Alors que BlackBerry 7 finit lentement mais surement sa carrière et que Playbook OS 2 avait amorcé l’arrivée du nouvel OS de la firme canadienne, c’est le 30 janvier 2013 que BlackBerry a annoncé officiellement son nouvel OS, BlackBerry 10, qui ne suit aucune logique en terme de numérotation de version, mais qui se veut être synonyme de changement.
Avec en ligne de mire iOS, Android et Windows Phone, BlackBerry 10 se lance enfin avec deux appareils, les BlackBerry Z10 et Q10. Avec une nouvelle approche, le nouvel OS du constructeur canadien se veut toujours destiné aux professionnels, mais aussi multimédia pour accrocher le grand public. Je salue au passage BlackBerry pour avoir été capable de se remettre en question et surtout réussir là où d’autres constructeurs emblématiques n’ont pas réussi, à savoir développer un tout nouvel OS à partir de zéro et en faisant abstraction du passé. BlackBerry 10 est définitivement différent de ce qu’on a pu connaître par le passé chez RIM.
Interface Utilisateur
Signe du temps, BlackBerry 10 a été développé de manière à prendre en compte les smartphones tout tactiles. Inspiré par les gestes introduits avec la Playbook et QNX, la base de l’expérience utilisateur proposée par BlackBerry 10 est justement les gestes afin de limiter le principe d’entrée/sortie au niveau des applications. C’est d’ailleurs comme ça que BlackBerry présente sa technologie Flow qui permet ainsi de pouvoir faire pas mal d’actions à partir d’un simple doigt et sans forcément le lever.
Exit donc le fameux bouton (même virtuel) Home puisqu’un geste du bas de l’écran vers le haut vous permettra non seulement d’accéder à votre classique grille d’application, mais aussi aux multitâches et au fameux BlackBerry Hub. Pour le multitâches, il se présente sous la forme d’une grille de tuiles (jusqu’à 8 applications). Le constructeur canadien a fait en sorte, comme sur QNX, que ça soit un vrai multitâche et non une simple liste d’applications en pause. Ainsi, lorsqu’une application est dans l’écran multitâches, elle est toujours active et sa tuile est interactive, un peu comme sur Windows Phone.
On l’avait déjà vu avec la Playbook, mais BlackBerry propose une expérience bien pensée et il est vrai que les gestes proposés sont intuitifs après un petit apprentissage et plus rapide dans la vie de tous les jours que les boutons (même virtuels). Ainsi, pour passer d’une application à une autre, il suffit de faire geste vers la droite ou la gauche depuis le bord de l’écran, c’est tout simple, mais il fallait le mettre en place et c’est vrai qu’aucun OS concurrent ne le propose actuellement. Au passage, c’est dommage que BlackBerry ne se soit pas plus inspiré de WebOS et/ou de la Playbook pour fermer une application. En effet, il y a simplement une petite croix classique pour fermer l’application alors que j’aurais bien aimé pouvoir faire un geste vers le haut.
Ă€ partir de l’écran de Multi-Tâches, vous accéderez à la grille d’application sur la droite et au BlackBerry Hub sur la gauche. Évidemment, vous pourrez organiser vos icônes comme vous le souhaitez, les dossiers étant supportés. Par contre, BlackBerry a repris le principe d’iOS à savoir que vous ne pourrez pas placer les icônes/dossiers n’importe où sur la grille de 4×4, tout se suit. On notera enfin une sorte de dock avec la recherche, le téléphone et l’application Photo.
Ă€ noter que la fonction recherche ne sera pas présente sur le futur BlackBerry Q10 puisque ce dernier proposera la fonction Type-N-Go, qui vous permettra de lancer une recherche directement en saisissant depuis le clavier physique. Super pratique. Sinon, pour la recherche en elle-même, elle ira chercher dans toutes les applications, contacts et autres informations utiles comme l’agenda, internet, etc.
On finit ce petit tour d’horizon avec la deuxième nouveauté phare de BlackBerry 10, Peek, qui vous permettra à partir des gestes de base d’avoir un aperçu de vos messages avant de basculer totalement dans l’application. Ainsi, imaginez que vous êtes en train de lire une actualité (genre sur le JournalduGeek.com) et que la LED de notification s’allume. Vous pourrez alors faire un simple geste vers haut depuis le bas de l’écran, et sans lâcher la pression, vous aurez déjà un aperçu des notifications, ce qui vous permet de voir si c’est important ou pas. Ensuite, en continuant le geste vers la droite, vous aurez un aperçu du BlackBerry Hub, ce qui vous permettra ainsi d’en voir un peu plus au niveau des messages. Si les messages peuvent attendre, vous pourrez revenir à votre lecture en continuant le geste vers le bas. Sur les plates-formes concurrentes, c’est souvent au moins une action supplémentaire comme dérouler la barre de notification et la fermer ensuite. Alors dans l’absolu, c’est vrai qu’on parle de secondes, mais au quotidien, c’est pratique.
Dernière petite chose, contrairement à ses précédentes versions, BlackBerry 10 n’a plus besoin d’une option BlackBerry chez votre opérateur pour fonctionner. Bonne nouvelle donc. L’option BlackBerry des opérateurs pourra servir si vous avez un compte sur un serveur BIS, mais ça sera tout.
BlackBerry Hub
Je pense que vous avez compris l’avantage de BlackBerry Hub. Comme son nom l’indique, le Hub de BlackBerry 10 est l’endroit où vous trouverez tout ce qui a trait avec vos messages. Le double avantage, c’est que ce n’est pas limité aux emails, vous retrouverez donc emails, SMS, MMS, BBM, Twitter, Facebook, LinkedIn, etc. Tout cela reste interfacé avec les applications natives. Ă€ l’usage, c’est transparent pour l’utilisateur. Alors qu’on sait que l’utilisation d’un smartphone tourne énormément autour des réseaux sociaux, retrouver dans un seul et même endroit tous ses réseaux sociaux, ce n’est pas plus mal.
Comme pour BlackBerry 10, le Hub est architecturé autour des gestes. Aussi, pour accéder aux options d’un message sans avoir à ouvrir ce dernier, il faudra appuyer longtemps sur le message qui fera apparaître un menu contextuel sur la droite. Ensuite, sans relâcher le doigt, vous pourrez alors faire glisser votre doigt jusqu’à l’option voulue. C’est un peu bizarre au début, mais c’est un coup à prendre et ça fonctionne plutôt bien. Perso, au bout de deux semaines, je m’y suis habitué et si je trouve que ça fonctionne bien pour traiter ses messages un par un, il y a une certaine perte de temps lors des traitements par lots. De même, j’aurais aimé une option me permettant de passer d’un mail à l’autre sans avoir à revenir par la liste.
La Photo
Avec BlackBerry 10, la firme canadienne nous propose une toute nouvelle application photo, la prise de vue est plutôt rapide puisque l’interface présente l’avantage de permettre un déclenchement n’importe où sur l’écran. Pour la mise au point, il faudra changer ses habitudes pour faire un appui long et faire glisser la zone de mise au point à l’endroit souhaité. C’est un peu déstabilisant au départ, mais pas insurmontable, par contre, ça nous fait perdre clairement du temps, ce qui peut être gênant quand on a besoin de prendre une photo sur le vif.
Comme pour certains de ses concurrents, vous pourrez au cas où utiliser les boutons de volumes pour déclencher, mais de par la forme d’un smartphone, je préfère le déclenchement direct sur l’écran tactile. C’est assez bizarre en fait, mais avec le temps, je trouve que c’est plus stable de déclencher sur l’écran tactile qu’avec les boutons de volumes. Pour le zoom, et comme ça se fait chez la concurrence, l’application utilise le pinch-to-zoom. On retrouve sinon les réglages basiques comme le mode rafale, l’activation du flash ou encore le format des photos.
Alors que l’application ne nous propose pas plus d’options comme une grille pour gérer les tiers ou encore le réglage des ISOs ou de la balance des blancs, BlackBerry 10 propose une fonction Time Shift. Un peu à la manière du Smart Group Shot de Nokia, BlackBerry 10 vous permet de prendre une sorte de séquence de photos et après coup, de choisir les meilleurs visages. Dans la réalité, j’ai réussi à faire fonctionner la fonction qu’une ou deux fois‌ Du coup, je n’ai plus jamais essayé d’utiliser la fonction.
Après la prise de vue, on notera que BlackBerry 10 intègre un mini éditeur qui vous permettra de rogner, aligner ou corriger vos prises de vues. Évidemment, comme c’est la mode, vous aurez droit à des filtres et la possibilité de partager tout cela sur les réseaux sociaux compatibles. BlackBerry propose de plus une petite application plutôt amusante, Story Maker, qui est en fait un éditeur de vidéos avec lequel vous pourrez monter un petit film en y appliquant divers filtres et la musique de votre choix. L’application présente l’avantage d’être simple d’accès et de donner des résultats qui va plaire au grand public.
Les Applications
Évidemment, il y a bien d’autres applications plutôt importantes. On commence par le navigateur internet qui est juste très bon. Alors que le navigateur internet ne brille pas par ses performances au test SunSpider, je n’ai eu aucun souci pour lancer tous les sites. Du plus léger au plus lourd, le navigateur s’en est sorti avec les honneurs. Autre petit plus du navigateur, c’est le seul smartphone sur le marché qui est compatible avec Flash. Oui, je sais, ce n’est pas comme si tout le monde était en train de passer au HTML5, mais c’est bon de pouvoir voir tous les sites. Étant un gros consommateur de sites photo, le flash est encore très présent et là, ça marche. Les performances ne rivalisent pas avec un ordinateur de bureau, mais c’est là au moins.
Pour la partie multimédia, je n’ai eu aucun souci pour lancer des vidéos jusqu’en 1080p. Avec la même liste de compatibilité que la Playbook, une prochaine version de BlackBerry 10 apportera le support des sous-titres. Pour les jeux, l’essentiel est là et même si je ne sais pas si ce sont de simples conversions Android ou de vraies applications natives, les quelques jeux que j’ai pu tester fonctionnent plutôt bien.
Je ne pouvais pas vous parler de BlackBerry sans évoquer BBM, LE service de messagerie instantanée star sur les smartphones de la marque canadienne. Vous vous en doutez, c’est compatible avec les anciens OS et surtout, la version BlackBerry 10 vous apporte enfin la visio et si c’est assez classique en soi, on notera surtout la fonction de partage d’écran qui pourra rendre les Z10 et Q10 un peu plus professionnel et fun que ses concurrents.
Un petit mot sur le clavier virtuel de BlackBerry 10 qui est sans doute un des meilleurs que je connaisse. Oui, même meilleur que Swiftkeys sous Android. En gros, c’est un clavier où la prédiction fonctionne très bien, qui est multilingue et qui donne à chaque touche la possibilité de valider une prédiction de mots. En gros, vous commencez à taper votre mot et s’il apparaît dans les prédictions, un simple geste depuis la prochaine lettre vers le haut et hop, le mot est validé ! Ă€ noter par ailleurs que le clavier reconnait les champs de mots de passe et affiche automatiquement les chiffres au-dessus des lettres. Pratique.
Petit mot sur la calculatrice que j’ai aimé non seulement pour son mode scientifique quand le smartphone est en mode paysage, mais aussi ses fonctions de conversions et de calcul de pourboires, si pratique dans les pays anglo-saxons.
Après la déception d’Apple Maps et la renaissance avec l’arrivée de Google Maps sur iOS, en parallèle de l’excellente version sur Android, la découverte de BlackBerry Maps (basé sur Bing Maps) ne s’est pas faite sans douleur. C’est comme une sorte de retour en arrière tellement l’application est basique. J’ai testé et c’est sans doute un des points que BlackBerry devra revoir, surtout pour convaincre des utilisateurs comme moi qui ne peuvent plus se passer d’une bonne application de cartographie. On notera quand même la présence d’un mode Navigation, mais c’est une bien maigre consolation.
Après la déception Maps, j’ai été agréablement surpris de découvrir l’intégration de DropBox dans BlackBerry 10. Au lieu d’avoir une application dédiée, c’est directement intégré dans le gestionnaire de fichiers de l’OS. Cela manque encore de fonctionnalités, surtout quand c’est comparé aux applications iOS et Android, mais j’aime bien l’intégration. Idem pour Evernote qui est intégré dans l’application Remember, ce qui vous permettra d’avoir vos notes et autres. Mais encore une fois, ça manque de fonctionnalités et surtout, c’est très basique. On ne peut pas vraiment classer ses notes, on peut juste éditer. Cela me fait un peu penser à l’application Evernote pour Windows 8, qui fonctionne, mais qui est un peu inutile dans l’absolu.
Introduit avec BlackBerry 7, BlackBerry Balance est une solution qui vous permet d’avoir deux environnements sur votre smartphone. L’avantage, c’est que ça vous permettra de séparer votre espace personnel de votre espace professionnel. L’idée est plutôt bonne, mais on n’a pas pu testé parce qu’il faut un compte BIS pour activer le BlackBerry Balance.
BlackBerry World
Lors du lancement le 30 janvier dernier, BlackBerry s’est vanté d’avoir déjà pas moins de 70.000 applications. Dans l’absolu, c’est un nombre plutôt impressionnant, mais la réalité est toute autre. Si je ne remets pas en cause le nombre d’applications disponibles, je suis plus sceptique quant à la qualité des applications. Entre les simples conversions d’applications d’Android comme News Republic ou L’Equipe.fr, il y a des applications qui ne sont que des liens. Je pense notamment à l’application de Metro France qui ne fait que 37ko et qui est en fait une encapsulation du site mobile‌ Super‌
J’espère sincèrement que les développeurs vont se mettre au développement d’applications natives, je préfère en avoir moins, mais de qualité. Pour certaines conversions comme l’application de l’Equipe.fr, ça ne pose pas trop de soucis à part le côté esthétique, mais pour d’autres comme News Republic, ça rame dans tous les sens. Dommage. Je ne parle même pas du cas Metro France qui ne doit pas être le seul. C’est d’autant plus regrettable quand on voit certaines applications natives comme Facebook qui fonctionne très bien voire même mieux que les versions iOS et Android.
BlackBerry se défend de cette solution pour permettre aux développeurs de tester BlackBerry World, mais j’espère que les développeurs ne vont pas sombrer dans cette solution de facilité qui va plus faire mal à BlackBerry qu’autre chose à terme.
NFC et BlackBerry Sync
Comme pour les smartphones Android et Windows Phone, BlackBerry 10 supporte le NFC, mais aussi les paiements via NFC. Vous vous imaginez bien, je n’ai rien pu tester encore au niveau du paiement :/
Quant à BlackBerry Sync, il s’agit d’une application sur Windows ou Mac OSX qui vous permettra de synchroniser du contenu multimédia de votre ordinateur, mais aussi de sauvegarder ou restaurer votre BlackBerry. Il vous permettra aussi par ailleurs d’accéder aux fichiers stockés sur votre smartphone.
Si vous étiez jusqu’à maintenant un utilisateur d’Android et que vous souhaitiez switcher vers BlackBerry 10, il y a des petites choses à savoir. Pour les calendriers, même si Google a prolongé le support d’Exchange, il vaudra mieux passer par CalDav pour synchroniser ses calendriers. Par contre, la firme de Mountain View n’a pas encore activé la synchro des calendriers partagés alors ça l’est pour les possesseurs d’appareils sous iOS. Et contrairement à Windows Phone 8, il n’y a pas d’application pour contourner le problème. Idem pour la partie contacts qui vous obligera à passer par CardDav.
Par contre, vous vous en doutez, pas de Drive, Reader, Voice, Google+, Talk ou autres.
Conclusion
7
/10
Note JDG
Rassurant
Comme je l’ai dit en introduction, BlackBerry a réalisé un énorme travail pour sortir un tout nouvel OS à partir de zéro. Avec des idées intéressantes et bien réalisées, BlackBerry 10 représente une véritable révolution pour les utilisateurs de BlackBerry 7 et de PlayBook OS 2 alors qu’on parlera plus d’évolution pour les autres. Et c’est peut-être là que le bât blesse. En effet, malgré les nouvelles idées, je ne suis pas sĂťr que BlackBerry 10 arrivera à faire changer les actuels utilisateurs d’iOS et Android. Peut-être Windows Phone et encore‌
Je pense sincèrement que BlackBerry 10 a du potentiel, mais son manque d’applications et encore plus d’applications natives risquent de ne pas l’aider à l’heure où l’écosystème d’un OS joue un rôle prépondérant à l’heure du choix. Comme pour Windows Phone 8, il va falloir se montrer patient. En faisant abstraction de mes habitudes, j’ai retrouvé l’essentiel, tout dépendra donc des services et applications auxquels vous êtes attachés.