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Crise: pourquoi souriaient-ils à Davos?

Publié le 01 février 2013 par Juan
Crise: pourquoi souriaient-ils à Davos? Il paraît que les perspectives économiques de l'année sont plus favorables que prévu, que l'année 2013 sera moins détestable, que l'euro serait sauvé. Lors du Forum Economique Mondial qui s'est tenu comme chaque année à davos, les Grands de ce monde avaient le sourire aux lèvres et le soulagement perceptible.
Le Système se défend, devrions-nous écrire.
A force de nous expliquer que tout allait s'effondrer, nous avions fini par y croire. Et certains ont fini par prendre peur. Voici donc qu'un (léger) rétropédalage s'opère sous nos yeux.
Indécent.
La crise, toujours.
N'ayez crainte, la crise est encore là. Nos comptes publics, dégradés par cette formidable décennie et une jolie crise voici 4 ans, ne sont pas redressés. Des mesures sont prises, quelques éditocrates de la presse conservatrice aimeraient davantage de sang sur les murs - il fallait écouter Dominique Seux, des Echos, mardi 29 janvier vers 7h15 sur France Inter.
Pourtant, il paraît qu'à Davos, entre le 23 et le 27 janvier dernier, certains avaient recouvré le sourire: le patron de la BCE, l'Italien Mario Draghi, a noté "une situation considérablement plus favorable qu'elle ne l'était l'an dernier." Quel bonheur ! Ces "grands" de la planète éco-finances se comparaient à janvier 2012. Les Etats-Unis puis la France avaient perdu leur Triple A. On craignait la disparition du sacro-saint euro, la faillite de l'Espagne puis de l'Italie, la banqueroute politique de la Grèce. Un an plus tard, c'est presque la fête. Le patron de Total fut éloquent: "L'optimisme qui règne à Davos cette année est presque inquiétant !” A Davos, ils ont même "enterré la crise", rien que cela ! Le pire serait derrière nous... En langage technique, on appelle cela la résilience dynamique.
A Davos, les Grands étaient en fait heureux. Attac nous le rappela simplement:  "pendant que les 99% boivent la tasse, le 1% s'offre... champagne et caviar."
D'autres pensaient pourtant déjà à la prochaine crise financière. D'autres encore étaient auditionnés à l'Asemblée française, la réforme bancaire nécessitait quelques auditions.
Enfin.

Des bonnes nouvelles, mais lesquelles ?
Le chômage s'est presque stabilisé en décembre dernier. Quelle joie, quel bonheur ! Personne, pas même au gouvernement, ne s'est risqué à célébrer cette relative bonne nouvelle. En Sarkofrance, nous nous souvenions des "baisses de la hausse" de Christine Lagarde (avant qu'elle ne file remplacer DSK au FMI) ou des incantations sarkozyennes ("le chômage va baisser !"). Cette fois-ci, rien, sans commentaires, prudence de l'analyse officielle. Dans la zone euro, il atteint l'un de ses records, soit 11,9% de la population active, et deux fois plus en Espagne.
On pouvait se satisfaire de la suspension (partielle) du plan social de PSA. La nouvelle a créé son petit choc. La Cour d'appel de Paris reproche au constructeur le manque d'informations des salariés de la filiale FAURECIA. Et elle « ordonne la suspension de la restructuration en cours jusqu'à la mise en oeuvre de procédures d'information-consultation du comité central d'entreprise de FII (Faurecia intérieur industrie) et des comités d'établissement des sites d'Auchel et Méru ayant pour objet les conséquences de la réorganisation mise en oeuvre sur les emplois au sein de la société FII ». Fichtre ! On attend l'inévitable critique du MEDEF contre le manque de flexibilité du pays - impossible de licencier en paix et sans contraintes ! La direction de PSA, l'été dernier, avait revendiqué la cause.
Pour le dernier jour de janvier, la direction de Goodyear France a lâché son verdict: le site d'Amiens sera fermé, et 1.173 postes directs sont donc menacés. Elle accuse les syndicats, et surtout la CGT: « La fermeture de l'usine est la seule option possible après cinq années de négociations infructueuses ». Le président complète: « Nous sommes pleinement conscients de la gravité de l'annonce que nous faisons aujourd'hui et des conséquences lourdes de ce projet pour les salariés, leurs familles et les communautés locales ».
Des râleries, mais pourquoi ?
Jeudi 31 janvier, nous devons invoquer cette grande et formidable mobilisation de quelques fonctionnaires. Quelque 150.000 personnes dans quelques cortèges ici ou là un peu partout en France. Les chiffres sont des organisateurs. Il n'est pas leur faire injure que de noter que l'affaire n'a pas mobilisé. Les slogans étaient connus, contre une austérité qui n'était pourtant pas là. Comparer la France à la Grèce ou l'Espagne était autant curieux sous Sarkozy que sous Hollande.
On comprenait ces agents de nos services publics. Une décennie de RGPP - Révision Générale des Politiques Publiques, aggravée par cinq années de présidence des Riches qui supprima 150.000 postes en CDI (via le non-remplacement d'un retraité sur deux), mais recruta 150.000 agents précaires en parallèle. Ils en avaient légitimement gros sur la patate. Et puis, n'oublions pas, il s'agissait de faire pression avant les premières rencontres de négociation avec le ministère de tutelle, le 7 février prochain. Les participants souhaitaient une revalorisation du point d'indice, un moratoire sur les suppressions de postes, et l'abrogation de la journée de carence non indemnisée, instituée par Sarkozy.
Davos, Paris, Madrid, Athènes... Les Européens vivaient-ils la même époque ?
 A suivre
Post-Scriptum: Le site ActuChômage menace de fermer. C'est l'une des plus belle source d'informations sur l'actualité des sans-emplois.

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