Depuis le retardement de l'obligation d'avoir un éthylotest dans sa voiture, les fabricants d’éthylotests se lancent dans un chantage à l'emploi injustifié et destructeur pour tous.
Par Alexis Vintray.
Manuel Valls a de nouveau retardé la possibilité de verbaliser les automobilistes non équipés d'un éthylotest en état de fonctionnement dans leur voiture. Une mesure qui fait suite aux très fortes controverses qui avaient suivi l'obligation faite sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Nombreux sont ceux, dont la Ligue de défense des Conducteurs, qui avaient dénoncé cette mesure inutile obtenue par les constructeurs, en particulier Contralco, dans des conditions troubles :
Au mois de juillet dernier, sous couvert de sécurité routière, des fabricants d’éthylotests ont crée une association, I-Tests, pour faire du lobbying auprès des parlementaires et du gouvernement pour rendre obligatoires leurs produits. Opération réussie : quelques mois plus tard le décret parait au JO. Fait troublant, le Président de cette association est salarié du principal fabriquant ayant reçu la norme NF et membre du comité de certification NF éthylotest.
La décision du ministre de l'Intérieur de retarder la verbalisation des conducteurs n'ayant pas d’éthylotests est donc la bienvenue et représente un début de victoire face au capitalisme de copinage. Malheureusement, toujours désireux d'utiliser le bras de l’État pour forcer les consommateurs à acheter un produit dont ils ne veulent pas, les fabricants d’éthylotests n'ont pas renoncé à leur campagne de lobbying.
Les principaux fabricants ont ainsi lancé un véritable chantage à l'emploi et à l'investissement, menaçant, si la mesure n'est pas imposée, de mettre un terme à leurs projets de développement et de licencier. Contralco, leader du secteur, a ainsi annoncé la semaine dernière qu'il allait réduire ses effectifs de moitié en ne renouvelant pas les contrats des salariés en CDD ou en intérim. Et l'entreprise, installée dans l'Herault, d'annoncer dans le même communiqué qu'elle allait geler les 3,5 millions € d'investissements prévus cette année. De même, cité par Le Figaro, le président de l'entreprise Ethylo a menacé : "si la mesure ne passe pas, l'entreprise et ses douze emplois disparaissent à coup sûr". Et les fabricants de demander à être reçu par Arnaud Montebourg, pour défendre l'emploi français.
Un chantage à l'emploi injustifié et destructeur pour tous
Ces menaces pour obtenir une réglementation favorable sont pourtant hautement néfastes pour tous, y compris pour l'emploi.
Oui, si on ne force pas les automobilistes à avoir un éthylotest en état de fonctionnement dans leur voiture, le secteur perdra des emplois ou au moins ne grossira pas. Mais les automobilistes qui auraient dépensé des millions d'euros pour acquérir ces éthylotests auront eux toujours l'argent qu'ils y auraient consacré. Des millions d'euros qui pourront être utilisés pour des achats dont ils ont vraiment besoin, et non qu'on leur impose par la force. Des millions d'euros qui permettront de créer des emplois ailleurs, des emplois utiles.
La vitre cassée, dans toute sa splendeur :
Espérons que, loin de céder aux tentatives d'intimidation du secteur, le gouvernement saura faire preuve de bon sens et renoncer complètement à la mesure. Monsieur Valls, il est temps de montrer du courage et de défendre le capitalisme libéral, pas le capitalisme de copinage !
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