Au Burkina Faso, ACF conjugue réponse aux urgences et objectifs de développement

 Premier facteur de risque pour les enfants de moins de cinq ans, la malnutrition est responsable de la mort de plus de 40 000 enfants chaque année au Burkina Faso. Particulièrement touchés, les enfants de moins de 2 ans risquent de lourdes séquelles : moindre capacité à étudier, vulnérabilité aux maladies, problèmes de croissance. Les conséquences de la malnutrition représentent un lourd handicap pour le développement économique et humain des pays pauvres.

Face à cette situation, les acteurs humanitaires se mobilisent pour mettre en place des programmes de prévention et de traitement de la malnutrition aigüe. Dans l’est du pays, particulièrement vulnérable, Action Contre la Faim et le Gret (professionnels du développement solidaire) coordonnent leurs efforts pour réduire les causes structurelles de la malnutrition (pauvreté des ménages, manque d’eau, volatilité des prix en période de soudure…) tout en faisant face aux situations d’urgences (économiques, climatiques).

Plus qu’une farine

Depuis 2011, les deux organisations  soutiennent et renforcent des groupements de femmes qui produisent des farines infantiles fortifiées. Appelées Yonhanma, elles sont composées de matières premières locales et leur commerce génère de nouvelles sources de revenus. « Grâce aux bénéfices de la farine, on contribue à couvrir  les  dépenses de la famille, on n’est plus à tendre chaque fois la main au chef de ménage, on peut faire face à nos propres besoins» témoigne la responsable de l’unité de production de Bogande. Le Gret leur apporte un appui afin de renforcer leur capacité de production et de commercialisation.

Les aliments fortifiés ont montré leur efficacité pour améliorer le statut nutritionnel des plus jeunes en complément de l’allaitement. La farine Yonhanma permet ainsi d’alimenter un enfant pour 1.52€ par mois (0.05€ par jour). L’enjeu est de rendre disponible localement une farine infantile de qualité à un prix abordable.  Les unités de Yonhanma produisent en moyenne entre 700 et 1200kg de farine infantile par province et par mois, soit l’équivalent de 80 000 repas mensuels. Elles commercialisent ces produits dans un réseau de 150 boutiques et dépôts de santés locaux à un prix de vente fixe. Dans le secteur de Gnagna, 30% des mères d’enfants de 6 à 24 mois en achètent régulièrement.

Cependant, en période difficile, les ménages les plus vulnérables n’ont plus les moyens de s’en procurer. ACF  a ainsi procèdé  à des dons ponctuels de farine infantile afin de prévenir une crise nutritionnelle. C’est un apport crucial pour ces familles, comme en témoigne Mariam Ouoba, bénéficiaire ACF dans la région de Tapoa, « Les enfants maigrissaient et tombaient malades. J’avais du mal à nourrir mes enfants et nous vivions dans l’angoisse. Cela fait deux mois que je reçois de la farine pour le petit, je vois qu’il va mieux. »

Ne pas déstabiliser les marchés

 L’association veille à ne pas déséquilibrer le marché local par ses actions, procédant à des distributions ciblées sur les ménages les plus menacés et qui n’auraient pu s’en procurer autrement. En choisissant de se fournir auprès des petites entreprises soutenues par le Gret, ACF  leur apporte une demande supplémentaire et injecte ainsi de l’argent dans l’économie locale. La responsable de l’unité de production de Bogande raconte : « Avant la commande d’ACF, on ne savait pas qu’on pouvait produire une tonne par jour. On a pu acheter du matériel, on a su faire des bordereaux de livraison, des factures proforma ».

Cette démarche locale est particulièrement adaptée en période d’urgence : délais d’acheminement restreints, disponibilité des produits au bon moment, produits déjà connus des populations cibles. Elle permet à ACF de promouvoir un produit abordable existant sur le marché local et d’inciter les mères à continuer à y avoir recours une fois la crise passée. Une manière efficace de répondre à la crise et qui contribue au développement de l’économie locale en renforçant la résilience des populations. L’objectif fixé par les deux ONG est de soutenir jusqu’à une trentaine d’unités de production de farine infantile dans l’ensemble du Burkina Faso.