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Doğubayazıt - Bostan Abad (Iran)

Publié le 08 décembre 2012 par Malokoxice
Doğubayazıt - Bostan Abad (Iran)
Voila maintenant une semaine que nous sommes en Iran. Hotel chaque nuit.
Doğubayazıt - Bostan Abad (Iran)
En approchant de la frontiere on s'inquiete pour l'argent, en effet une fois de l'autre cote plus moyen d'utiliser la carte de credit et aucun distributeur en vue. Heureusement une poste pointe le bout de son nez, pas d'euros mais uniquement des Turkish Lira de dispo, 'bon ok !', apres une petite conversion nous retirons de quoi survivre pendant environ trois semaines et de quoi payer le vol Teheran/Bombay.
Au poste frontalier, frayeur, nous aprenons qu'il est impossible de faire le change Lira/Rial iranien en Iran, nous voila en bien belle posture avec tout ces biftons en poches ! On va donc faire le change au noir,  dans une banque tout de meme. Le banquier nous fait le taux suivant:  1 Tl  = 15 000 IRR avant de repartir il nous offre le cai et des dates. A vrai dire on aurait tres bien pu se faire avoir comme des minables; c'etait une banque, on a ferme les yeux. On ne parle plus en centaines d'euros ni en centaines de Lira mais bien en millions de Rial iranien dorenavant. Le banquier place precieusement nos liasses dans des sac plastiques, on prend un peu de billets sur nous et on planque le reste du cash dans les sacoches.
Doğubayazıt - Bostan Abad (Iran)
Le meme jour, lors d'une session cybernetique, alors que nous consultons les taux de change pour voir si on ne s'est pas fait escroques, nous tombons des nues; tous les sites internet indiquent le taux suivant: 1 Tl = 6 900 IRR. On croit rever, on aurait donc plus que double notre argent ! "Hmm etrange, pas possible ce machin-la, grace a une banque en plus ?".  Plus tard nous apprenons que nous avons eu le bon taux. On ne saisit toujours pas bien pourquoi les sites internet n'indiquent pas le bon change. Heureusement que l'on a negligemment oublie de se renseigner sur le taux la veille; les hommes a la frontiere qui nous interpellaient "Hello hello ! Change money !?" nous proposaient ce genre d'offres: 1 Tl = 10 000 IRR, nous aurions saute a pieds joints dans le piege.
Des les premiers kilometres on perd un peu le nord avec le farsi, les panneaux, les chiffres, tout change. Et pour nous achever, pres de la frontiere, les serveurs nous parlent en dollards, turkish lira, euro et toman (1/10 de rial), on dirait qu'ils y prennent un malin plaisir. "Oh on est en Iran ou bien !?" A Maku, ville au milieu d'un canyon, des jeunes sur le bord de la route viennent nous voir pour entamer la conversation, ils nous apprennent les chiffres qui eux, se lisent de gauche a droite, on echange aussi pas mal de mots en farsi/francais. Un peu avant on se fait servir le cai dans une boutique. On sent tout de suite qu'il va etre dur d'avancer dans ce pays ! Vers midi, alors qu'on contemple une mosquee de l'exterieur, on entend des voix provenant de la remorque d'un camion gare en bord de route. Des hommes dejeunent a l'interieur, ils nous invitent a partager leur repas, apres trois refus nous acceptons enfin et nous goinfrons.
En Iran, une offre doit toujours etre refusee a plusieurs reprises, si au bout de 2/3 refus la personne vous redemande vous pouvez accepter. C'est dans la coutume ici, les iraniens se sentent comme obliges de proposer des choses; si en realite ils ne veulent pas vraiment vous faire de 'cadeaux' ils ne redemenderont pas apres 1 ou 2 refus. Si l'on accepte a la premiere demande le demandeur peut etre surpris.
Alors qu'on fait un tour sur un marche en bord de chemin, des jeunes nous invitent a fumer le narguile et a boire le cai. On galere un peu avec la facon iranienne, pas de cuillere pour le the, il faut mettre le sucre dans la bouche et faire passer le liquide a travers. Le narguile est tres frequente, nous y rencontrons beaucoup de gens de notre age; c'est aussi ce qui nous frappe depuis l'entree dans le pays, l'Iran est jeune. Nous finissons la soiree dans un hotel a moins de 2 euros, douche chauche gratuite.
Doğubayazıt - Bostan Abad (Iran)
Beaucoup d'adolescents se deplacent fierement a dos de leur moto customise dans les villages, il n'est donc pas pas rare qu'un motard ou deux viennent a notre niveau pour nous suivre sur 500 metres. Un jour nous pensons arriver dans un espece de village fantome accroche aux rochers, erreur, une veritable escorte de motos et velos (tout aussi customises) se forme pour nous conduire a l'hotel.
Doğubayazıt - Bostan Abad (Iran)
A l'entree de Marand nous rencontrons un cyclsite assez maniaque mais tres sympathique. Il nous cueille sur la route, il est egalement a velo mais a sens contraire, il semble prevenu de notre arrivee et nous donne deux canettes de jus de fruits. Il sort un album photo; il comptabilise tous les cyclos-voyageurs qui passent par cette route. Ils nous annonce que nous sommes les numeros 101 et 102; depuis huit mois 102 voyageurs sont donc passes par la. Enfin, il finit par nous guider a l'hotel. Le lendemain il apporte le petit dejeuner, il sort son portable et nous montre ses futurs tirages pour l'album photo. Nous y voyons quatre cyclistes rencontres auparvant, incroyable, de plus ils ont les memes canettes que nous ! On le soupconne d'avoir des contacts proches de la route; au moindre appel, il surgit.
Il voyage aussi a velo, il n'a pu voyager qu'en Turquie, Azerbdjan et en Iran. Il lui est difficile d'avoir des visas.
Doğubayazıt - Bostan Abad (Iran)
Apres etre redescendus en plaine, nous retrouvons le denivele sous une grosse pluie qui se transforme en neige au fur et a mesure que nous grimpons et un vent puissant, dans la tronche evidemment, nous faisons des ecarts fous et roulons a 45 degres d'inclinaison. On se fait secourir par un pompiste, cai et pommes de terres. On est trempes et sechons un bout de vetement a cote du poele a fuel (autre nouveaute, ca chauffe au fuel maintenant). On arrive a Tabriz en fin d'aprem, cai au bord de la route; la circulation est folle dans le centre. Nous laissons les velos a l'hotel et passons le lendemain a visiter, chacun de son cote. Le Bazaar est immense, pour bien s'en empreigner il faut s'y perdre.
Traverser une large route ou tout simplement une route en fait, n'est pas evident au debut; apres des minutes d'hesitation et d'observation (les pietons traversent n'importe ou), on se jette enfin. Il ne faut pas trop reflechir et y aller franc. Au milieu de la route c'est un peu effrayant mais les automobilistes ont l'habitude, il ne ralentissent pas forcement mais anticipent. Puis nous aussi, on commence a s'habituer.
Doğubayazıt - Bostan Abad (Iran) Doğubayazıt - Bostan Abad (Iran)
Les iraniens sont une fois de plus tres hospitaliers...beaucoup d'entre eux parlent un peu anglais, ca nous change de la Turquie ! Des fois c'est quand meme un peu leger, on croise des iraniens qui abattent leur vocabulaire d'anglais d'une traite, en une phrase, en lancant des "Hello ! How are you? Thank you, Bye !" sans que nous puissons repondre. Certains utilisent aussi des mots turcs, alors nous ne sommes pas peu fiers lorsque l'on sort "Yok", "burda" ou "üç ay". Les jeunes sont plutot coquets, les hommes ont fiere allure; costume, belle ceinture, chaussures pointues cirees et cheuveux peignes, tires en arriere. Les iraniennes sont ravissantes, malgre leur chador elles ne manquent pas de porter talons aiguilles et autres vetements classes en dessous.
On va maintenant se separer sur quelques jours, nous avons besoin de nous retrouver un peu seul. On  empruntera des itineraires differents pour rejoindre la mer caspienne, Rob passera a travers la montagne, moi je rejoindrai Astara pour longer la cote. On espere retrouver un peu de douceur, il fait moins froid qu'en Turquie mais c'est pas encore ca ! On se rejoint a Rasht.
Tres belle semaine en Iran donc. Nous franchissons aussi le cap des trois mois de voyage.
Billets d'avions Teheran/Bombay pris finalement sur internet, on decolle le 23 decembre a 4h du matin.
Doğubayazıt - Bostan Abad (Iran)
Les autres photos sont par ici
Bonus: notre ami Gabriel, l'irlandais, vous vous souvenez ? Il attendait un moteur pour sa bicyclette a Istanbul lorsque nous l'avions quitte, il nous a envoye un mail, il merite amplement d'etre publie ici, le voici:
Salut! Im a Facebook Whore, a digital prostitute. Im so popular!
Where are you now? Ive just seen the photos- you must have ice in your beard? I am both jealous and very glad to be indoors:
Let me tell you the strange and frightening story of the motor, and how I came to be in London.
It arrived a few weeks after you left- on the 18th I think. So, it took a few days to build- I had some help from somebody. It weighed 10kg, I took it from the box: choirs were singing, smoke was rising. They forgot to include instructions! I had to guess how to construct it- I was 80% correct, very good odds!
Anyway, a few days later I eventually got my belongings together, and at 5 A.M, left- goodbye! good riddance! I pushed the newly motorized machine down to the sea front, put in some petrol and oil (2 stroke) and with my compass pointing towards heaven, tried to start the engine. Nothing. I tried again. It made a creaking noise. I tried 50 times- It did not start. Fuck it! Nothing but forwards! Forwards is everything! I took the chain off and rode it, (just like the old days), I think 40km along the coast, all the time looking for a mechanic to help me achieve speed. I stopped off to eat a biscuit or two, somewhere near a stray dog. I then got moving again, lost the road- but found a mechanic, who arrived out of the mist like a greasy angel on his motorbike. It was miraculous! There was a problem though: I realised suddenly that I did not have my violin- I left it behind- Connard! Shit! I went back to the place where I had stopped for 5 minutes- and it was gone, stolen, the end of the music- my livelihood stripped! I tried to explain to grandpa, but he just started singing. After cai, cai, and some cai, and a sandvic, the motor started! Many hours passed. It was brutal- loud, like a pneumatic drill- and very very uncomfortable! I made an exaust pipe from a Coca Cola can. Everything, apart from my violin and mental health, was great. The sun was shining, the wind gentle. I said goodbye to Ali, Mechanic supreme. I engaged the clutch, the engine choked into life- I revved up! - 50 kmph-! downhill-! La Vache! Holy shit! I tried to stop- I slammed on the breaks- lost control- the bike slid and spluttered- I flew through the air and skidded at high speed onto the concrete. My legs were bleeding and wrist almost broken. Forwards! The motor was a beast, a predator. I entered into a trance, and sped at high speed down the motorways, the noise incredible! The vibration intense! I covered 100km to just outside Siliviri- then the engine stopped- out of fuel. I spend 5 lira on another full tank- and a full tank of chai of course. I said goodbye to the petrol men, who fed me, as always! Speeding off, young men and boys beeping car horns and filming my engine-bike on camera-phones- shouting encouragement! Beautiful madness! Another few KM
but, alas, it was not meant to be. The engine, after one day of use, blew up with an extemely loud bang, outside a butchers on a busy road. I was not hurt- just very pissed off. No punctures though, hooray! The bicycle, after a crash, a leaking gas-tank, a bad start, 30 punctures, and 3000km, was over! It was beyond repair. The engine was dead. Totally fucked.- So was I. After wondering what to do- where to go- night moving in, cold, busted and disgusted, I sold it, over a few hours during the night, to a scrap-metal person. I used the money to get a bus back to Istanbul Airport, got the first flight to London I could- the next morning. During the night I was questioned by police, for being a tramp. I never felt better. Now I am in London, making a new violin from aluminium cans.
How are you vagrants going on? Cai cai cai? Have you entered Iran?
Your Comrade in arms,
Gabe


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