Parce qu'ils n'ont aucune objectivité. Oui, je vous donne la réponse directement, parce que c'est pas le plus dur à comprendre. Je me rends compte que si ma mère est l'équivalent, parfois, d'une bonne amie devant qui je peux pleurer sereinement, ce n'est pas celle qui saura trouver pile les bons mots pour me faire du bien. Car elle reste ma mère.
Premier cas de figure : Mon copain m'a larguée il y a trois semaines après une longue histoire et je n'ai aucune envie de me suicider socialement. J'ai rendez-vous avec un homme ce soir, pour faire connaissance et accessoirement, sans oser le dire, pour remplir ma soirée.
Ce que je devrais lui dire : Maman, j'ai un rendez-vous avec un homme ce soir, il travaille au Mcdo, il va me faire des hamburgers maisons et on va regarder Shrek.
Ce qu'elle me répondrait : Non, mais, tu crois pas que c'est un peu tôt ? Ca ne fait que trois semaines, tu ne devrais pas y aller, et puis voir des hommes aussi tôt ce n'est pas bon pour ton petit coeur ! Et puis si ça se trouve c'est un fou qui va te violer et te découper en morceaux, ou l'inverse même ! Non, je ne veux pas que tu y ailles, prends un bol de soupe et monte tout de suite dans ta chambre !
Ce que je lui dis : Axelle fait une soirée chez elle avec quelques amis, j'y vais.
Ce qu'elle me répond : Ooooh, c'est bien ma chérie, tu fais bien de sortir un peu !
Trop facile.
Deuxième cas de figure : Dans le même contexte amoureux que le précédent, ma mère remarque qu'en ce moment, j'envoie beaucoup de textos.
Ce qu'on devrait se dire :
Maman : dis donc, tu envoies beaucoup de textos en ce moment...
Ellie : Ouais, je flirtouille avec un mec potentiellement sympa et je suis en manque de cul donc c'est toujours bien pratique.
Maman : *rupture d'anévrisme*.
Ce qu'on se dit :
Maman : dis donc, tu envoies beaucoup de textos en ce moment...
Ellie : Ouais, mes amis sont géniaux, toujours là pour moi, je les aime d'amour.
Maman : Cool !
Promis, je l'aime. Mais ça implique l'obligation de lui mentir, et d'édulcorer la réalité. Je ne veux que son bien, c'est juré.
Cas de figure numéro 3 : Dans le même contexte amoureux que le précédent, mon père me demande si ça va, après la rupture.
Ce que je devrais lui dire : Moi, ça va, par contre j'ai envoyé une pizza à la mort-au-rat à mon ex et si je pouvais avoir l'adresse de sa nouvelle copine, ça ferait beaucoup de bien à la hache que je tiens dans ma main.
Ce qu'il me répondrait : T'as bien raison, c'est vraiment qu'un petit con, achève-le bien.
Ce que je dis : Ouais, impeccable, ça va comme sur des roulettes p'pa.
Ce qu'il répond : C'est bien, alors... Prend soin de toi.
Là, en l'occurence, c'est pour le bien du reste de l'humanité que je me dois d'abolir toute forme d'honnêteté dans nos échanges. Mon père ne supporte pas qu'on fasse pleurer sa fille, alors même si ça fait longtemps que j'ai arrêté de lâcher des larmes à tout va, le mal est déjà fait. Si c'était légal, mon ex n'aurait plus de genoux, haha (oh, elle a ri, c'te guenon).
C'est l'article "fun" du vendredi soir. Enfin, moi je trouve ça fun, je dois avoir un grain au plafond... Parce que finalement, je sais bien que c'est impossible d'être complètement honnête dans ce domaine-là avec les parents. Un mot de travers peut leur faire du mal, nous faire du mal, faire du mal à de pauvres innocents. Peut-être est-il donc préférable de s'en tenir à ce genre de discussions, sorties tout droit d'un épisode des Télétubies, et de laisser nos vies amoureuses chaotiques suivrent leur cours sans en avertir nos géniteurs...