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excision condamnée par l'ONU mais demeurons vigilants

Publié le 19 février 2013 par Micheltabanou

A une encablure de la journée internationale du droit des femmes il faut rappeler que les militant(e)s pour l'interdiction de l'excision ont remporté en fin d'année 2012 une victoire majeure grâce à l'approbation par le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies d'une résolution appelant à une interdiction internationale de la mutilation génitale féminine (MGF).

Cette résolution, adoptée par consensus, qualifie l'excision de nuisible et de menace sérieuse pour l'état de santé des femmes sur le plan psychologique, sexuel ou reproducteur. Elle appelle les 193 Etats-membres de l'Organisation des nations unies (ONU) à condamner cette pratique, et à lancer des campagnes pédagogiques incitant à la fin de ces mutilations. La résolution exhorte enfin tous les pays à promulguer ou à renforcer la législation interdisant les MGF, afin de protéger les femmes "de cette forme de violence", et pour mettre fin à l'impunité des violeurs.

Bref rappel de ce qu'est ce fléau qui a muitilé, tué, des milions de femmes et continue aujourd'hui encore à sévir. C'est comme l'esclavage - il est boli - mais est toujours présent dans sa cruauté. Il faut veiller, dénoncer et condamner.

L'excision consiste en l'ablation du clitoris et parfois d'autres parties génitales féminines, la plupart du temps lors de l'enfance ou l'adolescence des femmes. D'après ses détracteurs, elle conduit à des douleurs lors des rapports sexuels avec autrui, à des complications lors de l'accouchement, et à l'absence de tout plaisir pour les femmes pendant l'acte sexuel. 70 millions de femmes ont subi cette pratique en 2010 selon l'ONU et 6.000 filles sont excisées chaque jour, d'après l'Organisation mondiale de la sant.

Les MGF sont une pratique courante dans 28 pays africains,ainsi qu'au Yémen, en Irak, en Malaisie, en Indonésie, ainsi que dans certains groupes ethniques d'Amérique du Sud.

Plus de 130 millions de filles et de femmes, dans le monde entier, ont subi une excision féminine (EF) et tous les ans, quelque deux autres millions de filles en courent le risque. L’excision est une pratique traditionnelle d’ablation ou de modification des organes génitaux des femmes, à titre de rite initiatique ou parfois socioculturel. Sous le seul angle de la santé, cette pratique peut avoir de graves répercussions : hémorragies, choc septique, douleurs, infections, difficultés d’accouchement, problèmes psychologiques et sexuels qui peuvent altérer la vie d’une femme tout au long de sa vie. Ces problèmes de santé potentiels s’aggravent selon le type d’excision, la compétence et les instruments du praticien-ne, les conditions d’hygiène et l’accès à des services de soins adéquats. Ce rapport du Population Reference Bureau (PRB) éclaire l’excision à partir des données de récentes enquêtes démographiques et de santé et de leurs tableaux comparatifs, concernant neuf pays : le Burkina Faso, l’Égypte, l’Érythrée, le Kenya, le Mali, la République centrafricaine (RCA), le Soudan, la Tanzanie et le Yémen.

Au cours des vingt dernières années, les gouvernements, la communauté internationale et les organisations professionnelles de la santé ont progressivement reconnu l’excision à titre de problématique des droits à la santé et de la personne. De ce fait, un consensus a graduellement été adopté contre l’excision et de solides efforts ont été engagés au niveau international, national et communautaire pour y mettre fin. Les organisations non gouvernementales, oeuvrant à l’échelon local ou international, mettent en oeuvre la majorité des programmes d’abandon de l’excision : il existe à l’heure actuelle au minimum 100 groupements oeuvrant dans ce sens.

Les programmes communautaires se situent au coeur des efforts visant à obtenir l’abandon de l’excision ; des réformes, des ressources et des textes de loi, tant nationaux qu’internationaux, sont nécessaires pour créer un contexte favorable à ces initiatives locales.

L’excision existe principalement en Afrique sub-saharienne et du nord-est, mais elle s’est propagée dans d’autres régions du monde par la migration des populations. Elle est pratiquée dans toutes les classes sociales, à tous les niveaux d’instruction, chez les populations rurales et urbaines et par différents groupes religieux et ethniques. Il y a toutefois de grandes variations d’un pays à l’autre liées aux caractéristiques suivantes : l’âge auquel l’excision est pratiquée, sa fréquence et la position de l’opinion publique face à l’excision, le type de praticien chargé de l’opération, les conditions dans lesquelles l’excision est réalisée et, enfin, les cérémonies et les traditions entourant cette pratique.

Le rapport du "Population Reference Bureau" éclaire l’excision à partir des données de récentes enquêtes démographiques et de santé et de leurs tableaux comparatifs, concernant neuf pays : le Burkina Faso, l’Égypte, l’Érythrée, le Kenya, le Mali, la République centrafricaine, le Soudan, la Tanzanie et le Yémen. La prévalence nationale de l’excision dans ces pays va de sa quasi-universalité (90 % ou plus) en Égypte, en Érythrée, au Mali et au Soudan, à 18 % en Tanzanie. Au Burkina Faso, en Érythrée, au Kenya, en RCA et en Tanzanie, il semblerait que cette pratique soit en diminution chez les jeunes femmes. En revanche, en Égypte, au Mali et au Soudan, on n’enregistre pratiquement aucune modification. Dans certains pays, il existe un contraste entre la forte prévalence de l’excision et le faible taux d’approbation par rapport à cette dernière. Cette dichotomie entre la pratique et les attitudes pourrait constituer des possibilités d’intervention, notamment au Burkina Faso, en Érythrée, au Kenya et en RCA. Par contre, la forte prévalence et le taux d’approbation élevé en faveur de l’excision dans d’autres pays, notamment l’Égypte, le Mali et le Soudan, exigerait sans doute des interventions différentes. Les citadines, possédant une certaine instruction, sont d’ordinaire moins susceptibles d’accepter et de pratiquer l’excision, mais ce n’est pas toujours le cas dans tous les pays.

Le rapport comporte un tour d’horizon et des statistiques récentes relatives à l’excision, un sommaire des démarches d’abandon de cette pratique et un bref examen des projets de quatre pays (Égypte, Kenya, Ouganda et Sénégal) considérés comme prometteurs par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Enfin, le rapport offre des recommandations aux décideurs et aux directeurs de programmes qui prennent part à la mise en oeuvre des politiques et des activités d’abandon de l’excision.

L’excision est une pratique culturelle non religieuse ni ethnique. Elle se pratique dans tous les groupes religieux d’Afrique, bien qu’aucune religion ne la préconise. L’affiliation ethnique est également associée à l’excision féminine. Dans certains pays, toutes les ethnies pratiquent l’excision dans toutes les régions ; dans d’autres, la pratique est circonscrite à une ou à plusieurs ethnies, habitant dans des régions spécifiques.

Les praticiens traditionnels, d’ordinaire sans formation médicale, assurent la grande majorité des opérations EF. Très souvent, le praticien en question vient d’une famille de praticiens traditionnels depuis des générations. Dans certains pays, l’excision des mères et des filles est opérée par des praticiens traditionnels. Dans d’autres pays, un personnel médical se charge de plus en plus souvent de cette opération, surtout sur les filles les plus jeunes, sans que ce soit une garantie accrue d’innocuité.

Cette tradition trouverait son origine il y a 2.000 ans, dans le sud égyptien ou le nord soudanais, mais dans de nombreuses régions d’Afrique, cette pratique a commencé au XIXe ou au Xxe siècle. Il n’existe aucune preuve concluante renseignant sur la date ou la raison de l’apparition de l’excision. L’excision est une pratique ancienne, mais elle a également été adoptée récemment, par exemple pour les adolescentes au Tchad.

L’excision est d’ordinaire pratiquée sur les filles entre 4 et 12 ans, bien que dans certaines cultures elle le soit dès les premiers jours de la naissance ou plus tard, avant le mariage, au cours de la grossesse ou encore à la suite du premier accouchement. La fille y est soumise individuellement ou avec d’autres filles de sa communauté ou de son village.

D’ordinaire, les aînés traditionnels (barbiers et exciseuses) exécutent l’opération, parfois à titre lucratif. Dans certains cas, l’opération n’est pas rémunérée et le prestige et le pouvoir de cette fonction amènent les praticiens à poursuivre l’excision. Le praticien possède ou non une formation médicale, pratique ou non l’anesthésie, stérilise ou non les instruments de sa fonction. Ces derniers sont : des lames de rasoir, des éclats de verre, des couteaux de cuisine, des silex aiguisés, des ciseaux ou des scalpels. Il est démoralisant de constater une tendance au recours à la profession médicale (médecins, infirmières et sage-femmes) dans certains pays, notamment en Égypte, au Kenya, au Mali et au Soudan, pour pratiquer l’excision, en raison de la sensibilisation accrue aux risques sanitaires de l’excision et de son rôle éventuel dans la transmission du VIH.

L’OMS a vivement recommandé qu’aucun professionnel de la santé ne pratique l’excision, sous quelque forme que ce soit, dans quelque cadre que ce soit, y compris les hôpitaux et autres centres de santé.

Les risques pour la santé

L’excision comporte des risques pour la santé, notamment pour les femmes qui en ont subi les formes les plus extrêmes Citons-en quelques effets secondaires potentiels : douleurs graves, hémorragie, lésion des tissus et des organes connexes, choc septique, infection, rétention urinaire et tétanos (certains de ces effets secondaires peuvent entraîner la mort). Les répercussions de longue durée comprennent notamment : kystes, abcès, incontinence, problèmes psychologiques et sexuels et difficultés d’accouchement. L’arrêt de travail en cours d’accouchement peut se produire chez les femmes infibulées.

L’infibulation est l’ablation des organes génitaux externes et la suture des deux lèvres de la vulve, en ne laissant qu’un petit orifice pour la miction et la menstruation. Si la vulve n’est pas rouverte (désinfibulation) pour la parturition, l’accouchement est entravé et peut entraîner des complications mortelles pour la mère et l’enfant, notamment des lacérations du périnée, des hémorragies et infections, des lésions cérébrales chez l’enfant et la formation de fistules.

Tous ces effets secondaires éventuels peuvent endommager à vie la santé de la jeune fille ; toutefois le type et la gravité des conséquences sont tributaires du type d’opération qu’elle aura subi. L’infibulation est l’excision la plus invasive et la plus destructrice. Les études de recherche sur ces opérations, réalisées au Burkina Faso et au Mali, démontrent que les femmes infibulées sont deux fois et demie plus sujettes à des complications gynécologiques que les femmes ayant subi une ablation de type 2 ou 1. Les risques au cours de l’accouchement augmentent également avec la gravité de l’opération. Par exemple, au Burkina Faso, les femmes ayant subi une excision de type 2 ou 3 étaient sensiblement plus sujettes aux hémorragies ou aux déchirures du périnée pendant l’accouchement.

S’il est certes difficile de déterminer le nombre de femmes ayant subi une EF et le nombre de celles ayant subi les différents types d’excision, selon les estimations de l’OMS, la clitoridectomie qui représente près de 80 % de tous les cas, reste la procédure la plus courante. Quinze pour cent de toutes les femmes circoncises ont été infibulées, c’est-à-dire la forme la plus grave de circoncision. L’excision est pratiquée dans quelque 28 pays, au moins, de l’Afrique du nord-est et sub-saharienne, mais elle ne l’est pas dans les pays arabophones d’Afrique du Nord, à l’exception de l’Égypte. Elle se pratique à tous les niveaux d’instruction et dans toutes les classes sociales et dans de nombreux groupes religieux (musulmans, chrétiens, animistes et une secte juive), bien qu’aucune religion ne la préconise. En ce qui concerne les pays présentés ici, par rapport aux données EDS, la prévalence varie de 18 % en Tanzanie à près de 90 % ou davantage en Égypte, en Érythrée, au Mali et au Soudan. Selon les estimations de l’OMS, 18 pays africains présentent une prévalence de 50 % ou davantage. Cette pratique s’est propagée, avec la migration des populations, jusqu’en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Bien que les médecins, les administrateurs coloniaux et les spécialistes des sciences sociales aient relevé depuis de nombreuses années, pièces à l’appui, les effets néfastes de l’excision, les gouvernements et les bailleurs de fonds s’intéressent progressivement à la question en raison des répercussions pour la santé publique et les droits de la personne.

Le rôle de l’OMS

Les efforts mondiaux visant à mettre fin à l’excision ont emprunté la voie législative pour sanctionner les activités de projet, protéger les femmes et dissuader les exciseurs et les familles qui craignent des poursuites en justice. Dans les années 60, l’OMS a été la première agence spécialisée des Nations Unies (ONU) à prendre position contre l’excision féminine. L’OMS a lancé, dans les années 70, des initiatives visant à promouvoir l’abandon des pratiques traditionnelles néfastes, telles que l’excision, efforts axés principalement sur le recueil d’informations concernant l’épidémiologie et les conséquences sanitaires de l’excision, et la sensibilisation à l’encontre de l’excision à l’échelon international, régional et national. En 1982, l’OMS a délivré une déclaration officielle devant la Commission des droits de l’homme des Nations Unies, recommandant plusieurs mesures :

-
les gouvernements devraient adopter des politiques nationales explicites visant à mettre fin à l’excision, à instruire et à informer le public sur les aspects nocifs de cette dernière ;
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les programmes de lutte contre l’excision doivent tenir compte de l’association entre cette dernière et les conditions socio-économiques difficiles, et répondre aux besoins et aux problèmes des femmes ;
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les organisations féminines locales devraient être encouragées à prendre des mesures de lutte contre l’excision.

En 1988, l’OMS a commencé à intégrer l’excision dans le contexte du développement des soins primaires. Au cours des années qui suivirent, l’OMS a modifié sa position quant à l’excision, abordée au départ du point de vue de la santé, pour la considérer enfin dans son optique de santé et des droits de la personne. Dans les années 90, l’excision a progressivement été reconnue par les gouvernements africains, la communauté internationale, les organisations féminines et les associations professionnelles, à titre de question relevant de la santé et des droits de la personne. La Convention de Vienne sur les droits de l’homme de 1993, la Conférence internationale sur la population et le développement de 1994 et la quatrième Conférence mondiale sur la femme de 1995, ont demandé que l’on mette un terme à cette pratique. L’excision, lorsqu’elle est opérée sur des filles et des femmes non consentantes, viole plusieurs droits de la personne, reconnus et protégés par les conventions et les conférences internationales, notamment la Convention sur les droits de l’enfant, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF). Selon les termes explicites de ces conventions, les pratiques traditionnelles nocives, telles l’excision, constituent des violations des droits de la personne, notamment le droit à la non-discrimination, le droit à la vie et à l’intégrité physique, le droit à la santé et le droit de l’enfant à des protections spéciales.

Le respect des législations internationales sur les droits de l’homme n’exige pas que toutes les cultures adoptent une même démarche relative à l’abandon de l’excision. Selon un érudit musulman, le respect des différentes cultures signifie l’acceptation « du droit de tous les êtres humains à choisir les options respectant en toute égalité les droits de la personne », ces derniers devant comprendre la vie, la liberté et la dignité pour chaque personne ou groupe d’êtres humains.

En Afrique, dix pays (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Djibouti, Ghana, Guinée, Niger, République centrafricaine, Sénégal, Tanzanie et Togo) ont adopté des lois criminalisant l’EF. Les peines prévues vont de six mois d’incarcération à la prison à perpétuité. Au Nigeria, 3 des 36 états (en 2000) ont également adopté des lois concernant l’excision. Au Burkina Faso, au Ghana et au Sénégal, ces lois sont appliquées et les exciseurs sont emprisonnés. Dans ces pays, plusieurs groupements informent le grand public des lois, empruntent diverses stratégies (par exemple, information d’intérêt public et comités de surveillance) afin de dénoncer l’excision et arrêter les activités des exciseurs en les signalant à la police. Plusieurs pays prévoient également des amendes. En Égypte, le ministère de la Santé a publié un décret déclarant l’excision illégale et passible de poursuites en vertu du Code pénal. Plusieurs poursuites en justice ont été engagées en invoquant cette loi, qui ont abouti à des peines de prison et des amendes. En outre, sept pays industrialisés qui accueillent les immigrants venant de pays où se pratique l’excision (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Norvège, Suède, Royaume-Uni et États-Unis) ont adopté des lois interdisant cette pratique. Toutefois, l’application de ces lois est très inégale. La France, en revanche, applique uniformément les dispositions générales de son Code pénal à l’encontre des praticiens d’EF et n’a pas adopté de loi spécifique concernant l’excision.


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