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Il n'y aura pas de SI purement SOA

Publié le 03 février 2008 par Mederic

01DSI.jpgVous trouverez ci-dessous la transcription d'une interview réalisée pour 01 DSI et publiée dans le numéro du 18 janvier de 01 Informatique.
La version complète en PDF de cette interview est aussi disponible ici.

01DSI : SOA a été l’un des thèmes récurrents de l’année 2007. Sa réalité dans les entreprises est pourtant beaucoup plus modeste. Comment expliquer cette différence ?

Aujourd’hui, les barrières technologiques sont tombées. HTTP, XML, IP... Toutes ces technologies nous permettent d’envisager des architectures orientées services. Reste que pour faire collaborer deux services, il faut qu’ils s’échangent des paramètres, qu’ils aient un langage, un référentiel communs. Et là, on tombe dans la problématique classique de l’urbanisation du SI. Qu’est-ce qui est dans le référentiel ? Qu’est-ce qui n’y est pas ? Qui est propriétaire des données? Bref, envisager un SI complètement SOA implique de passer au crible l’ensemble des processus et des données de l’entreprise. La tâche est immense, voire impossible d’un point de vue pratique. Du coup, aujourd’hui, les projets SOA qui avancent sont de petits projets ou, au moins, des projets à périmètre restreint, de type éditique ou CRM, par exemple. Avec ce type de projets, l’ambition est mesurée mais le risque maîtrisé, car on ne propage pas les problématiques d’une application à une autre.

01DSI : L’urbanisation est donc directement mise en cause... Que font les urbanistes alors ?

Rapprochons le rôle de l’urbaniste de celui de l’architecte. Comme dans la « vraie vie », l’urbaniste s’occupe du cadre dans lequel l’architecte va construire ses applications. L’architecte s’occupe de l’intérêt du projet, l’urbaniste de l’intérêt général. Or, en France, l’expérience montre que les urbanistes en sont encore souvent à cartographier le système, pas à édicter les règles d’évolution du SI en fonction d’une vision métier stratégique.

01DSI : Il n’y a pas d’issue alors ?

Si, bien sûr, mais je ne pense pas que l’on voie un jour des SI purement SOA. En matière d’urbanisation, il y a deux approches. L’une, plus française, est l’approche top-down. Elle est excellente d’un point de vue théorique mais ses bénéfices en termes de ROI ne sont perceptibles qu’à long terme, ce qui revient à dire qu’elle est difficile à faire passer auprès des directions financières. La seconde, plus anglo-saxonne, de type bottom-up , est plus risquée à terme mais bénéficie d’un ROI plus rapide. En fait l’approche topdown est un piège si on la pense au niveau global. Le SI est stratifié, historique. pratiquement, le top-down ne peut s’appliquer qu’à un niveau local. Il faut donc arbitrer entre les deux approches. Et cet arbitrage est particulièrement complexe.

01DSI : Malgré ces freins, l’arrivée de SOA, mais aussi, les offres SaaS, les services Web, marque-t-elle la fin des progiciels ?

Certainement pas. Mais ils vont devoir évoluer et le processus est d’ailleurs déjà engagé. Les éditeurs vont devoir donner accès à leurs briques élémentaires. Les boîtes noires qu’ils étaient doivent se transformer en boîtes blanches. C’est d’ailleurs l’une des clés du succès de SOA.

01DSI : Une bonne nouvelle quand même sur le front du SOA ?

Oui, sans doute. La complexité des SI augmente parce que les métiers sont toujours plus exigeants. SOA ne réduit pas cette complexité mais accroît l’agilité du SI vis-à-vis de ces demandes croissantes. Du coup, la bonne nouvelle, c’est que les informaticiens ont du travail pour longtemps...


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