bête. J'ai donc opté pour une photo prise chez mon ex, qui est quand même la catégorie la moins pire.

Deuxième étape : Faire son shopping.

Pour ça, c'est très simple. Je fais ma petite recherche, la tranche d'âge qui m'intéresse, la région, et puis si possible profil avec photo, et hop c'est parti.

J'ai beau aller de l'avant, vouloir voir du monde, il y a une chose qui vous frappe vraiment de plein fouet lorsque vous allez sur un site de rencontres : vous aimez encore votre ex. Ce n'est pas que j'en doutais, mais je ne pensais pas que ça aurait une si grande influence, en fait. Je ne pensais qu'à lui, à chaque coin de profil. AUCUN mec n'a trouvé grâce à mes yeux. Petit topo des pensées dont j'ai honte, mais que j'ai vraiment pensé, alors je vous le dis parce que je suis honnête :

-T'as de magnifiques yeux bleux, mais tu n'as pas les petits yeux marrons de Benoît : je t'aime pas !

-Tu es très beau, mais ta description bourrée de fautes n'arrive pas à la hauteur de la jolie phrase de profil qu'avait mise Benoît sur le sien : je t'aime pas

-T'as pas l'air drôle du tout toi, pas comme Benoît, pfff !

Et si je devais faire un concentré de ce que je ressentais en une seule phrase, ça donnerait (accrochez-vous, ça fait pitié) : Tu n'as pas les yeux de Benoît, ni son sourire, ni ses jolies lèvres, ni sa barbe, ni sa finesse, ni sa description romantique et bien orthographiée, ni -je suis sûre- la capacité à m'aimer comme il l'a fait, alors je t'aime paaaas !

Aller sur des sites de rencontres peut-il entraîner une régression mentale ? Ben, je pense. Parce que des grimaces et des tirages de langue, j'en ai donné. Pourtant, ça n'est pas leur faute. Et admettons que ça soit leur faute, je suis censée être là pour rencontrer de nouvelles personnes, et au final, je ne cherche que lui. Et je ne le trouve pas. Et ce n'est pas la faute de tous ces mecs, s'ils sont juste eux-mêmes. C'est à moi de ne venir sur ce site que si je suis prête à assumer, finalement...

Troisième étape : rester polie.

Des mecs qui sont venus me parler, sans me vanter, il y en a eu. Mon ex, je l'ai rencontré dessus. J'ai eu la chance de tomber sur lui rapidement, un bel homme, une belle description, courte mais intéressante, et un message personnalisé rien que pour moi, complet, qui me donnait envie de lui faire l'amour sur place. Et là, même si je ne m'attendais pas à grand-chose en revenant sur la scène du crime, je m'attendais quand même à mieux. Comme je vous l'ai dit, j'ai vraiment l'impression de n'avoir eu que du cul cette fois-là, car des mecs comme ça, on en trouve pas toutes les cinq minutes. Petit inventaire des phrases bateaux qui m'ont faite soupirer :

"Salut, ça te dit qu'on fasse connaissance ?" -> "Non, pourquoi, t'es de la police ?"

"Qu'est-ce que tu recherches ici ?" -> J'ai envie de répondre ça : "Je cherche Benoît, tu l'as vu ?" ou ça "Je veux adopter un chiot et acheter des tampons, me serais-je trompée de site ?"

"Salut, je m'appelle Johnny, j'ai 26 ans et je suis mécanicien" -> "Salut, je m'appelle Annette, j'ai 20 ans et je ne fous rien de ma vie. On a fait le tour, je pense. A la prochaine peut-être ?" (Non mais ce genre de message, je trouve ça inintéressant au possible, ça n'engage pas de discussion, au pire on résume nous aussi notre vie en trois mots et ça s'arrête là... ça ne donne pas envie de connaître la personne, si ?)

"Salut, ça te dit un plan cul ?" -> "Là, tout de suite, ça me dirait bien. Mais pas avec quelqu'un qui le demande à la chaîne, comme ça. On est pas des bêtes, merde !"

"Tu suces ?" (dans le même genre que le plan cul) -> "Ouais, paraît que je suis la championne. Mais c'est pas la tienne que je veux."

Bon, je m'arrête là. Certains sont très sympathiques, certains ne le font pas exprès. Mais quand même, au cas où on se dirait que c'est peut-être pas facile d'aborder quelqu'un... J'ai déjà réussi, et plusieurs ont aussi réussi à choper mon attention ! Y'en a même un qui a réussi à me briser le coeur, c'est pas rien. Et puis, zut, on écrit des descriptions, ça serait chouette parfois qu'ils rebondissent dessus, histoire qu'on puisse voir qu'ils sont capables de lire trois lignes à propos de nous !

Quatrième étape : Aller boire un verre... Mais en fait, non.

J'ai trouvé un gars, plutôt sympa. Plus vieux que moi, parce que je suis abonnée aux plus vieux. Et puis beau garçon, quand même. On discute, le courant passe, on a des choses à se dire. Je lui demande d'aller boire un verre samedi soir. Je m'auto-congratule, c'est la première fois que j'invite un garçon. Et comme c'est la première fois, il fallait bien que ça parte en sucette, sinon ça ne serait pas drôle. Une chose inévitable s'est produite : c'est qu'un con. Si encore on s'était arrêtés en voyant qu'au bout d'à peine deux jours le courant ne passait plus, je n'aurais pas dit ça. Cela peut arriver. Mais vous allez comprendre.

Monsieur m'a dit qu'il n'aimait pas les filles rondes. Or, je suis ronde. Et pas qu'un peu, if you see what I mean. Je lui fais remarquer que c'est dommage étant donné que je suis assez ronde, et que comme je ne suis pas là pour jouer aux billes, ça ne m'intéresse pas de rencontrer quelqu'un à qui je ne plais pas. Si je ne rentre pas dans ses critères physiques, autant ne pas perde de temps. Monsieur veut un chiffre. Je ne veux pas, je ne suis pas chez le docteur. Je me contente de lui dire que je suis ronde, et que si ça ne lui plaît pas, alors JE ne lui plairais pas, car mes rondeurs se voit. Il change de sujet, revient parler le lendemain, nous discutons agréablement. Mais je suis refroidie. Il est très gentil, mais son attitude m'agace. Qu'il n'aime pas les rondes et qu'il dise des choses comme "si c'est plus de 10 kilos c'est trop quand même et il faut perdre", bon, PASSONS. Mais qu'il me reproche de ne pas être honnête juste parce que je n'ai pas envie de lui dire, après ça, que je pèse 90 kilos, non, non, non. En quoi ça regarde un mec que je connais à peine depuis deux jours ? Ne lui a-t-on pas appris à parler aux femmes ? Il s'énerve. Je lui dis que je ne préfère pas le voir. Et là, il commence à être vraiment désagréable. Je ne pense pourtant pas avoir été méchante, impolie ou même brusque. Je lui ai juste expliqué que ça ne m'intéressait plus, et j'ai même eu la bonté de lui dire pourquoi. Mais voilà que ça y va, les "allez stop adieu t'es lourde et j'aime pas les trucs lourds" (c'est à peine lui qui m'harcèle si je ne réponds pas en deux secondes, et c'est moi qui suis lourde...), "t'es inintéressante" (mon amour-propre s'en voit très blessé), et les "j'te supprime t'es trop soulante" (moi, au moins, je reste courtoise). Non mais c'est comme ça sur cette Terre : un mec peut être adorable, mais quand tu commences à lui dire "non", il arrache son masque, se transforme en gamin vexé et te lâche deux ou trois répliques acerbes avant d'aller bouder. Le verre samedi soir, ça ne se fera pas. Et c'est tant mieux, parce que je ne perds pas grand-chose si Monsieur est capable de partir en sucette pour rien et de se montrer aussi désagréable...

Cinquième étape : Rager.

J'étais venue pour me changer les idées, rencontrer des gens, continuer sur la route de la guérison. Quand, encore, je touchais au domaine des études, du bien-être personnel, du physique, je gravissais les marches avec le sourire. Mais je me suis attaquée aux hommes et apparement, il est beaucoup trop tôt. La seule chose que je me suis dite, après trois jours de cette mascarade, c'est que je voulais mon homme. Parce que lui, il me respectait. Parce que lui me trouvait intéressante. Parce que lui aimait mes rondeurs. Parce que lui avait de l'humour, de la discussion, de la répartie. Parce que lui était lui. Je pense que si j'ai tenté le coup, c'est parce que j'avais envie de me prouver que des mecs biens, ça existait. Sans forcément sortir avec eux ou même les aborder, je voulais juste voir que ça pouvait me ré-arriver, que je pouvais en retrouver un aussi bien que lui. C'était stupide, comme démarche. Sans doute nécessaire pour que je prenne conscience que j'ai encore besoin de temps dans ce domaine-là... Mais STUPIDE, quand même. J'ai besoin de Benoît, ou alors d'être seule. Mais je n'ai pas besoin d'un mec. Certainement pas, punaise.

Si vous voulez connaître l'ironie du sort, c'est que samedi, je verrais quand même un homme pour boire un verre, je me maquillerais et je mettrais mes nouvelles bottes. Et cet homme, ce sera lui. Je me demande si, inconsciemment, je n'ai pas tout fait capoter avec l'autre relou pour en arriver là. Sans doute.


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