Le semaine dernière, je suis parti à la pêche aux participants pour mon étude. Elle attrait aux nouvelles missions du pharmacien d'officine. Pour se faire, dans un premier temps, je mène des entretiens de recherche de groupes auprès des différents acteurs impliqués: les patients, les médecins généralistes et les pharmaciens d'officine.
Je ne connais pas le réseau officinal grenoblois. Je n'ai pas oublié le précepte d'un ancien employeur: "montre ta gueule!" - Un autre, qui ne fut jamais mon employeur, me dira plus tard: "ferme la." -
J'ai donc chevauché mon vélo pour rencontrer les pharmaciens.
Petit tour d'horizon de mes rencontres.
Tout a commencé par la pharmacie à 300 mètres de chez moi. Voilà une pharmacienne qui me redonnerait envie d'exercer! Proactive, elle n'a pas peur de se lancer dans des projets, seule, en coopération avec le CHU! Elle est devenue pharmacien de ville référente pour les patients bénéficiant d'une chimiothérapie. Elle a mis en place une permanence téléphonique avec arbre décisionnel pour établir le niveau d'urgence de la demande et réorienter correctement le patient. Une mission qu'encadre le pharmacien correspondant! Elle ne demande pas (encore) de rémunération pour ce service.
Mon parcours s'est fini chez un pharmacien très investi dans un réseau de soins de rhumatologie. Aucune hésitation pour lui, le pharmacien doit diversifier et spécialiser son activité. La dispensation échappera à l'officinal: les grossistes ont le réseau pour devenir des "Pharmacies à Usage Intérieure"... en ville. A suivre.
Entre eux, il y eut les autres. Ceux que te regardent de leurs gros yeux globuleux que je leur dis que je suis pharmacien au CNRS. A croire que pour eux, imaginer un pharmacien ailleurs que derrière un boite d'aspirine ou une crème LIERAC est impossible. Puis ils lâchent un long soupir de fatigue. Oui, ils n'ont plus de temps. Je dirais qu'il n'en ont jamais eu. Et ils me disent au revoir en me souhaitant de manière faussement affectée "bon courage"; dans les yeux, je peux lire "toi t'es un fada, on s'enfout des nouvelles missions."
Mais le pompom revient à une pharmacie de la banlieue grenobloise. Regarder bien la vitrine.
Rapprochons-nous pour être sûr!
Non, c'est bien çà, cette pharmacie a préparé l'avenir en installant un distributeur automatique de médicaments! Mais je vous rassure, à l'intérieur, il y a un espace confidentiel avec un joli panneau: "Bilan pharmaceutique". L'honneur est sauf.
Il y eut aussi une bonne surprise: l'OCP accepta de diffuser mon invitation à participer à la recherche. Certes, le rendement est mauvais: 0,5% de taux de réponse! Mais leur implication m'a fait plaisir et elle est bonne à souligner! D'autres n'ont pas daigné me répondre. Je dis çà...
Pour conclure, petit bilan d'étape: en une semaine, j'ai réuni 14 pharmaciens motivés (il m'en faut 24). Tout n'est pas perdu!