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CESM : "Pourquoi l'Union européenne ne doit pas rater le coche en mer Noire ?", par Claire SAIGNOL et Anne-Lise GUILLET

Publié le 05 février 2013 par Theatrum Belli @TheatrumBelli

Les troubles se multiplient sur la rive Sud de la Méditerranée, comme en témoigne la prise d’otages sur le site gazier d’in Amenas en Algérie, le 16 janvier 2013. L’Union européenne (UE) a intérêt à diminuer sa dépendance à ces zones de tensions, afin d’assurer sa sécurité énergétique. L’Algérie étant le troisième fournisseur de gaz naturel de l’UE, celle-ci doit donc adopter une stratégie de diversification de ses sources d’approvisionnement vers une mer qui fait pour l’instant moins de vagues que la Méditerranée : la mer Noire. 

D’ici 2030, plus de 80% de la consommation de gaz et 90% de la consommation de pétrole de l’UE seront assurées par les importations, elle pourrait donc devenir l’un des enjeux stratégiques majeurs de l’UE. Forte de son bassin de plus de 200 millions d’habitants originaires de Bulgarie, Roumanie, Ukraine, Russie, Géorgie ou Turquie, la mer Noire représente un marché en expansion au potentiel de développement élevé. Cependant, cette plaque tournante des flux d'énergie et de transport est aussi une région de conflits "gelés" qui concentre de nombreux problèmes environnementaux et souffre de contrôles insuffisants aux frontières favorisant les migrations illégales et la criminalité organisée.

Les régions maritimes de l’UE (mer Baltique, du Nord, Méditerranée, Egée, Adriatique, Noire…) représentent environ 40% de son PIB et 40% de sa population. De plus, le pourcentage de biens transportés par voie maritime dans le monde se situe autour de 90% (Organisation Maritime Internationale). L’avenir semble ainsi se dessiner sur l’eau. L’UE doit donc adopter une véritable stratégie maritime au sein de laquelle la mer Noire, nouvelle mer de l’UE depuis l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie en 2007, espace d’environ 430.000 km² au cœur d’un axe géopolitique et géoéconomique, lieu de transit du pétrole et du gaz naturel en provenance de l’Asie Centrale et du Moyen Orient, doit occuper une place centrale.  La région de la mer Noire a vu s’opérer avec la fin de la guerre Froide un véritable changement de paradigme géopolitique : ancien maillon de la géopolitique linéaire est-ouest dans une logique d’affrontements de la Russie avec ses voisins, la région est devenue le cœur d’un espace ouvert et polycentrique par sa situation de carrefour entre le Moyen-Orient, l’UE, la Russie et la Turquie (alliée des Américains). "En mer Noire, les Européens ne peuvent se satisfaire de laisser entièrement à d’autres le soin de régler les conflits et les échanges économiques entre les pays riverains avec lesquels ils ont depuis longtemps de solides attaches culturelles et économiques". Le plus grand atout de l’UE, face à la Russie, réside dans son attachement à l’approche multilatérale, au soutien de la société civile, aux enjeux environnementaux ainsi qu’aux valeurs démocratiques.

La mer Noire, bien que minée de problèmes divers, demeure une région riche d’opportunités pour l’UE qui jusqu’à présent axait sa politique en mer Noire sur une offre de supports pour "les résoudre en développant la coopération transnationale  autour du bassin maritime". L’UE entend ainsi se poser comme facteur stabilisateur. Mais qu’en est-il vraiment de son influence sur cette région ?

Claire SAIGNOL et Anne-Lise GUILLET

   

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