Qu’est il, encore, arrivé à Alain Juppé ?

Un homme politique à qui Bordeaux a tout donné depuis 1995, un vieux gâté de la vie politique française, s’offre un caprice à 500 000€ devant l’incompréhension générale et l’indifférence de la gauche. En inaugurant aujourd’hui ce lundi à 12h, une statue à l’honneur de Jacques Chaban-Delmas, Mr Juppé défonce, encore une fois, le vernis de modernité dont il a revêtu son récent retour aux affaires nationales.

Cette statue venant après une proposition non concertée mais quand même téméraire du Président de la Communauté Urbaine de Bordeaux Mr Vincent Feltesse qui demandait que le futur pont qui reliera Bacalan à Bastide porte le nom de Toussaint Louverture.

C’est que Bordeaux et sa région doivent beaucoup à Haiti « la perle des Antilles », l’ancienne St-Domingue, où 80% des exportations bordelaises étaient écoulés où enfants, femmes et enfants noirs ont servi de main-d’œuvre gratuite pendant 350 ans. Jusqu’à ce que Toussaint Louverture n’en chasse les bordelais en proclamant le droit des noirs à la Liberté et à la Justice en installant la 1^ère République noire. Toussaint Louverture mourra en 1803 de froid et de misère au Fort de Joux tandis que son fils Isaac vivra à la rue Fondaudège jusqu’à sa mort. Honoré par une Impasse à Bordeaux et par un square dont le buste est un cadeau…d’Haïti, il côtoie depuis des décennies une vingtaine de rues qui honorent des armateurs négriers bordelais.

C’est à cet homme qu’Alain Juppé préférera Jacques Chaban-Delmas, l’ancien maire que la Ville a successivement honoré par un Stade, un Aéroport, un Boulevard, une Station de Tram, un Pont et maintenant une Statue de 3m de haut et 100kg de bronze érigé en face du Palais Rohan comme un héritage bien encombrant et incompréhensible pour les nouvelles générations bordelaises. C’est un véritable Impôt Chaban que lève Alain Juppé pour la grande gloire de son illustre prédecesseur !

Dans cette France de 2012 frappée durement par une crise sociale et économique sans précédent qui laisse sur le bord de la route des centaines de milliers de personnes privés de travail donc de toit et de nourriture, ces 500 000€ additionnés au coût scandaleux des lubies d’Alain Juppé : La Passerelle Kawamata 400 000€, Le Lion Bleu 1 500 000€, Les Colonnes et Tortues de la Victoire 1 500 000€, etc. Sans compter le coût des inaugurations réservées au VIP pour chacun de ces caprices.

Pendant que les associations bordelaises ferment leurs portes faute de subventions, que les artistes bordelais immigrent, que des citoyens n’en peuvent plus de charges trop lourdes, que Toussaint Louverture se désole dans son Impasse, l’élite bordelaise, droite et gauche confondues, s’auto congratule dans des dépenses de prestige dont l’incohérence et l’injustice choquerait moins si on était en Corée du Nord !

Gaspilleuse désinvolte et méprisante, la Ville s’enferme dans ses références datées comme angoissée devant une nouvelle génération plus audacieuse et ouverte et une démocratie française plus exigeante de l’usage de ses impôts.

Et qu’Alain Juppé soit encore le bras armé de cette filouterie culturelle et politique a de quoi surprendre après sa traversée du désert suite à la condamnation en 2004 pour « abus de confiance, recel d’abus de biens sociaux, et prise illégale d’intérêt » pour des faits commis en tant que secrétaire général du RPR et maire adjoint de Paris aux finances, de 1983 à 1995.

 Les peuples comme les hommes semblent n’avoir, décidément, pas de mémoire !

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