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Numéro 1 mondial

Publié le 15 février 2013 par Toulouseweb
Numéro 1 mondialAmerican Airlines et US Airways vont fusionner.
C’est le summum en matičre de Ťconsolidationť dans le transport aérien américain et mondial : pour autant que le département de la Justice approuve l’opération, American Airlines et US Airways vont fusionner dans le courant du troisičme trimestre de l’année. Un regroupement qui devrait donner naissance ŕ la plus grande compagnie aérienne du monde, juste devant Delta Air Lines. Un géant, quels que soient les critčres choisis, qui ramčnera ŕ trois le nombre des Ťmajorsť, venant précédemment de six et beaucoup plus jadis, c’est-ŕ-dire avant la déréglementation instaurée y a maintenant plus de 30 ans. C’est, de toute évidence, la victoire absolue de la quęte de synergies, une tentative d’amélioration du retour sur investissement dans un domaine qui cherche vainement ŕ acquérir un minimum de rentabilité.
Il ne suffit pas, en effet, d’aligner des statistiques spectaculaires pour atteindre le graal. Toutes les compagnies aériennes U.S. sont d’ailleurs passées par l’infamant chapitre 11 de la loi sur les faillites (le dépôt de bilan, en langage ordinaire) pour réduire leur endettement, appliquer des plans de restructuration plus ou moins sévčres, plus ou moins réussis. Cela sur le marché qui reste le premier du monde mais arrivé de longue date ŕ maturité, au point de croître tout au plus de 1,5% par an environ. D’oů un contexte ingrat, d’autant que les outsiders low cost grignotent sans cesse des parts de marché, notamment Southwest et JetBlue. Il en résulte logiquement un intéręt accru pour l’ouverture de lignes internationales, réputées plus rentables que le réseau intérieur, mais sur lesquelles les compagnies américaines sont nettement moins ŕ l’aise. Les jours heureux de Pan American et de TWA sont désormais bien lointains, sinon oubliés.
Suivant en cela la direction souhaitée par les actionnaires et les analystes financiers, qui croient aveuglément que Ťbig is beautifulť, le groupe AMR et US Airways ont choisi de s’unir pour la vie : 6.700 vols quotidiens, 336 destinations. Les deux réseaux sont largement complémentaires, ce que devraient constater les autorités de Washington dont tout indique qu’elles donneront leur feu vert inconditionnel ŕ cette opération de grande ampleur. La compagnie unifiée, qui s’appellera American Airlines, affichera d’entrée un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 40 milliards de dollars. Mais, détail remarquable, elle devrait ętre valorisée ŕ 11 milliards ŕ peine, ce qui revient ŕ dire que toute gestion de patrimoine de bon pčre de famille devrait continuer ŕ éviter soigneusement de transport aérien. Mal aimé, mal géré, bien que le sujet reste tabou. Nombre des 100.000 employés de l’entreprise ont sans doute de bonnes raisons de s’inquiéter de leur avenir, les synergies, un milliard de dollars par an, risquant fort d’avoir un coűt social. Et cela quels que soient les propos sympathiques entendus cette semaine, pleins de promesses et de lendemains qui chantent.
Doug Parker, heureux homme qui dirigera American nouvelle maničre, précédemment directeur général d’U.S. Airways, célčbre l’opération avec d’autant plus de conviction qu’il a affirmé ŕ moult reprises, au fil des temps, que le transport aérien américain a longtemps compté un nombre exagéré d’intervenants. Le bien-fondé de ses propos n’a pas toujours été pris pour argent comptant mais, aujourd’hui, est susceptible de lancer un débat intéressant en Europe. Face aux trois Ťmajorsť, et ŕ Southwest et ses disciples (qui ne se hasardent pas encore hors des Etats-Unis, quelques cas marginaux mis ŕ part), le Vieux Continent compte sans aucun doute trop de compagnies, ŕ l’image d’un passé trčs réglementé longtemps confié ŕ des entreprises nationales, pour la plupart étatiques, qui ont éprouvé les pires difficultés ŕ s’éloigner de leurs autorités de tutelle, contraintes et forcées, et ŕ adopter des rčgles de fonctionnement qu’elles n’avaient pas choisies. Le processus d’adaptation n’est toujours pas terminé comme en témoignent éloquemment les grandes difficultés d’Air France.
Il serait sans doute erroné d’affirmer que la fusion d’American et US Airways risque de durcir l’affrontement Etats-Unis/Europe. Le principal danger vient d’ailleurs, notamment des pays du Golfe, comme en témoigne le rythme de croissance endiablé d’Emirates et de quelques autres. Une menace dont les Texans n’ont peut-ętre pas encore pris la mesure. Aussi les Européens, pour l’instant, adoptent-ils une position de simples spectateurs. Mais viendra inévitablement le temps de l’analyse et de la réflexion, sans aucun doute source d’inquiétudes nouvelles.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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