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Budget de l'UE : les eurodéputés vont s'écraser

Publié le 15 février 2013 par Copeau @Contrepoints

Les membres du parlement européen répugnent la proposition de coupe budgétaire, mais ils seront trop peureux pour faire quoi que ce soit.
Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume Uni.

Budget de l'UE : les eurodéputés vont s'écraser
Mon impression est que les eurodéputés sont en train de perdre pied. Ils veulent voter pour un budget européen plus élevé, mais ils leur manquent les cojones pour faire face à leurs leaders de partis nationaux. De façon générale, vous ne trouverez pas de groupe au sein de la population plus servile et insinuant dans la vie publique. Pour être tout à fait juste, c'est en grande partie à cause de la façon dont ils sont choisis : sauf dans un petit nombre de partis, le dirigeant peut classer ses euro-candidats plus ou moins à sa guise. Puisque, dans la plupart des pays de l'UE, les Eurodéputés gagnent plus que leurs premiers ministres, cette reconnaissance focalise leurs esprits.

Je l'ai vu encore et encore. Les députés s'adonnent sans mesure sur les prérogatives de leur institution et l'indépendance de leur mandat. Puis ils obtiennent un coup de téléphone de l'assistant de l'adjoint au chef de leur parti et, tout d'un coup, ils méditent sur eux-mêmes puis font ce qu'on leur dit.

C'est pour contourner ce problème que le Président du Parlement européen, un socialiste allemand nommé Martin Schulz, a proposé que le vote du budget ait lieu à bulletins secrets. Mon sentiment, cependant, est que la plupart des députés reculent devant cette idée. Plusieurs grandes délégations nationales, dont certaines socialistes, ont déclaré leur opposition. Ils savent que, en plus de défaire de leurs dirigeants de parti, ils s’attireront les foudres de leurs électeurs, dont la plupart ont mis en place les mesures d’austérité en leurs pays, et ne sont pas d’humeur à envoyer leurs économies à Bruxelles. Mon pari porte sur un compromis selon lequel les députés accepteront la réduction du budget en échange d'une certaine mesure pour se sauver la face : un nouvel euro-plan pour reconvertir les chômeurs ou quelque chose du genre.

Il est toujours possible, bien sûr, que M. Schulz refuse de signer. Il nous a assuré la semaine dernière que, même si les députés ont voté pour la proposition de leurs gouvernements, il ne l'aurait pas approuvé. Que se passera-t-il après n'est pas clair. Il s'agit de la première utilisation par le Parlement européen des pouvoirs budgétaires, acquise dans le cadre du traité constitutionnel européen de Lisbonne. En théorie, en l'absence d'un accord, le budget 2013 devrait être prolongé d'un mois à la fois, mais personne ne veut vraiment ce résultat.

Ce qui est vraiment fascinant ici, c'est à quel point les députés européens ont perdu le contact avec leurs électeurs. Dans la plupart des pays, le rôle de l'Assemblée nationale est de contrôler l’exécutif. En Europe, comme en Grande-Bretagne, les parlements se voient devenir des représentants des contribuables. Pourtant, à Strasbourg, on voit le spectacle bizarre de parlementaires conspirer contre leurs électeurs à la cause de l'augmentation des dépenses. Tant pis pour la démocratie.

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Sur le web.
Traduction : Barem pour Contrepoints.


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