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Musical Fidelity EB-50 : Intra Flat ruler !

Publié le 20 janvier 2013 par Tupperwav @TupperWav

TupperLecteurs, bonjour.

L’année 2013 s’étale bien devant nous pour notre plus grand bonheur, ce qui prouve d’ailleurs que les Mayas ne connaissaient rien à l’audio. Sinon ils auraient décalé sans l’ombre d’un doute la fin de leur calendrier afin de lire notre chronique des Musical Fidelity EB-50.
Pourtant, c’est avec une certaine circonspection que nous attendions cet “énième intra de plus” dans une gamme de prix (200€) déjà extrêmement concurrentielle, avec de nombreux produits bien implantés (Sleek audio SA6, Monster turbine pro Gold, Earsonics SM2, Shure 425, Phonak, Westone, Westone UM2…).

Rajoutons à cela que ce milieu de gamme a souvent du mal à lutter pour séduire le consommateur contre des produits plus techniques et performants… mais franchissant allégrement la barre des 300/400€ (Phonak audeo PF232, Earsonics SM3, Westone UM3X, W3, W4, Shure 535, Ultrasone TIO, IQ…).
Cependant, Musical Fidelity qui fait là ces débuts dans le marché de l’intra, a sorti de nombreux excellents produits en Hi-FI (platines, DAC, ampli, combos…) et dont nous avions testé récemment le M1HPA. Et gage de sérieux, l’entreprise affiche une bonne santé depuis maintenant une solide trentaine d’années.

Merci à notre partenaire Pierre de chez Casques-Headphones pour le prêt.

 

Musical Fidelity EB-50 : Intra Flat ruler !

 

L’EB-50, une promesse ambitieuse

Une remarque s’impose dès la lecture du dos la boîte qui contient l’EB-50. Musical Fidelity a choisi de mettre en avant son produit pour ses qualités de “neutralité”. On peut ainsi citer textuellement le qualificatif employé par la marque pour décrire l’E-50 : “Ruler flat frequency response”… soit “Réponse en fréquence aussi droite qu’une règle” dans la langue de Molière.

 
 

Musical Fidelity EB-50 : Intra Flat ruler !

Bon point déjà, la marque n’aura donc pas cédé aux sirènes consuméristes du mass market, qui nous gratifient allégrement de produits aux basses (malheureusement des bas médium la plupart du temps…) surboostées aux appellations plus ridicules les unes que les autres : “X-trem Bass”, “Power Low Boost”, “Bass Boost”, etc.

L’argument devrait donc soigneusement tenir à l’écart les bassheads et autres amateurs de sensations fortes de cette paire d’intras, et venir titiller la curiosité des mélomanes et audiophiles intéressés par des approches plus neutres. Ou même les rares ingés son “aventureux” qui souhaiteraient travailler avec du monitor intra, même si je suis assez prudent sur l’intérêt de la chose.

La deuxième remarque, c’est que contrairement à la mouvance actuelle, le EB-50 ne fonctionne qu’avec un unique (gros) driver de 6mm plutôt que de faire dans le multi-voies. Sleek audio nous avait prouvé il y a quelques années que cela pouvait déboucher sur de très solides performances, voyons voir ce que Musical Fidelity aura réussi à en tirer.

Côté spécifications, rien de très original donc :

  • Type : Balanced armature (transducteur de 6mm)
  • Fréquence : de 10 Hz à 20 KHz
  • Niveau sonore : >100dB +/- 3dB @ 1KHz
  • Impédance : 26 Ohms +/- 10%
  • Atténuation des bruits ambiants : 26 dB
  • Cable de 1,2m à embout plaqué or
  • Poids : 28 g

Un écouteur bien construit… mais un câble à la traine

Design, design, mon beau design, dis moi qui est le plus beau du royaume ? Certainement pas l’EB-50  au regard de ce que peux proposer la concurrence (klipsch au hasard). Toutefois, le look assez passe partout et relativement dans l’ère du temps de l’intra devrait lui assurer une place dans la moyenne sur cet aspect, qui ne devrait pas constituer un frein à son adoption par la tranche hype et “soundwear” de la population audiophylisée. On notera même la petite touche d’originalité avec les quatre vis de couleur qui font également office de détrompeur Left (bleu) / Right (rouge).

Musical Fidelity EB-50 : Intra Flat ruler !

En terme de design, l’EB-50 se place dans les morphologies de type “Bullet”, nombreuses à avoir fleuri dans la lignée des Turbines.

Coté qualité de construction, la coque de l’intra mérite qu’on s’y attarde quelques instants. Musical Fidelity a en effet opté pour une coque en aluminium multi-couches afin de tuer tout phénomène de résonance. Ceci probablement afin de pouvoir honorer la deuxième promesse que l’on peut trouver à l’arrière de la boite : “Inertia free reproduction” que l’on peut cette fois-ci traduire par “reproduction du message sonore sans inertie”. Comprendre que l’EB-50 devrait être particulièrement rapide et éviter tout phénomène de basses et bas-medium baveux, et de manque d’autorité à marquer les césures.

Côté embouts, rien de très notables, on retrouve un bundle plutôt bien fourni avec 7 paires différentes, qui présentent quand même la particularité d’être colorés à l’intérieur, ce qui devrait vous permettre de les reconnaître parmi vos autres embouts si vous possédez/avez possédé d’autres intras.

Musical Fidelity EB-50 : Intra Flat ruler !

Musical Fidelity EB-50 : Intra Flat ruler !

Les embouts viennent dans une petite valisette bien pratique qui permettront aux gens soigneux de les garder bien classés. On remarque dans la photo ci-dessus une regrettable inversion des embouts orange et verts. Côté confort, les embouts sont dans la moyenne de ce qu’on peut trouver, ni trop souples ni trop rigides, et cela dépendra in fine de la morphologie de votre conduit auditif. A titre personnel, il m’a été impossible de mettre les triflanges, mais les biflanges, et single flanges (mode semi-intra) ont fait l’affaire.

Enfin le bundle assez riche arrive également avec :

  • deux guides d’oreille en plastique souples, pour limiter les bruits de frottement remontés par le cable lorsque vous les porterez,
  • une petite housse Musical Fidelity, plus transportable que la valisette de rangement.
  • Une petite pince pour accrocher le câble à votre chemise/veste et éviter les arrachages intempestifs.
  • Un petit élastique en caoutchouc large qui permet d’enrouler le câble sur lui-même.

Maintenant le moins bien : le câble. 

Certains éléments sont à surveiller lors de l’achat de tout intra : le câble est le point le plus important. Il sera le garant que votre intra ne mourra pas prématurément et que votre investissement sera relativement pérenne. Les cimetières audiophiles sont remplis d’intras dont le câble a lâché, soit au niveau du jack de raccord, soit aux jonctions avec la coque des drivers, soit au raccord avec le micro/télécommande pour les cables qui en sont équipés.

En ce qui concerne l’EB-50, je ne suis que très moyennement rassuré sur ces points.

  • Le jack est plutôt fin (trop), mais présente au moins l’avantage d’être coudé, ce qui devrait limiter les contraintes d’effet de levier une fois dans une poche. En revanche un solide “-” pour le tribroche de raccord du jack qui est au formal Apple, et qui ne sera donc pas forcément compatible avec vos baladeurs. Vous devrez éventuellement passer par un petit adaptateur ad-hoc.
  • Les raccords autour du micro n’ont pas l’air d’une qualité maximale
  • … et les raccords aux drivers ne sont pas détachables. Il vous faudra donc démonter l’intra pour tenter de ressouder un cable qui finirait par lâcher à cet endroit.

Musical Fidelity EB-50 : Intra Flat ruler !

Des performances musicales louables

Passons au plat de résistance : comment fonctionne aujourd’hui un produit à 200€ avec un seul et unique driver ?

a) L’avis de Bigtonio

Le protocole de test

  • Lecteur : Hisound Studio V
  • Format de fichiers : FLAC
  • Tests intensifs durant 1 semaine
  • Embouts “monoflanges”

Le compte rendu synthétique

Comme je l’évoquais précédemment, le EB-50 ne fonctionne pas avec mon Colorfly CK4. Encore une fois, le jack aux normes iDevice vient mettre la ***** dans la connectique, et ça… on aime pas. Qu’à cela ne tienne, je le testerai avec mon petit Studio V increvable, que j’apprécie énormément par ailleurs, car présentant un corps de son bien consistant et relativement musical plutôt qu’analytique. Place au son donc.

Isolation

  • L’EB-50 isole correctement. En situation de transport (RER et Métro), je n’ai pas eu de mal à m’immerger dans ma musique, relativement coupé des nuisances sonores…
  • Bien sûr, les triflanges isolent davantage que les biflanges, et enfin que les monoflanges. A vous de trouver l’embout qui constituera le meilleur compromis “confort/isolation/signature” (oui les embouts influent notablement sur la signature).

Présentation de la scène sonore

  • Assurément un des jolis points forts de l’EB-50, je n’avais que rarement vu une telle largeur de scène pour un intra (mis à part le phonak PFE 112 peut-être, derrière un bon ampli ?). Cette impression est d’autant plus forte que vous mettrez des embouts qui ne pénètrent que peu dans l’oreille.
  • L’écoute proposée est donc relativement large, et surtout, pas trop latéralisée comme sur beaucoup d’intras qui donnent l’impression que la musique provient d’un cône assez réduit, directement orienté vers le tympan. Ici point de tout celà, on parvient même à retrouver une certaine sphère d’écoute autour de la tête, lorsque les enregistrements sont soignés.
  • Le placement des différents instruments est également satisfaisant, voir encore une fois, supérieur à la concurrence. L’EB-50 a en effet une bonne capacité d’analyse qui lui permet de détourer les différentes voies avec une belle maestria.
  • Même sur des genres plutôt réputés complexes pour ce domaine, comme les rocks progressifs avec profusion d’instruments et/ou vos formations orchestrales préférés, l’EB-50 parvient à faire relativement mieux qu’une concurrence parfois beaucoup plus chère.

La signature

  • Equilibrée : globalement, Musical Fidelity n’a pas menti. L’EB-50 est un modèle d’équilibre tonal.
  • Dynamique : cet équilibre est d’autant plus appréciable qu’il est épaulé par une très solide dynamique qui lui permet de ne pas tomber dans le côté “ennuyeux” qu’on pourrait traditionnellement craindre avec des écouteurs “neutres”. Le contraste de l’image restituée est toujours d’une solide qualité, permettant d’apprécier les jeux de nuances de vos meilleurs enregistrements. Avec le Studio V qui offre déjà une très belle dynamique, l’apparaige fait des ravages sur tous les titres rock prog et metal que j’ai pu passer en revue.
  • Très rapide : l’EB-50 est effectivement dépourvu de toute inertie, pourvu que vous lui mettiez une source correcte en amont. Si votre source trainasse un peu (Cowon mon ami …), l’EB-50 ne fera cependant pas de miracle, selon le vieil adage “Shit in, Shit out”.
  • Une section basse soignée : la rapidité de l’EB-50 s’exprime particulièrement dans les basses. A la fois sèches et profondes, elles permettront de rendre honneur à vos titres chargés dans ces fréquences avec un niveau de performance rarement atteint en universel, même sur des produits beaucoup plus onéreux. Que ce soit sur  les batteries, ou les basses, vous apprécierez la percussion de l’ensemble et la belle tension du message sonore. Amateurs de métal, l’EB-50 est à écouter définitivement.
  • Un médium un peu en retrait en terme de qualité : je m’y attendais un peu du fait de la technologie monodriver (similaire à ce qu’on retrouve sur le IE80 de Sennheiser par exemple testé il y a quelques temps), les médiums sont moins bons que le reste du spectre. Cela est perceptible en termes de réalisme des timbres, qui sont un peu léger (manque de corps), et parfois moins détaillés que le reste du message sonore. Les violons dans les orchestres, les backs vocaux, certaines guitares (etc…) devraient notamment sonner un peu en deçà de ce que proposent des intras universels haut de gamme (Westone 4 et ES SM3 par exemple).
  • Des aigus soignés : heureusement l’EB-50 se rattrape dans les aigus, où il offre une belle présence et ne pose pas de couvercle artificiel sur le haut de spectre, comme la plupart des intras du marché à l’heure actuelle. Il sonnera ainsi notablement moins voilé que vos ES SM3 ou Westone UM3x. Les aigus sont également assez naturels et n’ont pas de consonance métallique trop marquée, ce que je reproche par exemple au Westone 4.
    Bref, ils proposent au regard du marché une belle prestation dans ce domaine, qui se retrouvera difficilement chez d’autres acteurs au même prix.

b) L’avis de Sylvain

Le protocole de test

  • Lecteur : Colorfly CK4 & Colorfly CK4 couplé AMP911 EarSonics
  • Format de fichiers : Wav exclusif
  • Tests intensifs durant 3 heures
  • Embouts “monoflanges”

Présentation de la scène sonore

  • D’emblée, la première chose constatée est une scène sonore très large dans les 2 dimensions, mais sans excès en ce sens où les EB50 respectent les placements des instruments et les rapports entre les musiciens. Bon point car sur ce critère, rares dans cette gamme sont les intras pouvant se targuer d’un tel niveau de performance.
  • Ecoute que je qualifierais de lumineuse, ici pas besoin de se concentrer, surement à rapprocher au recours à un seul driver, l’EB50 propose une écoute rapide, limpide, sans voile ni coupure rédhibitoire sur le  spectre fréquentiel.

La signature

  • Equilibre : bel équilibre spectral dans son ensemble, avec cependant une section grave qui “boursouffle” un peu, de la vitesse, mais léger manque de tenue.
  • Dynamique : un excellent point, l’EB50 est de par son excellente dynamique très vivant, tout en conservant un caractère très maitrisé. Les amoureux de musique avec des percutions et transitoires rapides vont se régaler.
  • Très rapide : même constat que Bigtonio, pas d’inertie, le mono driver parle encore à son avantage.
  • Des aigus soignés : oui des aigus soignés, mais là également comme pour la section grave, dans les limites du spectre on ressent rapidement toutefois les limites de la technlogie mono driver.  Par contre vis à vis de la concurrence sur cette gamme tarifaire, c’est le carton plein.
  • Un médium un peu en retrait : sur cette bande de fréquence, l’EB50 est un peu en retrait ce qui n’est pas surprenant, c’était affiché d’emblée sur la boiboite “Ruler flat frequency response”. Cela se traduit à l’écoute par une franche neutralité, en exemple des voix très propres mais qui restent souvent un peu “plates” et en retrait toutes proportions gardées, proposant une écoute détaillée mais manquant un peu de fun à mon goût…

Globalement, l’EB50 représente une belle surprise dans la gamme des 200/250 euros, ses performances sont associées à une réelle qualité de fabrication hormis le câble en peu en deçà de ce que l’on est en droit d’attendre dans cette gamme.

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Musicalement parlant, Musical Fidelity offre un intra très performant, dont l’équilibre tonal, la rapidité et la belle scène sont aujourd’hui des références dans sa gamme de prix. On regrettera cependant le parti-pris  de ne pas avoir proposé de câble détachable pour quelques euros de plus, et le jack fait pour les iDevices, parfois incompatible avec d’autres matériels.

Cela dit, l’EB-50 est un des meilleurs choix d’intras universels à ce jour en terme de rapport qualité/prix, et probablement le seul à proposer un tel équilibre. Une réussite pour Musical Fidelity donc, pour ce premier essai en territoire “intras”.

Si vous souhaitez discuter avec nous de ce test, n’hésitez pas à nous rejoindre ici, sur le forum.

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