LORIMER
Dramédie // 26 minutes
Ecrit par Michael Lannan & David Marshall Grant (Brothers & Sisters, Smash). Produit par Sarah Condon (Bored To Death). Pour HBO. 35 pages.
Patrick, Dom et Agustin, trois homosexuels trentenaires, tentent de se faire une place au soleil à San Francisco. Le premier cherche désespérement l'homme de sa vie, alors que les propositions ne manquent pas,; le deuxième enchaîne les conquêtes, mais ne s'en satisfait plus; et le dernier s'apprête à emménager avec son copain, bien qu'il ne soit pas tout à fait sûr de lui...
Avec Jonathan Groff (Glee), Frankie Alvarez... (casting en cours)
Je me suis lancé dans la lecture de Lorimer (titre provisoire) avec l'espoir -sans doute trop ambitieux- que ce soit GAYS, la version homo de GIRLS. Après tout, son créateur, un débutant remarqué grâce à un court-métrage dont la série est adaptée, aurait pu être le nouveau Lena Dunham ! A priori, il ne le sera pas, que la série voit le jour ou non. Il a sûrement beaucoup de talent, mais à en juger sur ce premier script, il n'a pas la même finesse que la nouvelle papesse de HBO, ni le même sens du réalisme. Cela dit, les deux séries iraient potentiellement très bien ensemble. Elles s'adressent plus ou moins à la même génération et s'intéressent à un petit groupe d'amis auquel on pourrait facilement s'attacher au bout de quelques épisodes.
Mais les héros sont beaux. Trop beaux. Les personnages secondaires aussi. Normalement, aucun d'entre eux ne nous collera sa petite bite sous le nez pendant 26 minutes chaque semaine. Alors que les seins dégoûtants de Lena, on les connait déjà par coeur ! Et c'est curieusement... attirant ? Lorimer est osée parce que faire une série rien qu'avec des homos, même sur le câble, ça l'est par essence, encore aujourd'hui. Il y en aurait eu d'autres sinon. On n'en a plus eu depuis Queer As Folk, terminée il y a huit ans; et The L Word, achevée il y en a 4 ! Et si ces séries ont marqué, c'est plus par leur singularité que par leur excellence. Dans les deux cas, en caricaturant un peu, c'était des soaps, sauf que les gens qui couchaient ensemble étaient du même sexe. Cela ne les a pas empêché d'aborder des sujets graves, mais c'était rarement fait avec une grande subtilité. Lorimer est dans le même esprit, voire plus superficielle encore car son format de 26 minutes risque de l'empêcher d'aller au fond des choses. Si Patrick est un personnage qui parait d'emblée intéressant et profond, ses deux comparses ne semblent là que pour le divertir, et nous par la même occasion. L'ensemble manque d'émotion. On attend ce moment où l'on va sortir de la caricature, une fois les personnalités de chacun posées, mais il n'arrive pas. Les soirées branchées s'enchaînent, puis les réveils ensoleillés... nul doute que leur vie nous fera un peu rêver, mais sauront-ils nous toucher ? Et puis l'auteur veut absolument ancrer la série dans la modernité, ce qui n'est pas une mauvaise chose à la base, sauf que ça se voit trop. Facebook, Twitter, Grindr... et d'autres trucs que je ne connaissais même pas sont cités. C'est un peu lourd.
Malheureusement, Lorimer ne sera pas LA voix ni même UNE voix d'une génération de gays. Elle possède son charme et pourrait être tout à fait plaisante, mais elle n'a ni l'allure ni la finesse d'une série de HBO sur le papier. Je mise beaucoup sur la réalisation, qui pourrait beaucoup lui apporter. Sur les interprètes aussi, même si le choix de Jonathan Groff pour incarner Patrick me laisse circonspect. Mais rien que pour le symbole, elle mérite d'exister.