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L’Armageddon est ajourné mais la menace persiste

Publié le 19 février 2013 par Memophis


метеорит обыкновенный хондрит

  Photo : ru.wikipedia.org/Vesta/сс-by-sa 3.0

Si le météorite avait explosé à la même latitude mais quatre heures seulement plus tard, il aurait effacé de la surface de la Terre la ville de Saint-Pétersbourg. Heureusement cette déduction du chercheur Bill McGuire ne concernait pas les événements de Tcheliabinsk d'il y a quatre jours, mais la catastrophe mystérieuse de la Toungouska de 1908. Néanmoins le comportement des météorites tels que celui de Tcheliabinsk est imprévisible, ce qui rend l'humanité absolument sans défense.

Le lundi 18 février, le nombre de blessés touchés par la chute du météorite dans l'Oural avoisinait 1 500. La première conclusion qui s'impose d'elle-même est la nécessité d'entreprendre quelque chose avant qu'un autre bolide, plus redoutable que celui de Tcheliabinsk, ne frappe la planète. Le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine a évoqué la nécessité de créer un système international de protection de la Terre contre les bombardements de météorites aussitôt après que l'information sur l'explosion du météorite de Tcheliabinsk a été diffusée. Il a noté cependant qu'à l'heure actuelle aucun Etat n'était en mesure de détruire les météorites avant leur chute.

L'idée d'un bouclier protégeant contre des attaques de météorites n'est pas neuve. Elle a été déjà plusieurs fois discutée par la communauté scientifique et a été maintes fois reprise dans les films d’anticipation. Les moyens existants d'alerte à une menace spatiale dont disposent les Etats-Unis et la Russie ne conviennent que pour mener des « guerres des étoiles » entre ces puissances. Quant au contrôle de l'espace, les structures russes et américaines appropriées ne sont capables de suivre que 3 % des menaces, estime Ivan Konovalov, directeur du Centre de la conjoncture stratégique.

« L'unique chose que nous puissions créer dans l'avenir le plus proche est un système d'échange d'informations. Sous une forme ou une autre, un tel système existe déjà. Mais il faut qu'il soit plus efficace qu'un simple échange d'informations entre les pays sur l'intervention des objets extraterrestres. Pour ce qui est des engins ou systèmes capables de détruire ces objets, c'est l'affaire d'un futur lointain. Le problème existe et, en attendant, des discussions sont menées sur la manière de le formuler. Après seulement on pourra s'attaquer à sa solution », a noté M. Konovalov dans un entretien accordé à La Voix de la Russie :

A terme, un bouclier planétaire est théoriquement possible à condition de réunir les potentiels économiques, scientifiques et techniques de Russie, des Etats-Unis, de Chine et des autres Etats possédant les technologies spatiales ; les fusées comprises. Pourtant, selon Ivan Konovalov, il est pratiquement impossible d'imaginer la probabilité d'une telle consolidation.

Selon Vladimir Evseev, directeur du Centre des études sociopolitique, à l'heure actuelle parler sérieusement de la possibilité de prévenir la collision avec la Terre d’un objet céleste de grandes dimensions est dénué de tout sens :

« Les objets de dimensions importantes sous forme d'astéroïdes et leurs trajectoires sont suffisamment bien suivis à l'intérieur du système solaire. Il semble qu'une menace ne puisse pas venir de ce côté-là. Les objets situés au-delà du système solaire sont une toute autre chose. Pour les suivre, il faut bien sûr un système international de surveillance des objets célestes dangereux. Dans une certaine mesure cette tâche est remplie par les systèmes de télescopes existants. Dans le même temps, le système de monitorage ne permet que de détecter les objets. Leur vitesse est si grande que nous n'aurons pas le temps de changer leur trajectoire ».

Vladimir Evseev note également que le monitorage des objets célestes présentant un danger serait plus efficace si les télescopes étaient placés sur des orbites géostationnaires. Mais pour ce faire, il faudrait créer des stations orbitales onéreuses. Quant à la possibilité de modifier les trajectoires des objets célestes dangereux se rapprochant de la Terre, cela doit être un système spécial, qui n'aurait rien à voir avec la défense antimissile. Ainsi la vitesse de l'ogive d'un missile balistique intercontinental est de quelques km/s. Tandis que le météorite ayant provoqué les destructions de Tcheliabinsk se déplaçait apparemment, à la vitesse de plusieurs dizaines de km/s. Tous les systèmes de défense antimissiles existants sont impuissants contre des objets évoluant à de telles vitesses.

De plus, la destruction d'un objet dans l'espace circumterrestre à une altitude de plusieurs centaines de kilomètres n'aurait aucun effet. Le météorite pénétrera de toute façon dans l'atmosphère et provoquera une onde de choc. Pour prévenir efficacement les menaces de collision avec la Terre, il faut détourner les objets de leur trajectoire à une distance de milliers, voire de dizaines de milliers de kilomètres de la planète. En d'autres termes, il faut développer des systèmes de défense radicalement différents déployés dans l’espace et équipés de lasers chimiques ou d'autres éléments cinétiques capables de changer leur trajectoire.

Mais le plus important à l'heure actuelle est le coût astronomique des systèmes capables de protéger efficacement la Terre. Prenons à titre d'exemple les Etats-Unis : les Américains n'ont pas déployé d’armes dans l'espace non pas à cause de leur attachement à la paix, mais à cause du coût des « guerres des étoiles » beaucoup trop élevé, même pour eux. La communauté des experts est divisée depuis longtemps sur l'utilité d'un bouclier spatial. Les optimistes estiment que la probabilité de la rencontre fatale d'un objet volumineux avec la Terre est infime. Un cops céleste menaçant réellement la civilisation humaine sera détecté à 95 %, a confié à La Voix de la Russie Jim Zimbelman, géologue au Centre de la Terre et des études planétaires du Musée national de l'air et de l'espace (Etats-Unis). Il a rappelé l'astéroïde DA14 qui s'est rapproché de la Terre presque simultanément avec le météorite de Tcheliabinsk : sa trajectoire a été calculée grâce aux radars et télescopes de la NASA. Il est vrai que Jim Zimbelman n'a pas pu rassurer les journalistes et l'auditoire de La Voix de la Russie sur les conséquences des chutes de gros météorites sur notre planète. Selon lui, bien que le météorite de Tcheliabinsk ne mesurât que 10 mètres de diamètre, sa puissance destructrice était la même que celle du météorite de la Toungouska : l'onde de choc atmosphérique.

La détection d’un météorite comme celui de Tcheliabinsk relève du hasard, affirme le docteur Ed Beshore de la mission NASA OSIRIS-REx. Avertir les gens d’un tel danger n’est possible que certains cas, mais, selon le chercheur, les événements comme celui de Tcheliabinsk ne se produisent qu'une fois sur une période de plusieurs dizaines d'années. Selon lui, le phénomène n'est pas rare, mais tout simplement les trois quarts de la surface terrestre sont immergés, et par conséquent, peu peuplés. T

Pourtant, si un tel météorite tombait sur des régions à forte densité de population d'Europe ou d'Asie, la catastrophe serait inévitable. T


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