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On the roc

Publié le 10 avril 2008 par Jlhuss

par Lod 

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Cela fait bientôt un an que je me suis mise à l’escalade. Je me revois encore au pied du mur, le premier soir, persuadée que, non, finalement, je n’y arriverais pas, en haut, et que bof, dans le fond, de l’escalade ? pour quoi faire ?… 

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Et puis un mois après il y a eu le Basaltrip, grande compétition annuelle (et déguisée !), à laquelle le mono nous avait obligées à participer… Nous ne grimpions que depuis un mois, sur des murs (donc voies artificielles) à l’extérieur du gymnase.

L’avantage de l’artificiel, c’est que les prises sont de gros (plus ou moins) machins (ou trucs éventuellement) de couleurs vives, et que donc tu n’as pas à les chercher, elles te disent clairement « Coucou, je suis là, je suis la grosse prise rouge et tu peux mettre ton pied gauche dessus ! » 

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Alors qu’en site naturel, tu peux te brosser ! Ce sont de vrais rochers, gris, et tu te démerdes pour trouver où t’accrocher. Et justement ce dimanche-là nous étions dans une ravine (dite des Avirons) et il fallait escalader des « blocs » : ce sont des rochers pas trop hauts, ce qui fait qu’au début quelqu’un d’un peu orgueilleux comme moi s’exclame : « Eh oh ! Y sont minus, ces rochers ! Je sais quand même grimper sur un rocher ! » Pis en fait, tu te rends compte que pas forcément… Les plus hauts faisaient peut-être 8 mètres, la plupart entre 2 et 4 mètres, et ils étaient classés en fonction de leur difficulté. Nous, nous étions dans la catégorie « pieds tendres », alors nous avions droit aux rochers avec du jaune, de l’orange ou du bleu dessus.

Alors le truc aussi, quand tu escalades du bloc, c’est que tu n’es pas du tout attaché ni assuré comme sur un mur : pas de baudrier, pas de corde. Si tu tombes, tu meurs ! (Ok, je dramatise. Si tu tombes, tu tombes vraiment, sur un tapis et dans les bras de ton partenaire qui fait la parade, c’est-à-dire que tu l’écrabouilles de tout ton poids au pied du rocher…)

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Donc, « pieds tendres », c’étaient les débutants. Il y avait « pieds tendres enfants » et « pieds tendres adultes » (dont nous.) Et tu comprends assez vite pourquoi ce nom de « pieds tendres ». Disons que j’avais commis l’erreur fatale de garder mes chaussons d’escalade aux pieds les trois premières heures non stop, « chaussons » qui n’ont de douillet que le nom, car ce sont en fait deux instruments de torture, qu’on est censé acheter deux pointures en dessous de la sienne (mais même à ta taille, ils sont trop petits de toute façon…) Et donc, à la pause casse-croûte, je les avais retirés : deuxième erreur fatale ! Primo, j’avais vraiment flippé en découvrant que mes orteils s’étaient incrustés les uns dans les autres, secundo il m’avait été quasi impossible de les remettre ensuite car, au bout d’un quart d’heure, mes orteils avaient gonflé comme des éponges posées sur une surface humide, et refusaient catégoriquement d’y retourner. J’avais eu beau leur dire : « Eh, les gars, il reste trois heures, il faut s’y remettre, oh ! » Rien à faire… J’avais encore vachement envie de grimper, alors je m’étais traînée en tongs d’une voie à l’autre, j’avais enfilé mes chaussons en hurlant, essayé de grimper toujours en hurlant, mais je n’avais plus fait grand-chose l’après-midi… J’avais bien tenté de la jouer « moine Shaolin » : « Douleur, tu n’es qu’un mot ! », mais bon… Je me souviens qu’Iris (venue encourager sa maman) m’avait écrasé le pied sans faire exprès : j’avais manqué de tomber dans les pommes…

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Bon, bien sûr, aujourd’hui je masterise complètement, je veux dire, quoi… (prononcer « ch’veux diiiire, quoâââââ ! ») Déjà, je possède le vocabulaire, des mots savants issus du latin comme « se mettre en lolotte », « se servir du dièdre », « avoir les bras daubés » ou encore « faire un pied-main ». Et puis j’ai appris des nœuds qui font staïïïle : le cabestan, le nœud de huit, d’ailleurs je ne lace plus jamais mes baskets comme vous autres avec une bête grande-boucle-qui-passe-autour-de-la-petite-boucle-et-coucou-les-oreilles-de-lapin !

J’ai même grimpé au Ouaki, vertigineuse falaise abrupte et hostile (bon, là où l’on nous a emmenées, c’était le « Ouaki plage », du 5B pour débutants, mais il ne faut pas le dire…). Dans le lit de la rivière asséchée, cernés de rochers arrachés à l’immémoriale montagne, et que charria l’impétueux torrent déchaîné jadis par quelque cyclone cataclysmique, la nature semble te dire : « C’est qui qui commande, ici ? »

Une fois par semaine, le jeudi soir, je plaque tout, le mari, les enfants, je saisis mon sac plein de chaussons, de mousquetons, de magnésie comme s’il en neigeait, j’attrape Chrystèle devant le Crack (superette locale, je sais, ça fait naze…) et à nous les voies ! Quelques mauvaises langues susurrent dans l’ombre que nous sommes surtout intéressées par les torses nus des grimpeurs de sexe masculin… Tout ça parce qu’on se maquille pour aller à l’escalade ! C’est vraiment petit…

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Et puis il y a mieux, comme plan drague : au bout de dix minutes, tu te retrouves trempé de sueur, blanc de magnésie, pour peu que tu remontes une mèche de cheveux avec tes doigts noircis par les cordes et les prises sales, tu ressembles au petit ramoneur du conte, et quand tu retires tes chaussons entre deux voies, le délicat fumet qui s’en élève agit comme un champ magnétique répulsif immédiat autour de ta personne… Non, l’amour du sport, j’vous l’dis !

« L’amour du sport ? Toi, Lod, qui dépensas tant d’énergie pour t’en faire dispenser au collège puis au lycée ?

- Ben oui, on change…

- Fais gaffe, tu vas finir par être sociable, aussi ! »

Lod  


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