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La France, au point tournant

Publié le 13 novembre 2012 par Jclauded
La France vit des moments économiques difficiles. Ce n’est pas une surprise pour personne sauf, semble-t-il, pour les socialistes. On se rappellera que le président François Hollande a évité durant la campagne électorale de parler de ce sujet en déviant le regard des Français ailleurs et en leur offrant toutes sortes de bonbons pour se faire élire et il a réussi. Il a même bafoué le président Sarkozy lorsque ce dernier rappelait au peuple français la crise économique qui était à la porte de la France. Aujourd’hui, l’heure de vérité est arrivée.
Comme pour chaque décision importante qui se présente, Hollande et son premier ministre Ayrault ont créé un comité d’étude sur la compétitivité des entreprises manufacturières et industrielles françaises face à l’Allemagne. C’est Louis Gallois, ex-président de la compagnie européenne qui construit, entre autres, les Airbus, qui a été mandaté pour analyser la situation et faire rapport au gouvernement. Il vient de présenter ses propositions et espère qu’elles créeront un « choc de compétitivité » puisqu’elles visent à réduire le « coût du travail » en abaissant de 30 milliards d’euros les charges des cotisations sociales patronales et salariales. Ces chiffres ressemblent à ceux de la loi sur la TVA sociale proposée par l’ancien président Nicolas Sarkozy et qui a été adoptée mais rescindée par Hollande qui la trouvait « injuste ». Depuis six mois ont passé…
Le rapport Gallois a été accepté par Hollande, et son gouvernement vient de proposer 35 réformes dont un allègement des charges d’un montant de 20 milliards d’euros sous forme de crédits d’impôts. Toutes les entreprises françaises sont touchées puisqu’elles représentent « 85% de l’emploi salarié ». Le financement de cette décision coûteuse viendra de diminutions additionnelles des dépenses gouvernementales et de nouvelles taxes dont des augmentations de la TVA (tiens, tiens…). Ces coupures doublent celles déjà votées il y a deux mois par les socialistes et le tout constitue un régime d’austérité d’un niveau jamais vu depuis la deuxième guerre mondiale. Il est imposé par celui qui a affirmé haut et clair « je suis contre l’austérité » et qui n’a jamais fait référence ni au « coût du travail » durant la campagne électorale, ni à la réduction des finances publiques.
Gallois se montre heureux de la réaction positive du gouvernement et offre de participer au suivi de la mise en œuvre de ce « pacte pour la compétitivité » qui vise à favoriser la croissance et l’emploi. C’est de bon augure puisque ce pacte répond aux demandes du patronat et qu’une bonne partie des syndicats l’appuie. De plus, près de 75% des Français indiquent leur accord.
J’ai aussi l’impression que c’est la bonne solution puisqu’il est urgent d’agir car depuis l’arrivée d’Hollande à l’Élysée, plus 150 000 emplois salariés ont été perdus dans le pays.
Mais plusieurs s’y opposent dont un grand nombre d’élus de la majorité socialiste, la Fondation Copernic, les altermondialistes et autres mouvements, même s’ils partagent le diagnostic du rapport Gallois sur le déclin de l'industrie française et sur son déficit d'innovation.
Pour ces opposants, les socialistes n’ont pas à se rallier aux dogmes « libéraux » (en France cela veut dire « conservateurs ») puisque, disent-ils, ni les salaires, ni les cotisations sociales ne sont la cause de la désindustrialisation et du chômage de la France. De plus, ils ne veulent ni de la diminution des dépenses publiques ni d’augmentations de la TVA. Ils sont dans le ni-ni, au pluriel.
Alors que Gallois affirme que les entreprises n’ont pas suffisamment de marge de profit pour investir, comme il se doit, dans l’innovation et la recherche, les « ni-nieux » rappellent que malgré les augmentations de cette marge durant les années ’90, l'effort en recherche et développement (R&D;) n’avait pas progressé.
Ils observent en plus que « la part des revenus nets distribués par les sociétés non financières en 2011 a atteint 9 % de leur valeur ajoutée, soit le point le plus haut depuis la seconde guerre mondiale » et concluent que les entreprises ont choisi d’augmenter les dividendes plutôt que d'investir dans l'innovation.
Ils estiment que le "coût du travail" plus élevé n'est vraiment pas le problème puisque depuis dix ans, les coûts salariaux unitaires français (salaire par unité produite) ont évolué comme la moyenne européenne. Quant à l’Allemagne, pour eux, elle n’a pas réussi à baisser son coût de travail moyen seulement par le gel des salaires mais aussi par la relocalisation de plusieurs segments de ses entreprises au centre et à l’est de l’Europe où les salaires sont plus bas.
Enfin, ils blâment la mondialisation qu’ils dénoncent comme étant la vraie source du problème.
Je crois que nous pouvons poser la question suivante aux opposants au « pacte de la compétitivité » : Où sont vos propositions ? : Le statuquo ? Maintenir le nombre de fonctionnaires alors qu’ailleurs on le réduit ? Abaisser les dividendes qui diminueraient les apports financiers au développement des entreprises ? Taxer davantage les riches, les créateurs, les innovateurs, les entreprises, sans tenir compte qu’ils sont les vrais initiateurs d’emplois nouveaux. Refuser que toutes les institutions publiques, à tous les niveaux, participent à l’effort de réduction des dépenses ? En somme, ces « ni-nieux » vivent dans le passé et sont incapables d’offrir des solutions pour l’avenir. Ils se bandent volontairement les yeux pour ne pas voir la France qui est techniquement en récession.
Et la mondialisation ? Pour l’Allemagne, ça ne semble pas être un problème puisqu’elle en profite grâce surtout à ses initiatives techniques. Pour les consommateurs que nous sommes, quels prix paierions-nous pour les produits dont on a besoin pour vivre et travailler ? Pour les populations des pays du sud, quelle serait leur qualité de vie s’ils n’avaient pas cet avantage de travailler et de fabriquer des produits pour les gens du Nord ?
Il est facile pour les opposants d’affirmer que le rapport Gallois a été préparé par « un patron qui propose des solutions de patron ». Je ne comprends pas pourquoi ils s’obstinent à ne pas reconnaître qu’une diminution des charges entraînera un « effet économique immédiat » et donnera l’espace requis par les patrons pour investir dans l’innovation, créer de l’emploi et vendre leurs produits à des prix compétitifs sur les marchés étrangers.
Le temps est venu pour tous les Français et Françaises d’appuyer leur gouvernement pour la relance des emplois dans leur pays. C’est la survie économique de leur pays et de l’Europe qui est en jeu. Ce n’est plus une question de droite ou de gauche. Rendue au point tournant, j’espère que la France prendra le bon virage.
Sur ce point, le président Hollande est maintenant en accord avec l’ancien président Nicolas Sarkozy. N’est-ce pas un cri de ralliement pour tous ?
Claude Dupras

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