Darren Becker tamise la couche de terre arable asséchée d’un des champs de la ferme familiale le 24 août 2012 à Logan dans le Kansas. Comme de nombreux agriculteurs texans dont les profits ont été anéantis par la sécheresse record, les Beckers travaillent dur pour maintenir leur ferme, dans la famille depuis cinq générations © John Moore/Getty Images
Dans son nouveau documentaire « Les Moissons du Futur », Marie-Monique Robin introduit sa quête sur l’agro-écologie par des points-de-vue radicalement opposés :
D’un côté ceux qui prônent le maintien de l’agriculture industrielle, seule capable de nourrir le monde à des rendements et prix raisonnables :
« Ne faisons pas croire aux Français qu’on pourra cultiver des pommes, des poires, ou des fruits sans aucun pesticide. Ca a toujours existé et ça continuera d’exister. » Bruno Le Maire, Ministre de l’Agriculture de 2009 à 2012.
« Si on fait des produits absolument sans pesticides aujourd’hui, [c'est] 40% de production en moins, 50% de coût en plus. » Jean-René Buisson, président de l’Association nationale des industries alimentaires (son Twitter ici)
(des extraits de l’excellente émission Mots Croisés « Du poison dans nos assiettes ? » diffusée le 21 février 2011 sur France 2, visionnable en intégralité ici)
Et puis ceux, pas moins légitimes, qui tirent la sonnette d’alarme :
« Des méthodes de production non-durables accélèrent le changement climatique et la dégradation des sols et épuisent les réserves d’eau douce, menaçant à terme notre capacité à nourrir la planète. Au sein de la communauté scientifique, un constat s’impose : il faut changer de cap. Les recettes anciennes ne valent plus aujourd’hui. Les politiques de soutien à l’agriculture visaient à orienter celles-ci vers l’agriculture industrielle ; il faut à présent qu’elles s’orientent vers l’agro-écologie, partout ou cela est possible. » Olivier de Shutter, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation (rapport complet, en anglais, ici)
Marie-Monique Robin s’interroge :
« Qui croire ? Comment nourrir le monde qui comptera 9 milliards d’habitants en 2050 ? Avec ou sans pesticides ? » De continents en continents, à travers de nombreuses rencontres, elle tente de comprendre ce qu’est l’agro-écologie et en quoi son modèle s’oppose à celui de l’agriculture industrielle et de la Révolution verte, promu depuis plus de 50 ans.
Elle montre que le modèle de l’agro-écologie n’est pas un retour à l’archaïsme ; au contraire, c’est une agriculture plus savante qui s’appuie sur des connaissances et recherches poussées, sur des expériences innovantes et technologiques.
Le documentaire est convainquant. Il semblerait qu’une révolution agricole et culturelle soit indispensable et qu’elle soit bénéfique à tous, du producteur au consommateur. Il semblerait surtout qu’on puisse nourrir le monde sans pesticide. Et ça c’est plutôt chouette, non ? —« L’image de la quinzaine », un concept simple : tous les quinze jours, une image pour illustrer un sujet d’actualité brûlant, une info intéressante qui aurait pu vous échapper ou un simple coup de cœur à partager.
Excellente quinzaine à vous !