Ces résultats obtenus sur 85.000 enfants norvégiens démontrent que la prise prénatale et en début de grossesse réduit considérablement, de 40%, le risque d'autisme. Ces conclusions, publiées dans l'édition du 13 février du JAMA, ajoutent à l'importance de cette supplémentation, déjà recommandée en prévention des anomalies du tube neural, et font valoir son impact sur le risque de troubles du développement neurologique.
« La mère devrait prendre cette supplémentation d'acide folique (ou B9) durant le mois précédant la conception et durant les 2 mois de début de la grossesse. La supplémentation en acide folique au moment de la conception réduit le risque d'anomalies du tube neural chez les enfants. Cet effet protecteur a déjà conduit à l'enrichissement obligatoire de la farine en acide folique dans plusieurs pays et il est généralement recommandé aux femmes prévoyant une grossesse de prendre une supplémentation quotidienne d'acide folique un mois avant la conception », expliquent les auteurs. Lorsque le processus de fermeture du tube neural ne se ferme pas complètement, le cerveau ou la moelle épinière en développement sont mis à nu, provoquant des dégâts sur le système nerveux.
Le Pr Pal Suren, de l'Institut norvégien de santé publique d'Oslo, et ses collègues ont étudié l'association entre la supplémentation maternelle d'acide folique avant et pendant la période précoce de la grossesse et le risque ultérieur de troubles du spectre autistique (TSA) chez l'Enfant, -dont le risque de syndrome d'Asperger-, auprès d'un échantillon de 85.176 enfants participant à l'étude cohorte MOBA et nés entre 2002 et 2008. En mars 2012, ces enfants avaient donc de 3 à 10 ans, et en moyenne un peu plus de 6 ans. Le critère principal de l'étude était leur « exposition » à l'acide folique, grâce à la supplémentation de la mère, un mois avant et durant les é premiers mois de grossesse. Les chercheurs ont également pris en compte les autres facteurs tels que le niveau d'étude de la mère, l'année de naissance et le nombre d'enfants nés.
La supplémentation en acide folique réduit de 40% le risque : 270 enfants, soit 0,32% ont été diagnostiqués avec TSA, dont 0,13% avec trouble autistique, 0,07% avec le syndrome d'Asperger et 0,12% avec autre trouble neurologique non spécifié. Les chercheurs constatent une association inverse entre la prise maternelle d'acide folique et le risque ultérieur de TSA. Car le TSA est présent dans 0,10% des enfants dont les mères ont pris cette supplémentation vs 0,21% chez les enfants dont les mères n'ont pas pris d'acide folique, ce qui représente une réduction de 39% du risque de troubles autistiques chez les enfants des utilisatrices d'acide folique. En revanche, cette association s'efface lorsque la supplémentation intervient après le milieu de la grossesse.
Alors que les femmes qui ont suivi cette supplémentation s'avèrent plus susceptibles d'avoir un niveau élevé d'éducation, d'avoir planifié leur grossesse, de n'avoir pas fumé, d'avoir un IMC pré-grossesse < 25 et d'être primipares, ces résultats laissent entrevoir quelle devrait être la cible des prochaines interventions d'éducation et de prévention de santé.
Aucune association avec le syndrome d'Asperger : C'est le résultat le plus étonnant, aucune association n'a été trouvée avec le syndrome d'Asperger. Enfin, les auteurs précisent que de précédentes études sur la supplémentation maternelle en huile de poisson (omega-3) n'ont montré aucune association avec le risque trouble autistique, alors que les supplémentations en huile de poisson et en acide folique sont associées aux mêmes utilisatrices.
« La consommation maternelle de suppléments d'acide folique au moment de la conception est bien associée à un risque moindre de troubles autistiques », concluent les auteurs. « Cette constatation n'établit pas une relation de cause à effet mais fournit une justification supplémentaire pour cette supplémentation et pour le lancement d'autres études sur les mécanismes biologiques qui peuvent expliquer cette association ».
NB : Ce n'est pas la première étude à confirmer cette association. Une étude de chercheurs de l'université de Californie, publiée en mai 2011 dans la revue Epidemiology l'avait déjà suggérée.
Source: JAMA doi:10.1001/jama.2012.155925Association Between Maternal Use of Folic Acid Supplements and Risk of Autism Spectrum Disorders in Children
Lire aussi :
AUTISME: La vitamine prénatale B9 ou acide folique réduit le risque d'autisme -
OMEGA 3 : Une nouvelle étude rejette leurs bénéfices pendant la grossesse –
GROSSESSE: L'apport d'acide folique réduit certains cancers chez l'enfant –