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femme manifestante au Caire: « C’est un combat »

Publié le 18 février 2013 par Micheltabanou

Le Caire avec son quotidien où les outrages à la dignité de la femme sont d’une pratique courante, presque institutionnalisés et cette citation en exergue du machisme de cette société " Des dizaines de mains se sont posées sur moi, certaines ont commencé à toucher mes cuisses … J’ai commencé à crier … Puis, cinq ou six hommes m’ont tirée loin du cercle au moment où l’un des assaillants essayait de retirer mes vêtements. " Cette agression, Rawya Abdel Rahman, une grand-mère et activiste de 67 ans, l’a subie le jour de l’anniversaire du début de la révolution. Participer à une manifestation dans la capitale égyptienne, c’est prendre le risque d’être la cible d’intimidations, d’attouchements, voir de viols collectifs.

Comment expliquer que le même scénario se répète en toute impunité? Une femme voilée, ou non, décide de manifester sur la place Tahrir avec des amis. Après son arrivée sur la place, une multitude masculine et malveillante l’enserre et l’agresse. Seules pendant quelques minutes, de nombreuses victimes confient avoir crû mourir entre les mains des assaillants. Mais toutes n’oseront pas mener l’affaire devant les tribunaux, apeurées et fatiguées à l’idée de braver un système judiciaire qui ne leur reconnaît pas le statut de victime. " Compte tenu de l’entreprise de stigmatisation dont souffrent les femmes victimes d’harcèlement sexuel, et de l’attitude des autorités judiciaires, de nombreux cas (d’attaques) ne sont pas signalés. Celles qui portent plainte font face à un mur d’indifférence et même à du mépris dans leur lutte pour la justice ", a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« C’est un combat »

Pour palier à ce laxisme institutionnel, des associations s’organisent pour mettre sur pied des campagnes de sensibilisation et d’auto-défense. Parce qu’être agressée sur la place Tahrir ne doit jamais devenir une fatalité, des groupes de bénévoles sont formés pour venir au secours des femmes harcelées. " Nous ne pouvons pas rester silencieux. Nous ne pouvons le tolérer ", indique Mohamed El-Khatib, l’un des volontaires de l’organisation Opération contre le harcèlement et les agressions sexuelles. " Je sais que c’est une chose risquée. Mais c’est un combat. Nous ne devons pas les laisser gagner."

L’Opération contre le harcèlement sexuel , connue sous le nom OpAntiSH, rassemble une dizaine de bénévoles issus de la société civile et d’associations des droits de l’homme. Ils étaient une centaine à être mobilisées lors des dernières manifestations sur la place Tahrir. Et chaque groupe a une tâche spécifique: l’extraction des victimes, le transport de vêtements et de fournitures médicales dont elles pourraient avoir besoin, la sensibilisation des manifestants.

Les groupes de patrouilles ont essaimé sur la place Tahrir. L’un d’entre-eux se fait même appelé Tahir Bodyguard. Ses fondateurs, très actifs sur les réseaux sociaux, coordonnent les bénévoles et proposent même des cours d’auto-défense.

Le viol comme arme politique

Les attaques sont-elles spontanées? Ou planifiées en amont à des fins politiques? Des victimes et des associations s’interrogent. Quelles sont les véritables finalités des agressions sexuelles, si ce n’est dissuader les femmes de manifester à découvert sur une place publique hautement symbolique? Des activistes disent avoir déjà vécu cette situation en 2005, lors des manifestations anti-régime sous Hosni Moubarak. Les femmes qui manifestaient étaient victimes de harcèlements au vu et au su des policiers inactifs. A l’époque, des militantes avaient vu dans ces attaques ciblées, une arme politique. Qu’en-est-il aujourd’hui? La situation est-elle comparable? Même s’il est impossible d’imputer ces agressions à un groupe politique bien précis, le gouvernement égyptien se rend toutefois responsable d’une justice laxiste faîtes par les hommes et pour les hommes.


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