Marisol Touraine par franceinter
Invitée de la matinale spéciale de France Inter consacrée aux urgences, Marisol Touraine a annoncé une série de réflexions et de mesures pour résoudre le problème de l'engorgement de ces services.
Le problème de l’hôpital ne se règle pas uniquement à l’intérieur de l’hôpital
Le nombre des urgences a doublé en une vingtaine d'années : actuellement l'AP-HP traite 20 millions d'urgences par an. La ministre de la Santé a tout d'abord rappelé que les urgences françaises font partie des fleurons de notre médecine, des services qui sont reconnus et enviés à l’étranger. La ministre a suggéré une réflexion en amont sur l'augmentation de la fréquentation des urgences par les Français.
La problématique de l'engorgement des services d'urgence est sous-tendue par un enjeu d'organisation: en effet, le renforcement des effectifs est une des solutions qui pourrait être apportée, mais Marisol Touraine a déclaré que ce n'était pas «la seule réponse.»
Ces services ont aussi besoin d'une meilleure organisation en interne, comme à l'extérieur de l'hôpital.
Même s'il y a des endroits où il peut manquer de postes, où il peut manquer du personnel, la réponse ne réside pas uniquement dans le fait d'apporter davantage de personnel.
Fin de la convergence public-privé
La ministre de la Santé a souligné la nouvelle approche du gouvernement, en rupture avec ses prédecesseurs : jusqu'alors l’hôpital public, avait été nié dans sa spécificité, le privé, comme le public bénéficiant du même mode de financement.
Or, la spécificité de l'hôpital public réside dans l'accueil de «tout le monde sans demander son niveau social, quel que soit le lieu où il habite, quelle que soit sa pathologie.» Par conséquent, dans la loi de financement de la Sécurité sociale, M.Touraine a mis fin à ce qu’on appelle « la convergence ».
L'action du gouvernement va dans une direction nette : la priorité est donnée au service hospitalier. Concrètement, cela se traduit par une suppression du gel des dépenses pour des «missions d'intérêt général». En ce sens, la ministre a annoncé des moyens complémentaires alloués à l'hôpital public pour l'année 2013 :
1,6 milliard d’euros de plus seront attribués à l'investissement, à l’accueil des patients
Expérimentation d'une salle de consommation à moindre risque à Paris
La ministre de la Santé est enfin revenue sur l'ouverture d'une salle de consommation à moindre risque à Paris, à titre expérimental. Elle a déclaré :
Plutôt que de se voiler la face, il faut mieux essayer d'apporter des réponses (...) C'est un programme de sécurité et de santé publique.
Le projet d'expérimentation sera mené dans le cadre de la loi de santé publique du 9 juillet 2004 qui définit la politique de réduction des risques et elle bénéficiera d’une évaluation scientifique indépendante et rigoureuse. Le gouvernement fait face à la réalité : «les personnes toxicomanes sont des personnes malades», à ce titre «il faut faire en sorte de les accompagner» a-t-elle déclaré.
Actuellement illégales en France, ces salles de consommation sont destinées aux toxicomanes de rue, précarisés et en rupture. L'objectif est de leur permettre de consommer leurs propres produits dans de bonnes conditions d'hygiène, sous l'encadrement de personnels de santé.
Pour veiller aux conditions de cette expérimentation et assurer son évaluation, Marisol Touraine a demandé à la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT) d’accompagner la ville de Paris, en lien avec les ministères concernés, dans ses travaux préparatoires tels que le choix du site, la définition du cahier des charges ou l’évaluation scientifique.