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Mon p'tit billet : Miroir, O Miroir, suis-je célèbre en ce bas monde ?!

Publié le 17 décembre 2012 par Fabricegil @thenewreporter

Mon p'tit billet : Miroir, O Miroir, suis-je célèbre en ce bas monde ?!Notre monde a inventé une nouvelle sorte d’excellence, qui caractérise notre culture et notre siècle comme la divinité des dieux grecs caractérisait le sixième siècle av. Jésus-Christ ou comme la chevalerie et l’amour courtois étaient typiques du Moyen-âge. Elle n’a pas tout à fait réussi à éliminer de notre conscience l’héroïsme, la sainteté ni le martyre. Mais à chaque décennie, elle tend à les éclipser davantage. Toutes les formes précédentes de grandeur ne survivent désormais que dans l’ombre de cette forme d’excellence qui a nom : célébrité.
Force de constater que nous sommes tous vertueux : nous déclarons penser qu’un homme ou une femme vaut par ses œuvres, fruits de ses qualités personnelles, qu’elles soient sensibles, intellectuelles ou morales : l’intelligence, la créativité, le courage, l’originalité, le travail, etc.Nous prétendons n’accorder de valeur à tel ou tel qu’en fonction de son mérite et de son talent.Mais la réalité du "régime médiatique", c’est que la "visibilité" fabrique une valeur nouvelle qui tend à remplacer toutes les autres. Comment se fait-il que la dite "visibilité" soit en soi une valeur voire un capital?Ce phénomène apparaît bizarrement quand un individu sans qualité intrinsèque remarquable jouit pourtant d’un revenu d’image très concret.
Le monde de l’édition, par exemple, est envahi de personnalités dont la valeur est toute entière contenue dans le fait qu’elles sont connues. N’ayant rien à dire, à faire, ou à apprendre au quidam, elles jouissent pourtant de copieuses prérogatives liées à leur capital d’image. Elles publieraient leurs listes de courses qu’elles auraient du succès !
Certains médias accordent beaucoup d’importance à des personnes qui ne sont simplement connues qu’au regard de leur passage à la télévision, où elles se produisent uniquement pour être célèbre. C’est l’expérience limite de la pauv’ émission "Loft Story". La caméra fait naître… puisque rien (une jeune femme d’une grande banalité) devient quelque chose (une jeune femme invitée partout et appelée à donner son avis sur le mouvement général de l’humanité à sa sortie du Loft).Cette "grâce" injustement distribuée par le sort qu’est la visibilité doit être compensée par des œuvres. Il faut tout de même, réclame le public, se justifier, s’excuser, mériter, produire, faire un effort : souffrir en somme !La personne visible est nimbée d’une grâce, il s’affiche avec un halo d’élu céleste, de qui on attend des bienfaits mais aussi des sacrifices. Des bienfaits, elle en produit naturellement parce qu’elle vit dans une version terrestre du paradis et que le seul fait de la regarder vivre déclenche l’espoir.Un espoir constitué de blondes affriolantes, de plages privées, de restaurants très chers, de babioles diverses et variées, de party en tout genres et de voyages à l’œil. Un sacrifice, parce qu’il faut qu’il paye, son paradis. Par le travail, par les épreuves, par les œuvres, il conquiert son salut : Justin Bieber transpire un peu sur scène, et c’est gagné. Lady Gaga "donne tout" au Stade de France, et c’est la communion, l’accomplissement, la promesse universelle de paradis, l’alliance.
La soif de célébrité demeure, mais la nature même de célébrité a changé. Elle se mesure désormais aux coupures de journaux et aux temps d’antenne consacrés. Ce n’est plus le mérite qui provoque la célébrité, c’est le bruit que l’on fait autour d’un acte ou d’une personne qui la rend comme telle.A l’heure où il suffirait que mes propos portent leurs fruits pour rayer de la carte les deux-tiers des imbéciles "visibles", ayons un peu plus de mémoire, un peu plus d’attention à l’avenir. Ce serait beaucoup moins d’affections perdues à se demander si telle ou telle jument a changé de boy-friend ou de coiffeur.Fabrice Gil

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