Magazine France

Gogo de Google

Publié le 10 février 2013 par Malesherbes

Google a été créé autour d’un moteur de recherche. Ce type d’outil considère les contenants auxquels il a accès sur l’Internet. Il extrait de chacun d’entre eux des éléments significatifs et les associe dans un index à l’adresse internet du contenant considéré. Ainsi par exemple, si je suis à la recherche d’informations sur la Constitution de 1958, j’indique dans la zone de recherche de Google, Constitution et 1958. Google parcourt alors les index qu’il a constitués, relève toutes les occurrences de ces deux éléments trouvées dans ces index et leur adjoint les adresses qui leur sont associées. Il me présente ensuite sous forme de liens la liste des contenants ainsi identifiés. Il me suffit alors de cliquer sur eux pour y accéder.

Mais, comme disent les Américains, « there is no free lunch » (on n’a pas de repas gratis). Il faut bien financer les développements et les ordinateurs qui permettent à Google de faire vivre son produit. Ces ressources sont constituées en associant à la liste de résultats des panneaux publicitaires que des entreprises paient pour promouvoir leurs produits et services. Et elles peuvent espérer que ces panneaux seront plus efficaces parce que choisis en fonction du contexte de la question et donc plus susceptibles d’intéresser les auteurs des questions.

Nous arrivons maintenant au cœur du problème. Les éditeurs de presse ne peuvent pas admettre que Google utilise à son seul profit des éléments qu’ils ont fabriqués, sans participer au financement de leur confection. Si j’ai bien compris, la position de Google fut plutôt impérialiste : si nous ne pouvons plus accéder à ces informations sans payer, nous ne les référencerons plus dans nos moteurs de recherche. Il est possible que nos éditeurs aient frémi devant ce chantage, craignant une moindre diffusion de leurs produits rédactionnels. Je ne suis pas certain que cette menace puisse vraiment être mise à exécution : comment un outil universel comme Google pourrait se priver de tout un pan de l’information de source française ?

Toujours est-il que, victoire, un accord a été conclu ! Google financerait pour 60 millions des projets destinés à faciliter le passage de la presse française vers davantage de numérique. Un nouveau point de la situation serait fait dans trois ans. La première remarque que l’on peut faire est que cette générosité de Google est principalement utilisée pour rendre la presse française davantage utilisable par Google, ce qui est plutôt unilatéral.

La deuxième remarque à relever est que les éditeurs de logiciel ont longtemps hésité sur le mode de facturation de leurs produits. La première solution retenue a été l’achat. On dispose ainsi d’un apport d’argent frais qui permet d’amortir plus rapidement les coûts de développement. L’ennui ensuite est qu’il est difficile de faire évoluer les clients vers de nouvelles versions. Les éditeurs fournissant rarement des composants permettant de monter vers une nouvelle version à partir de l’ancienne, l’évolution vers de nouvelles versions se trouve freinée tout en imposant le maintien simultané de plusieurs versions. Ceci conduit à proposer aux clients une formule de location et c’est ce mode de facturation que Microsoft vient de consacrer pour Office.

Il est incontestable que la formule de location est à préférer. Sous réserve des termes de l’accord, il semblerait que l’on présente comme un succès ce qui est un abandon. L’État a déjà commis la sottise de vendre à des sociétés privées des autoroutes aux frais de construction amortis. Ces gestionnaires privés se sont empressés de retirer leurs sociétés de la bourse, afin de ne pas avoir de comptes à fournir et de se goinfrer tout à loisir. Cet accord avec Google n’est pas un succès, c’est une capitulation. Google peut très bien mesurer l’utilisation qui est faite des ressources mises en ligne par la presse française. Il suffit de s’entendre sur le taux de facturation de ces accès.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Malesherbes 59 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte