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Kriss de Valnor (T3) Digne d’une reine

Publié le 13 février 2013 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

La sentence des Walkyries est tombée : de retour sur terre, Kriss ne restera en vie que si elle réalise une action digne de l’élever au rang de reine…

Scénario de Yves Sente, dessin de Giulio De Vita, Public conseillé : Adulte et Adolescent

De retour du Festival d’Angoulême 2013, je vous propose une forme différente de chroniques, plus courtes et enrichies par l’interview des auteurs.

Ce que j’en pense

Dèja trois tomes que Le lombard a pensé aux passionnés de Thorgal, de son univers épique et fantastique et de ses personnages hauts en couleur. En développant Kriss de Valnor, un des personnages les plus extrêmes de la série, Yves Sente et Luigi de Vita ne se sont pas trompés de cible. Pour crédibiliser et développer cette anti-héroïne, Yves Sente a choisi de raconter son histoire. Avec les deux premiers tomes, vous avez donc pu suivre le passé difficile de la jeune Kriss son initiation et sa « construction » en tant que Kriss de Valnor.
Dans ce troisième tome (sur six), Kriss est telle que vous la connaissez dans la série mère : impitoyable, belle, venimeuse et sans pitié. Mise en garde dans ses rêves par les Valkyries, elle va devoir s’amender. Le « deal » est simple : si elle donne encore la mort, elle périra par la flèche restée dans son sein. Drôle de destin pour cette tueuse habile et impitoyable. C’est donc contre ses démons intérieurs que le combat commence.
Yves Sente est un malin. En imposant à son héroïne des actions moins violentes que d’habitude, il oriente habillement le récit vers une aventure moins « bourrin ». Enjeux politiques, pouvoirs et contre-pouvoirs, amours (entre femmes), combat contre soi-même, Yves Sente injecte des thématiques complexes et adultes dans l’univers épique de Thorgal. L’aventure distrayante et l’aventure intérieure sont au rendez-vous de ce troisième album mené de mains de maître par Sentes et De Vita.
Côté dessin, De Vita joue à fond le dessin de Rosinsky des années 80/90. On peut s’y méprendre. Véritable caméléon, il se fond dans ce style, dont il était assez éloigné sur ces séries précédentes (voir plus bas son interview). Tout au service de la narration, son découpage est juste, sa mise en place simple et efficace. Sans s’extasier sur ses planches, De Vita est un excellent faiseur, qui assure « la commande » avec beaucoup de facilité et d’expérience.
Il reste un très bon moment d’évasion, dans cet univers ultra-connu de Thorgal, remplis de personnages charismatiques, de belles femmes et de combats épiques.


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L’interview

Quel est ton premier souvenir de lecture sur Thorgal ?
En Italie, j ai lu ces BDs il y a 25 ans, par épisodes.
Je me souviens d ‘avoir été étonné par ce dessinateur réaliste incroyable. Je n’imaginais pas qu’on dessine aussi bien, puis j’ai appris sur le travail de Rosinsky.

Y-avait il des choses que tu n’aimais pas ?
Plutôt au niveau du langage. La BD italienne est très différente de la BD française. On publie en petits formats. Les cadrages sont serrés, avec beaucoup de texte. Quand j’ai découvert Thorgal, j’ai vu qu’il y avait plus de respiration, de la narration, des panoramiques dans lesquelles je rêvais.

Comment es-tu arrivé sur le projet ?
J’étais en contact avec Le Lombard. J’ai dessiné la série « James Healer », puis une série moins « chanceuse » (Wisher). à la fin de cette série, je cherchais un projet qui en valait la peine. J’ignorais que la « maison » cherchait quelqu’un pour développer Thorgal. Quand ils me l’ont propose, ce fut un régal. C’était l’occasion de rentrer dans un mythe. J’étais disponible et capable de m’adapter au style. Après quelques essais, tout a marché très vite.

Quelles sont les contraintes graphiques ou stylistiques ?
Tout d’abord, il y a une question de traits. Dans une série contemporaine, j’étais habitué à un trait plus propre. Quand je suis entré dans le monde de Thorgal, j ai changé les outils, un papier plus mat, mais surtout un dessin au trait qui fait référence au style ancien de Grzegorz. Mais en même temps, c’est un album d’aujourd’hui.
La façon la plus différente, c’est le travail sur la nature. Sur les autres séries, je la dessinais de façon plus « logique ». Sur Thorgal, c’est moins ordonné. Les bois, la végétation doit être sauvage, torturé. J’ai du apprendre a dessiner avec les yeux fermés pour représenter le hasard de la nature (Rire).

C’est déjà le 3eme tome. Rosinsky est encore très présent ?
On a appris la confiance. Il a vu que j’interprétais bien son univers. Il a une bonne conception de la collaboration artistique. Je ne suis pas au service de « son art ». Nous sommes au service des personnages et de l’histoire. L’important, c’est que le récit soit crédible. Chaque collaborateur a sa personnalité.

C’est une « suite ». Qu apportes-tu à la série ?
Je ne sais pas. Je devrais être un autre pour juger.
Ma génération a des influences multiples, les super héros, les jeux vidéos. Sur Thorgal, on ne peut pas faire de cadrages complexes. Je m’aperçois que ce genre de chose n’ apporterait rien a Thorgal. L’univers de Thorgal est tellement clair, tellement bien développé que je n’ai qu’a utiliser mon crayon.

L’histoire actuelle est beaucoup plus adulte, avec Yves Sente, même si le style est un peu ancien. Tu te reconnais dans cette mouvance là ou dans une école plus jeunesse ?
L’histoire me parle. S’il y a des scènes assez dures (des viols), c’était l’envie d’Yves d’apporter un côté « Western ». On a osé, sans oublier que c’est du grand public.

On voit souvent Kriss nue. Ca te plait de la dessiner ainsi ?
Oui (rire). Kriss agit en tant que belle femme, utilisant son pouvoir sexuel. C’est une histoire de maintenant. Les lecteurs sont habitués à voir des seins, des nus. Je ne vois rien d’obscène a cela.
Ce n’est pas obligatoire.
Ce n’est pas pour dire « qu’on est à la mode… » Dans « Game of Throne », on voit ce style de scène. En plus en BD, on a un filtre car ce n’est pas de l’image réelle. Les gens s’attendent a voir une sexualité un peu crue dans ce contexte aujourd’hui.

Tentes-tu de faire ressentir la personnalité des personnages à travers le dessin, et si oui, par quel moyen ?
Oui, je viens du dessin humoristique en Italie. Même si on ne le voit pas sur le personnage principal, j’utilise ce travail sur des personnages secondaires, en partant des caricatures. J’aime utiliser des caricatures de gens remarquables dans la rue. Sur le prochain album, j’ai dessiné les vassaux avec la figure d’un metteur en scène italien qui a une figure particulière.

Ce sont des « private joke » (blagues privées) ?
Oui, pour moi et les passionnés.

Combien de tomes sont prévus ?
Six. C’est un cycle de six tomes. Si ça marche, on continuera.

Tu n’a pas de regrets d’être parti sur de nombreux albums et pas sur une série plus personnelle ?
J’aimerai faire a côté quelque chose d’autre, mais je n’ai pas trouvé. Ici à Angoulême, je participe a un conte dessiné avec un de mes personnages.
J’aimerais faire comme Moëbius / Giraud : la juste proportion pour montrer l’autre côté de mon travail.


Un grand merci à Giulio De vita.


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