Working mum a revêtu ses baskets et elle a laissé bébé avec papa le temps d’une grosse journée. Devenue sportiv’mum ou complètement folle pour se lever à 5H15, un jour où justement sans bébé elle aurait pu dormir bien plus longtemps… Mais voilà, c’est ça l’adrénaline du sport, de l’effort sportif à venir, d’un objectif personnel à atteindre… Gravir le second volcan plus actif au monde, j’ai nommé le piton de la Fournaise.
Vous entrez dans une zone d’activité volcanique, vous êtes prévenus!
Le piton de la Fournaise culmine à 2 631 mètres et pour en rajouter dans mon défi sportif, c’est un des volcans les plus surveillés au monde: on note une éruption tous les 9 mois. La dernière date de 2010.
Le piton de la Fournaise en éruption en avril 2007, les coulées de lave ont directement atterries dans l’océan
Bien qu’il se dit que la Réunion est une petite île, le volcan est à 2H30 de route de chez moi. Ainsi, j’ai testé pour la première fois un gîte d’étape, un gite de montagne « le gîte du volcan » qui se situe à 500 mètres du début du sentier. Objectif: faire le volcan au levé du jour, c’était donc le plus simple de partir la veille.
Une fois les pulls rassemblés et les pantalons à mettre les uns sous les autres (9 degrés le matin, je perds donc plus de 20 degrés, je ne suis plus équipée pour ces températures) et les repas prêts, nous prenons la route avec le frérot. Le gîte est de base, minimum syndical je dirais. 21H, je file au lit après m’être lavée les dents. Le gag: l’eau est tellement froide que j’en ai mal aux dents! Non, je n’irais pas sous la douche (vive les lingettes!). Second gag: les portes des chambres (4 chambres de 4) se ferment grâce à un loquet mais placé à l’extérieur de la porte! Je prie (presque) pour qu’on ne rencontre pas un psychopathe.
Quel bonheur de se glisser sous des couvertures! Je ne fonctionne qu’avec la clim la nuit à la maison et je t’assure: on dort mieux sous la couette! Le réveil a sonné, je n’avais point bougé! Un réveil qui m’inquiète car j’entends la pluie. En effet, il pleut tous les jours ou presque au volcan. On ne peut jamais prédire la météo au volcan, elle change d’une minute à l’autre. Étonnant mais véridique. On a confiance en notre bonne étoile et on se lève. Je m’habille aussi vite qu’il le faut pour l’écrire. En un rien de temps, nous sommes dehors pour vérifier le temps. C’est guère joli. Les nuages sont très bas… Mais on veut y croire.
5H45: nous sommes sur le parking face au volcan qu’on ne voit absolument pas. Un immense nuage le recouvre totalement. La pluie tombe en fine goutte sur le pare-brise. On prend le petit déjeuner: pains au chocolat et Yop. Et on attend… On regarde autour de nous. Loin d’être les seuls fous. Ce qui n’est pas rassurant. 6H: nous voyons les premiers randonneurs partir. Nous attendons un signe du ciel: le vent soulève de temps à autre le nuage qui n’a qu’une envie: rester coller au volcan. La pluie s’arrête. il n’en faut pas plus: 6H30 c’est le départ de notre randonnée.
La vue sur le volcan de la Fournaise quand c’est bien dégagé.
La pluie fine présente par intermittence et ces nuages donnent une ambiance de fin du monde. Nous descendons dans l’enclos du volcan. Il y a 515 marches. L’enclos est en réalité un effondrement de la terre, au sol, il n’y a que de la lave craquelée et de la végétation qui arrive pourtant à pousser…
Vue depuis le point de vue sur l’enclos Dolomieu
Les 515 marches débutent et terminent la randonnée, la tour Eiffel pourrait y rentrer sans dépasser
Le début de la randonnée est facile puisqu’elle se fait sur terrain plat. Il faut juste faire attention à ne pas déraper et bien regarder où poser les pieds car la lave ne permet pas toujours de bons appuis, c’est une roche plutôt glissante.
Par endroit, la lave prend des formes plutôt esthétiques
Au bout de 10 minutes (même pas!), on accède à un petit cratère, le Formica Leo. C’est à faire même avec des enfants. facile, court…
- Vue sur Formica Leo avec normalement le volcan en fond!
Vue sur les remparts obstruée par les nuages
Quand ça se découvre, on se rend compte de l’immensité
On dépasse le petit cratère pour arriver un peu plus loin à la chapelle Rosemont. Là encore c’est facile d’y parvenir: terrain plat. C’est un peu monotone quand même… Plus on avance et plus le ciel se dégage: B-O-N-H-E-U-R
Bientôt la chapelle Rosemont !
Pour moi, c’est presque une réplique du village de Star wars A chacun ses références!
La chapelle Rosemont
On suit les traces blanches au sol pour continuer d’avancer, pas question de dévier étant sur une zone instable, la roche s’effrite par endroit, les cailloux ne sont pas tous bien en équilibre les uns sur les autres… Là, commence la montée mais elle se fait tout en douceur. Nous dépassons lentement mais surement les randonneurs partis avant nous.
Vue sur le piton des neiges depuis la randonnée du piton de la Fournaise
Nous nous retournons sur les conseils d’un créole pour découvrir le piton des neiges, le point culminant de l’île à plus de 3 000 mètres! Pourtant, nous sommes chanceux car ce créole ne l’a jamais vu découvert lors de sa dizaine de randos précédentes du piton de la Fournaise!! C’est grâce à lui qu’existe l’île mais aujourd’hui il n’est plus en activité.
Suite de la randonnée, le ciel est encore instable. Des nuages nous traversent parfois mais cela nous évite d’avoir trop chaud.
Le cratère Kapor avec un flou de nuages derrière
Des nuages sur le chemin de la Fournaise
Cela m’inquiète tout de même car je me demande si nous verrons quelque chose au sommet. Nous entendons les hélicos que les faignants touristes prennent pour faire un tour de l’île dont la Fournaise et son grand cratère font évidemment parti.
Nous dépassons encore des randonneurs et j’enlève mon pantalon. Enfin, je transpire, je sens l’effort mais sans plus. Le corps s’est juste mis en action (ha ouais là ça fait la fille qui se la raconte mais c’est ça: avoir de l’entrainement). En réalité, je suis sidérée par mon cœur et mon souffle qui sont au poil! Première fois que je fais une rando de ce type sans souffrir physiquement. Il faut dire que je fais du footing et du sport en salle dès que possible depuis un an. Cela porte ses fruits et ça me ravit!! Certains randonneurs font une pause, on leur demande pour combien de temps on va en avoir encore car ça commence à être long et chiant (oui, oui, mon goût de la rando ne doit pas être si poussé que ça!). Elle est con cette question, comment peuvent ils le savoir!? 30 minutes est leur réponse. J’en peux plus, je veux arriver (c’est plus mental que physique mais dans ces moments là, c’est sans doute le mental la différence). Mon vœu est exhaussé. Cette dernière montée, celle de trop, celle où les derniers randonneurs se sont arrêtés étaient la dernière!!
Nous arrivons ainsi les premiers au sommet du piton de la Fournaise à 8H40: 2H10 de montée sans pause. Un effort correct mais constant grâce à l’entrainement quotidien.
On leur crie: « Venez, il est là!!! »
Et nous contemplons… Une banane aux lèvres…
Le cratère de la Fournaise avec de la fumée visible tout en bas
Le cratère fait aujourd’hui un kilomètre de longueur pour 750 mètres de largeur et 350 mètres de profondeur. Au départ, ce cratère était ridiculement petit. Regardez le point en haut à gauche de la photo (il y a un demi cercle de couleur légèrement différente) et vous aurez sa taille première! Cela démontre bien que le volcan se façonne au rythme de ses éruptions et qu’elles peuvent être violentes.
Nous restons au sommet un bon moment, presque une heure. on mange, on rit, on parle, on accueille les autres randonneurs comme chez nous Bref on se sent bien, il ne fait pas si froid que cela. Parfois, un nuage arrive… Puis repart…
Le frère et la sœur au sommet de la Fournaise: fiers de notre rando!
Il est temps de repartir après avoir avalé 3 barres de céréales. Là, c’est de suite moins fun car il n’y a plus rien à voir. Tu empreintes le même chemin qu’à l’aller, tu as donc déjà tout vu… Néanmoins, les couleurs sont un peu différentes. Il est 9H30 passées, ça commence à taper et la terre se parre de rouge par endroit, notamment le cratère Kapor.
Cratère Kapor et son rouge vif
Encore des cheminées, signes de l’activité du volcan
Nous croisons beaucoup de randonneurs, en sueur, rouges d’effort « c’est loin? Vous descendez déjà!!?? ». Je plains ceux avec enfants, je suis contente d’avoir laissé ma fille! Mais j’ai hâte de la retrouver aussi
Je confirme: mieux vaut partir tôt, très tôt, le faire à la « fraiche ». Nous avons le soleil dans le dos et c’est mieux comme ça. Nous faisons toujours très attention à nos appuis, les descentes sont toujours pénibles pour ça. Je dérape deux fois… On s’active, on garde le rythme…. Quelques clichés en plus et hop, hop, hop, c’est déjà l’heure de remonter les 515 marches.
De retour au point de départ: il est 11H30. 4H aller-retour d’effort, petite victoire personnelle: le volcan est indiqué en 5H aller-retour.
Pour bien fêter cela: chips, chips et chips
C’est bien les journées rando: t’es fière de toi et tu ne culpabilises pas de manger mal!