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Le Monstre des Halles sort de terre et Libération s'en rend enfin compte !

Publié le 08 février 2013 par Delanopolis
Mieux vaut tard que jamais ! Sybille Vincendon qui avait suivi l'affaire de la rénovation des Halles entre 2003 et 2005 est allée faire un tour du côté du chantier de la Canopée. Effarée par la monstruosité de ce bâtiment-bubon, né de la lâcheté politique et du désintérêt de Delanoë pour l'architecture parisienne dès lors qu'elle ne facilite pas sa com', elle a décidé d'écrire enfin ce que le Delanopolis dit depuis des années. Les amoureux de Paris doivent en tout cas se préparer à un dur combat. Même si cette décision est coûteuse et terrible à prendre au vu de l'argent et de l'énergie gaspillés, un jour ou l'autre et le plus tôt sera le mieux, il faudra avoir le courage de raser cet immondice géant légué par Delanoë à Paris, triste image de sa réalité politique. Serge Federbusch Le Monstre des Halles sort de terre et Libération s'en rend enfin compte ! "La véritable malédiction des Halles

Il faut aller voir ce qui est en train de sortir sur le chantier des Halles, à Paris, et ne surtout pas penser au souvenir de Baltard. On risquerait de pleurer. Grimpé sur le belvédère, on peut contempler la charpente de la «Canopée», toit géant dessiné par les architectes Berger et Anziutti. Et... comment dire ? Cet entrelacs de poutres métalliques a l'air taillé pour porter une centrale nucléaire. Tout est mastoc, lourd, pesant, présent.

Certes, il y aura du verre par-dessus tout cela. Mais il ne se produira aucun miracle : même déguisé, un obèse ne ressemblera jamais à un elfe. L'éléphant est définitivement dans le salon.

On a beau savoir que l'ingénierie française est traumatisée par l'effondrement du terminal 2 E de l'aéroport Charles-de-Gaulle en 2004, on ne peut s'empêcher de penser qu'il ne s'agit que de faire tenir un toit. A moins que le problème soit ce toit. Trop grand, trop complexe. Trop cher infine (son coût a quasi doublé) et peut-être inutile en prime. Mais l'histoire du toit raconte à elle seule la véritable malédiction des Halles, qui est celle de la décision. La décision, en 1971 sous Georges Pompidou, quand la ville était administrée par le préfet, de détruire les pavillons XIXe de Victor Baltard. La décision, en 1977 sous Jacques Chirac, maire de Paris, de créer à la place le centre commercial du Forum des Halles, une médiocrité banale comme il s'en trouve en périphérie, avec plafonds bas et effet labyrinthique. La décision, enfin,
en 2004, sous Bertrand Delanoë, maire de Paris, de choisir le projet de l'architecte David Mangin parmi quatre concurrents, avec un toit plat de deux hectares. Mais, mais, mais ... avec la promesse d'un autre concours d'architecture, pour redessiner le toit en question.

Drôle de circuit décisionnaire. Le toit plat est alors devenu la Canopée courbe et ce que l'on voit pousser aujourd'hui. Tous les architectes gardent un souvenir ému du concours de Beaubourg, en 1971. Le jury, présidé par l'ingénieur Jean Prouvé, avait choisi le projet Piano-Rogers qui ne plaisait guère au président Pompidou. Mais il respecta ce choix. Celui qui avait pris une si mauvaise décision pour les Halles venait d'en prendre une véritablement bonne en faisant confiance aux hommes de l'art qu'il avait réunis.

Trente ans plus tard, rien de tout cela. Les pires génies de la mauvaise décision ont plané sur les Halles. Tout étant parti d'un problème de sécurité dans la gare d'échanges du RER Châtelet-les-Halles, c'était la commission d'appel d'offres de la Ville qui devait choisir. Pas de jury d'architecture donc, mais quand même quatre architectes en lice, dont le Néerlandais Rem Koolhaas. Au début, Delanoë admit en petit comité qu'il avait sa préférence. Puis, peut-être pas si sûr de ses goûts, le maire devint l'otage de tous. D'une association de riverains, de l'exploitant du Forum des Halles, des Verts, encore puissants au conseil de Paris dans ce premier mandat.

Désormais, nous voyons se concrétiser le résultat de ses doutes. Aux Halles, à l'avenir, nous aurons cette construction et nos yeux pour pleurer.

Par Sibylle Vincendon,
Journaliste à Libération"


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