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Histoires extraordinaires

Publié le 10 avril 2008 par Shalinee
Histoires extraordinaires

Edgar Poe aime à agiter ses figures sur des fonds violâtres et verdâtres où se révèlent la phosphorescence de la pourriture et la senteur de forage.

- Baudelaire.

 

On ne peut pas évoquer Edgar Allan Poe sans parler de Baudelaire et du rôle proéminent qu’il a joué dans la diffusion de ses nouvelles en France. Influencé lui-même par cette « pourriture » et ce « forage » de E. Poe, sa poésie en gardera des traces car traduire Poe a été un maillon essentiel dans son propre processus créatif. Tout en étant romancier, poète, dramaturge prolifique entres autres, E. Poe est surtout connu pour ses formes brèves, ses nouvelles empreintes de fantastique et d'horreur, et la théorie qu’il a développée autour de celles-ci : la fameuse théorie de l’effet selon laquelle tous les éléments d’une histoire courte doivent converger textuellement vers un  « effet » unique, un niveau de paroxysme qui donnerait sens à tout le récit. Les Histoires extraordinaires, contes fantastiques traduits par Baudelaire, font partie de l’un de ses ouvrages les plus connus en France, écrits en 1856 et adaptés au cinéma par Jean Faurez en 1949.

 

Les histoires elles-même, treize au total, qualifiées par l’auteur « d’extraordinaires » (elles le sont)  explorent chacune un univers différent : Il traite à la fois d’un sujet fantastique, policier (Double assassinat dans la rue Morgue) ; gothique (La Vérité sur le cas de M. Valdemar) ; mystique (Révélation magnétique) : logique ( La lettre volée) ; aventures (Le scarabée d’or) entre autres qui rompent la monotonie à la lecture. Toutefois, il arrive que la forme ruine le fond du récit comme c’est le cas pour Aventure d'un certain Hans Pfaall, dans laquelle les longues descriptions techniques, notamment sur le fonctionnement d’un ballon ont rendu la lecture pénible et insipide et enlevé la magie de l’histoire, qui pourtant est réellement palpitante. D'autres au contraire nous laissent un peu sur notre faim en se terminant brusquement (Manuscrit trouvé dans une bouteille) et inutile de chercher le point culminant, « l’effet » car il n’y en a pas. Idem pour « Ligeia », qu’on préfère tout simplement ignorer, probablement parce qu’on l’aborde dans un état d’exténuation mentale suite à la lecture des onze premiers textes.

 

Malgré tout, certaines nouvelles m’ont laissé une impression plutôt positive, et j’ai été enchantée de retrouver l’atmosphère de L’île au trésor de Robert Louis Stevenson dans Le scarabée d’or, qui mêle un univers de pirate, de message mystérieux et de trésors cachés et qui est sans aucun doute la nouvelle que je préfère le plus dans cette collection. Toutefois, d’un point de vue strictement littéraire, l’oeuvre de E. Poe reste une source inépuisable pour étudier Baudelaire lui-même et les influences qu’il a pu avoir sur d’autres grands auteurs comme William Faulkner, dont je vous parlerai très prochainement.


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