Quand la consommation excessive d'alcool met la vie en danger, les raisons ne manquent pas pour se convaincre d'arrêter. Toute une série de "menaces" peuvent être motivantes, chez l'Homme, la crainte d'un divorce, d'une perte d'emploi, d'une suspension de permis de conduire voire même l'incarcération pour ivresse sur la voie publique... Face à ces menaces, de nombreuses personnes alcooliques s'arrêtent, mais dès le calme revenu, et en cas de sollicitation, la consommation reprend. Cette étude menée par le National Institute on Drug Abuse (NIDA-NIH) et publiée dans la revue Biological Psychiatry, montre que chez les rats c'est idem.
Un résultat important, alors que de nombreuses études sur la toxicomanie passent par l'animal pour mieux comprendre l'Homme. Il s'agit en effet d'adapter au plus près les modèles animaux de l'alcoolisme humain, pour mieux comprendre le processus complexe de la dépendance et pouvoir tester de nouveaux traitements. Actuellement, la technique la plus couramment employée pour parvenir à l'abstinence sur l'animal est l'abstinence forcée. Les modèles de rechute sont alors limités car ils ne prennent pas en compte le comportement équivalent à celui issu du désir d'un être humain qui va prendre en compte la dimension de plaisir mais aussi les conséquences néfastes de sa consommation.
Combler l'écart entre le modèle animal et la condition humaine, c'est le défi du Dr Nathan Marchant et de ses collègues du NIDA, qui ont développé un modèle de rat « rechute » dont la consommation d'alcool volontaire est contrôlée par la punition. Mais il se trouve qu'une fois exposés de nouveau à l'alcool, après suppression de la consommation dans un environnement punitif, ces rats modèles sombrent immédiatement à nouveau dans l'alcool.
Qu'est-ce que cela signifie ? L'abstinence induite par l'introduction de conséquences négatives sur la consommation d'alcool dans les cliniques de traitement pourrait, finalement, n'avoir qu'un effet limité sur la consommation d'alcool ultérieure, une fois de retour dans un environnement familial après la fin du traitement. C'est déjà une conclusion intéressante qui montre les limites de la « punition ». Mais l'étude engage d'autres questions : Quelle est l'influence de médicaments ou d'autres types de thérapies sur ce modèle? Quel est l'effet du temps? D'autres travaux seront nécessaires, concluent les chercheurs pour apporter les réponses.
Source: Biological Psychiatry doi: 10.1016/j.biopsych.2012.07.007 1 February 2013 Context-Induced Relapse to Alcohol Seeking After Punishment in a Rat Model (Visuel © Olga Langerova - Fotolia.com)
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