Eradiquer la malnutrition infantile et son million de décès chaque année, c'est l'obsession d'un groupe d'experts reconnu de l'Université de Washington (St Louis). Ces chercheurs montrent sur un groupe de 2.800 enfants du Malawi atteints de malnutrition sévère que 7 jours d'antibiotiques, comme l'amoxicilline, ont permis de réduire de 40% le taux de mortalité. Ces conclusions, publiées dans l'édition du 31 janvier du New England Journal of Medicine montrent que l'on pourrait réduire de moitié la mortalité par malnutrition en combinant les antibiotiques aux aliments thérapeutiques.
La malnutrition aiguë sévère entraîne 1 million de décès par an chez les enfants. 68 millions d'enfants en souffrent dont 26 millions sous sa forme la plus sévère avec risque de mortalité élevé. La malnutrition chronique (caractérisée par une taille insuffisante par rapport à l'âge) concerne, elle, 195 millions d'enfants de moins de 5 ans. Elle provoque des retards dans la croissance et le développement cognitif de ces jeunes enfants, limitant de façon irréversible leur développement futur.
L'étude s'est déroulée dans 18 centres du Malawi de décembre 2009 à janvier 2011 auprès de 2.767 enfants âgés de 6 mois à 5 ans diagnostiqués avec malnutrition sévère mais toujours bon appétit et sans signes d'infection grave. Elle aboutit à des résultats remarquables, commente l'auteur principal, le Dr Indi Trehan, après que 88,3% des enfants inscrits dans l'étude aient pu récupérer de leur malnutrition sévère et le taux de mortalité étant nettement plus élevé chez les enfants ayant reçu le placebo (7,4%) au lieu des antibiotiques (amoxicilline (4,8%) ou le cefdinir (4,1%)). Les chercheurs constatent en effet une baisse globale de 44% de la mortalité avec l'utilisation du cefdinir et une baisse de 36% avec l'amoxicilline.
Changer la prise en charge de la malnutrition dans le monde entier : Ces conclusions déjà été présentées à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pourraient changer la prise en charge des enfants malnutris dans le monde entier, explique le Dr Manary et sauver des centaines de milliers d'enfants chaque année. Elles ont déjà modifié le mode de prise en charge de la malnutrition de ces équipes, au Malawi. C'est la seconde fois que le Dr Manary se distingue dans la prise en charge de la malnutrition, étant déjà l'auteur d'une pâte alimentaire thérapeutique à base de beurre de cacahuète contre la malnutrition. Mais, si cette thérapeutique alimentaire prête à l'emploi permet des taux de récupération de 85 à 90%, 10 à 15% des enfants ne guérissent pas et beaucoup d'entre eux meurent.
La restauration d'un régime et d'un équilibre alimentaire ne suffit donc pas, la malnutrition rend le corps vulnérable à de nombreuses infections. Cette avancée rapporte donc l'espoir de pouvoir réduire de moitié la proportion d'enfants qui souffrent de la faim d'ici 2015, par rapport à 1990, un objectif prioritaire du Développement du Millénaire (OMD).
Source: New England Journal of Medicine Jan. 31, 2013 DOI : 10.1056/NEJMoa1202851 Antibiotics as Part of Management of Severe Acute Malnutrition.
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