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Pourquoi un Français sur 3 a-t-il le désir d’entreprendre ?

Publié le 18 février 2013 par Delits

Alors que le 20ème salon des entrepreneurs a fermé ses portes le 7 février, avec plus d’un million de visiteurs depuis sa 1ère édition, que notre société connaît une crise sans précédent, que les désillusions et la défiance des Français envers les institutions et les politiques progresse, une nouvelle fois, un sondage de l’Institut Think(1) pour l’APCE, CER et le Salon des Entrepreneurs auprès des Français montre qu’ 1 Français sur 3 garde dans un coin de sa tête l’idée d’être entrepreneur. Certes, il y a une part de rêve indéniable dans ses 15 millions de Français – part de rêve qui monte à près de la moitié pour les jeunes de moins de 35 ans – il n’en demeure pas moins que le chiffre étonne toujours dans un contexte 2013 des plus moroses où le pessimisme Français est à son apogée (selon un sondage TNS(2) la confiance en l’avenir des Français est passée de 68% à 39% en 20 ans) . Quels sont les interprétations possibles de ce désir ? Les Français aimeraient-ils inventer un nouveau modèle du travail ?

En effet, bon nombre de questions sous-jacentes se posent : est-ce que la crise économique, la hausse du chômage, la peur de perdre son emploi, la pression des objectifs, entraînent une remise en cause du salariat et pousse les Français vers le « self-employment » comme le souligne l’appellation de nos voisins anglo-saxons ? Est-ce, la panne de l’ascenseur « triple S » : Salarial, Social et perte de Sens, qui les poussent à envisager un autre modèle de travail ? Est-ce la quête de bonheur, l’envie de défis, de vivre pleinement leurs passions qui les poussent à rêver d’une nouvelle aventure ? Est-ce la meilleure perception dans les familles et dans leur entourage qui ne voient plus d’un mauvais œil l’entrepreneuriat (comme le démontre la progression de 20 points en 10 ans de l’image de l’artisanat(3) notamment en partie due à la crise et aux plans de licenciement à répétition) ? Enfin, est-ce que les simplifications – en plus de la création du statut de l’auto-entrepreneuriat qui y a fortement contribué (et bénéficie d’une bonne image auprès de 81% des Français(4) ) et l’accompagnement croissant des réseaux d’aide à la création et des acteurs tels que les experts comptables (cf. le volet auprès des entrepreneurs(1)) ont encouragé et aidé les créateurs à passer de 170 000 à 550 000 créations annuelles en 20 ans ?

 

 ENTREPRENDRE : L’ASCENSEUR DU BONHEUR ?

Certes lorsqu’on analyse les moteurs de leur désir entrepreneurial, les Français intentionnistes motivent depuis longtemps leur choix avant tout par la volonté d’être indépendant (1ère raison citée par 45% d’entre eux). Mais que se cache-t-il derrière ce qui semble être une justification ?

Sans doute faut-il regarder les autres « drivers » de leur envie : le désir de s’épanouir (39%) ou le souhait de gagner plus d’argent (32%), alors qu’au même moment un sondage Ifop pour Enjeux-Les Echos(5), montre que 58% des Français pensent qu’il est encore possible, aujourd’hui, de faire fortune dans notre pays.

Pour mieux comprendre, sans doute faut-il également allez voir les opinions des entrepreneurs qui sont passé à l’acte ou sont en train. Lors d’un sondage Ifop réalisé auprès des nouveaux entrepreneurs (ayant créé depuis moins de 5 ans) pour Advancia(6), 64% d’entre eux affirmaient que la réussite entrepreneuriale c’était avant tout d’être indépendant c’est-à-dire n’avoir de compte à rendre à personne, pour 62% c’était d’avoir le plaisir de faire ce qui les passionne et pour 54% de gagner leur vie simplement en travaillant. Plus instructif encore, 57% constataient que le regard des autres sur eux avait changé depuis qu’ils avaient créé leur entreprise, 84% estimaient qu’ils avaient réussi professionnellement malgré que dans le même temps 53% d’entre eux avouaient que l’avenir de leur entreprise n’était pas encore assurée.

Dans une autre étude issue de l’Observatoire permanent des porteurs de projets – réalisé pour CCI Entreprendre en France(7) – auprès d’un échantillon annuel de plus de 2 000 jeunes allant dans les Chambres de Commerce avec un projet d’entreprise à concrétiser, 75% expriment que créer leur entreprise serait pour eux une forme d’ascension sociale ; serait-ce donc la belle image des « petits » entrepreneurs et le bonheur qui se dégage de chacun d’entre eux qui serait tant communicatif à autrui ?

Les Cassandres diront que ce désir est juste lié à la hausse du chômage, mais si on analyse les deux courbes, elles étaient totalement déconnectés dans le passé. La vérité est donc sans doute à la croisée de tous ces éléments qui nourrissent l’opinion, mais certainement aussi d’autres bouleversements comme la révolution digitale ou le sentiment partagé par bon nombre d’experts que le 21ème siècle doit inventer un nouveau paradigme : une nouvelle « révolution industrielle », une renaissance !? Souhaitons, que la France puisse réinventer un nouveau modèle économique pour sortir de la croissance nulle et un jour revenir en « top of mind » lorsqu’on parle d’entrepreneuriat ; puisque comme la rappelé Fleur Pellerin à Davos sur son compte twitter : «  We can remind everyone that ‘entrepreneur’ is a french word ».

Frédéric ALBERT est le Président fondateur de l’Institut Think qu’il a créé  après un parcours de plus de 15 ans en instituts (Ifop, Opinionway) et cabinet de conseil (Cogef-Altedia). http://www.institut-think.com

(1) Sondage réalisé par l’Institut Think pour l’APCE et CERFRANCE à l’occasion du 20ème Salon des Entrepreneurs de Paris auprès de 1000 Français âgés de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas (désir d’entreprendre des Français page 5, volet entrepreneurs page 25)

(2) Sondage TNS pour La Poste réalisé en novembre 2012 auprès de 2400 Français âgés de 15 ans et plus, selon la méthode des quotas.

(3) Sondage OpinionWay pour l’Artisanat (FNPCA) (page 6) réalisé en juillet 2009 auprès de 1003 Français âgés de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

(4) Sondage OpinionWay pour l’Union des Auto-Entrepreneurs (page 3) réalisé en juin 2010 auprès de 1047 Français âgés de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

(5) Sondage Ifop – Advancia (pages 29 à 33) réalisé en mars 2007 auprès de 402 dirigeants de TPE ayant crée depuis moins de 5 ans.

(6) Sondage Ifop – Enjeux Les Echos en janvier 2013 auprès de 1008 Français âgés de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

(7) Observatoire Permanent des Porteurs de Projet d’entreprise Opinion Way – CCI Entreprendre en France réalisé entre avril et décembre 2011 sur la base de 2147 porteurs de projet de moins de 30 ans issus de 7644 répondants à un questionnaire papier auto-administré dans les CCI.


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