Lorsque des parents viennent me rencontrer pour leur nourrisson qui ne dort pas assez, il m’arrive souvent de commencer par prendre quelques secondes pour féliciter le bébé. En effet, je le regarde face à face et, les yeux dans les yeux, je le félicite de tout mon cœur. Étonnant ?
Une âme très efficace...
Mais oui, je lui dis qu’il a enfin réussi à trouver le moyen de faire comprendre à ses parents qu’il avait quelque chose de très important à leur faire savoir. Pour ce faire, il a réussi à les amener voir une « traductrice de bébé ». Oui, c’est mon rôle, mon travail, le mandat que s’est donné mon âme et que j’ai accepté voilà treize ans maintenant. En réponse à mes félicitations, les bébés me font généralement un immense sourire. Les bébés ont besoin de cette sorte de reconnaissance, celle de leur Parole.
Il passe un message...
N’en doutez pas, l’âme des bébés sait mettre en œuvre ce qu’il faut pour passer un message important, et à la bonne personne en plus. Chacune de nos âme peut tirer efficacement les bonnes ficelles qui amènent la personnalité à vivre exactement ce qu’elle a besoin, tant en ce qui ressemblent à des difficultés (qui ne sont en fait que des incitatifs) qu’à des solutions. Voilà le grand pouvoir de l’âme des bébés, et je parle bien ici de très jeunes bébés ! Au cours de chacun des rendez-vous, c’est à l’âme du bébé que je m’adresse parce que je sais qu’elle est là et qu’elle est très active dès la préconception.
Comment aider un bébé à dormir...
En arrivant dans mon bureau, les parents ont souvent la même question en tête : « Comment aider notre bébé à faire ses nuits ? » Généralement, leur enfant se réveille plusieurs fois chaque nuit depuis plusieurs semaines (et mois!). Ils ont essayé tant de choses pour remédier au problème, mais rien ne semble fonctionner. Et si, après avoir tant et tant essayé de le faire dormir, on abordait le problème d’une nouvelle façon ?
D’abord, en ne voyant pas ce symptôme comme un problème. Effectivement, les bébés m’ont enseigné qu’il s’agit ici véritablement d’une opportunité et d’une occasion en or de passer à une autre étape évolutive non seulement pour lui-même, mais également pour toute sa famille. Les chinois l’ont compris depuis très longtemps puisqu’en écrivant l’idéogramme «problème», il signifie également «opportunité».
Du lait... ou autre chose?
Quand un nouveau-né de quelques jours se réveille plusieurs fois la nuit, on ne s’interroge pas. On pense tout de suite au lait dont il a un besoin régulier pour maintenir un taux de sucre sanguin constant et nourrir son cerveau, mais auprès d’un nourrisson plus vieux, quelle conduite adopter ? Faut-il continuer à lui donner du lait et répondre à toutes ses demandes de peur de le traumatiser ? Faut-il le rassurer, le prendre avec soi, le bercer, le promener en voiture, lui parler, lui expliquer comment il doit se comporter en laissant dormir ses parents ? S’il est plus vieux, faut-il sévir, l’obliger à ne plus sortir de sa chambre, le contraindre à rester dans son propre lit, ignorer ses appels et le laisser pleurer pour ne pas le gâter ?
Des livres proposent toutes ces lignes de pensée et bien d’autres encore qui vont du lit communautaire familial à l’imposition d’un horaire strict, avec toutes les nuances possibles entre ces deux pôles. Mon but n’est pas de critiquer ces techniques, mais de sortir de l’ancien cadre pour enfin essayer autre chose, c’est-à-dire de comprendre ce qui fait que cet enfant dort si peu la nuit.
La peur de gâter le bébé…
« Si je l'écoute, j'ai peur d'en faire un enfant gâté ». Cette peur, cette réticence qui met un frein aux élans du cœur, je l'entends souvent. Mais que signifie exactement cette expression ? Le sens que je donne à un bébé « gâté » est un enfant qui souffre. Il n'est pas trop « choyé » comme certains l'entendent. Ce que l'on entend, tout haut, nous les adultes, ce sont des plaintes, des pleurs et des cris. Mais, heureusement, la plupart des enfants sont persévérants. Oui, je dis bien «heureusement». Réveillant ses parents plusieurs fois la nuit, toujours dans les bras ou collé au sein, geignant « pour rien », cet enfant exprime un besoin qui n’est pas encore assez bien identifié pour y trouver une satisfaction profonde. Alors il nous pousse à aller plus loin.
Tout bas...
Ce qui se dit tout bas, en l'enfant, c'est sa tentative de parler d'un vrai besoin, d'un mal-être profond, souvent relié à l’évolution de son âme. Le petit enfant nous parle bien plus que de simples besoins physiques. Et il s'acharne. Oui, il dérange vraiment ses parents, mais son insistance provient souvent de son âme. Ses essais vont lui permettre d'être enfin comprise car les pleurs de nuit ont ceci de particulier qu’ils traduisent très souvent des besoins qui ne sont pas physiques.
La qualité propre aux énergies de la nuit permet de faire émerger les soucis et les rendre plus accessibles à la conscience. Tant chez les adultes qu’un très jeune bébé, la nuit est le territoire du psychisme, de ce qui est caché, ce qui est intérieur. La nuit révèle ce qui habite le cœur et l'âme, ce qui appartient aux souterrains inconscients de l’Être. Dans ces moments particuliers, les pleurs sollicitent un besoin d'accompagnement au niveau psychologique, émotionnel et spirituel.
Identifier la cause profonde…
S’il dort mal, quelque chose le trouble profondément - il ne fait pas un caprice - et le bébé le manifeste par la qualité de son sommeil. La solution réside alors dans l’identification précise de la cause de son stress: comprendre avant d’agir! Dénicher les racines de la souffrance indiquera par la suite la voie à suivre pour régler le vrai problème. Passés les premiers mois d’adaptation, un nourrisson se réveille la nuit de moins en moins souvent et reste éveillé de moins en moins longtemps. Ainsi, vers deux mois, si tout va bien, il peut se réveiller à une ou deux reprises, il boit rapidement et se rendort profondément.
Par contre, s’il se réveille souvent (aux heures ou aux deux heures) ou ne s’endort pas du tout malgré des signes évidents de fatigue, s’il refuse d’être déposé dans son lit, s’il tète souvent, mais pas longtemps ou n'accepte de dormir que collé à un parent, la faim n’est probablement pas ce qui le garde éveillé. Ce genre de pleurs est typique d’une âme en train de s’exprimer. Et, croyez-moi, les âmes des bébés en ont long à dire. Comme dans l'histoire suivante...
L’histoire de Marc-André…
C’est le temps de faire la connaissance de Marc-André, âgé de vingt-deux mois, qui a beaucoup de difficulté à dormir la nuit depuis sa naissance. Toutes les nuits, il vient rejoindre sa mère dans le lit conjugal et la garde éveillée de toutes sortes de façons, ou il l’appelle à grands cris déchirants de son propre petit lit jusqu’à ce qu’elle vienne le bercer. Si c’est son père qui vient essayer de le rendormir, la crise redouble d’intensité. C’est sa maman que Marc-André veut et personne d’autre !
Ses parents veulent pouvoir enfin dormir. Ils ont tout essayé. Ensemble nous avons travaillé sur plusieurs niveaux en trois rencontres échelonnées sur une courte période dont je vous présente ici un résumé. Pour aider les parents à mieux comprendre leurs enfants, j’ai mis au point une approche à la fois corporelle et énergétique (inspirée de la kinésiologie appliquée) qui permet de donner la parole à la Sagesse de l’Être et à l’intelligence innée du bébé (ou d’un fœtus) : c’est la P.A.B. Ces trois lettres signifient tout simplement « Parole Au Bébé ». Cette technique qui ne nécessite aucun don particulier – mais une formation sérieuse et de la pratique – nous a permis d’identifier chez cette famille plusieurs éléments de réponse et de comprendre la cause de ce problème aux multiples ramifications.
La vérité...
La réponse venue de la Sagesse de Marc-André a surpris ses parents par le choc de sa vérité : « En me réveillant la nuit, je prends soin de ma mère », nous a-t-il dit. En avançant dans la rencontre, la Conscience de la mère nous l’a confirmé : elle ne peut se résoudre à voir son bébé devenir un grand garçon parce qu’elle craint de le voir se détacher d’elle et devenir de plus en plus autonome. Elle l’imagine déjà devenu adulte, jeune homme, quitter la maison et voler de ses propres ailes. Et la quitter.
Au cours du rendez-vous, on apprend aussi qu’au moment de la conception de Marc-André, elle l’a appelé à la rejoindre dans sa vie -inconsciemment - pour fuir sa solitude qui lui faisait si atrocement mal. C’est ce que j’appelle « un mandat de conception »: elle a ni plus ni moins chargé son enfant d’un travail... qu’il a accepté. Ce dernier point est très important. C’est là que réside la base du travail que pourra accomplir l’âme de Marc-André en collaboration avec sa personnalité et celle de sa mère.
Une page de l’histoire maternelle…
Pour mieux comprendre ce qui, chez la mère, invitait si intensément ce bébé à prendre soin d’elle, nous avons fait une petite parenthèse dans sa propre vie, en explorant brièvement un chapitre de son histoire plusieurs années avant l’arrivée de Marc-André. Au moment de prendre son envol hors de la maison familiale, poussée bien trop tôt à quitter le nid par la violence de son père - elle n’avait que quinze ans - elle a eu peur de ne pas arriver à survivre toute seule, peur de faire face à sa solitude, peur de n’être plus utile à personne, elle qui avait construit sa seule raison d’exister sur le sentiment de se sentir nécessaire auprès de sa mère en détresse constante.
Durant un rendez-vous en P.A.B., s’avouer qu’on a peur de la solitude peut à la fois horrifier et soulager. Surprise, mais aussi immédiatement « réveillée », la maman a pris conscience de tout un pan de sa propre histoire entremêlée de celles de ses propres parents, de son conjoint actuel et de leur enfant sur lesquelles nous nous sommes penchés pour mieux comprendre les enjeux sous-jacents. Ses mots et ses larmes venus du plus profond de son âme ont dessiné un nouveau chemin devant elle.
Après avoir pu prendre un peu d’altitude au-dessus de sa situation passée, présente et future, elle se mit à envisager son rôle de mère, de conjointe et de femme d’une façon différente.
Des bébés très responsables…
Il ne nous apparaît pas facilement concevable qu’un bébé si jeune puisse se sentir responsable de sa mère et pourtant c’est le cas de très nombreux enfants. Le bébé ne sait pas qu’il est « juste » un petit bébé ; il se voit lui-même comme une personne, une âme incarnée, l’égal de n’importe quel adulte. Mais concrètement, au niveau de sa personnalité, l’enfant est complètement dépendant de la présence de sa mère, de ses parents et des adultes qui en prennent soin. Et c’est pour cette raison que, motivé par son désir de survie physique et affective, il est prêt à endosser bien des rôles, même celui de garder sa mère occupée toute la nuit en faisant fi de son propre besoin de sommeil réparateur pour qu’elle se sente utile et plus seule du tout.
Marc-André a à cœur plus que le simple bien-être de sa mère. Il veut agir de tout son cœur pour qu’elle reste en vie : « Je prends soin de toi, maman, pour que tu prennes soin de moi. Je veux te garder en vie pour que tu puisses me garder en vie, moi qui suis si dépendant de toi pour mon bien-être. Je veux que tu sois heureuse pour que cela soit plus léger pour moi. » En entendant cela, la jeune mère nous a dit que c’était la première fois de sa vie qu’elle se sentait prête à se l’avouer : « Sans l’arrivée de Marc-André dans ma vie, je ne suis pas sûre que j’aurais eu le courage de continuer».
Éduquer et accompagner…
Si, pour Marc-André, le sentiment de prendre soin de sa mère, et pour sa mère le besoin de ne pas être seule, ont uni intensément leurs deux destinés, la suite de leur histoire commune peut dorénavant continuer sur une base plus légère. En plus de comprendre la cause des réveils nocturnes fréquents de Marc-André, en plus de prendre conscience de la direction du travail que devait faire sur elle-même la mère, c’est aussi la prise de conscience du sens de tout le contexte du début de sa vie qui permet et permettra à l’âme de Marc-André de faire des pas significatifs très importants pour lui-même.
En effet, en prenant ainsi de l’altitude au-dessus de ce qu’il croyait être son devoir envers sa mère, il s’est rappelé l’un des objectifs importants concernant son incarnation. Au moyen de la P.A.B., il a pu mettre en mots qu’en cette vie il a mis à son « agenda » un apprentissage bien précis : apprendre à ne pas se sentir responsable des personnes qu’il aime. Son âme est à la recherche d’une façon différente d’aimer : son amour ne doit pas chercher à prendre en charge les besoins des autres.
Du même coup, il apprend à mieux s’aimer lui aussi en honorant ses besoins personnels (dont dormir!). Bien des tout-petits acceptent d’assumer des rôles importants au sein de leur famille, mais ce mandat peut parfois devenir lourd pour ces petites épaules s’ils les interprètent ou les appliquent mal.
En tant que parent, élever efficacement un enfant c’est aussi tenir compte de la croissance du cœur et de l’âme de son enfant, mais c’est également s’accompagner soi-même dans sa propre évolution. En prenant soin de nous-mêmes en tant qu’adulte/parent/conjoint et ancien enfant, on permet à nos inconforts, nos souffrances et nos limites de se métamorphoser en outils de croissance pour toutes les personnes concernées, y compris notre conjoint et notre enfant.
Des résultats…
Il n’est pas besoin d’attendre qu’un enfant ait atteint l’âge de deux ans pour comprendre son âme, l’accompagner vers des nuits plus paisibles et alléger sa vie ! Déjà, entre deux et six mois, un bébé se prépare à pouvoir se rendormir seul durant la nuit. S’il a déjà fait des nuits de cinq heures pendant quelques jours et qu’il a régressé, se réveillant maintenant aux deux heures, c’est l’un des signes qui indiquent un besoin profond à identifier puis à combler. Dans les semaines qui ont suivi notre rencontre, on a de moins en moins entendu de petits pas se promener entre la chambre de Marc-André et celle de ses parents.
Cette évolution s’est faite en douceur à mesure que sa maman a commencé à prendre soin de son propre sentiment de solitude et découvert mille et une nouvelles façons d’être utile et aimante pour son bambin, pour son conjoint et… surtout pour elle-même. En même temps, Marc-André a graduellement lâché-prise sur ce qu’il croyait être son devoir et laissé sa maman prendre soin d’elle-même.
Pour réussir à faire dormir un bébé la nuit, les parents trouvent toutes sortes de trucs, mais qui ne règlent pas toujours la cause profonde du problème. Quand les parents ont tout essayé, que les besoins physiques de base du bébé sont comblés, que le médecin le déclare en bonne santé, que ses pleurs gardent les parents éveillés durant de longues heures toutes les nuits, on peut suspecter que ces pleurs n'expriment peut-être plus un besoin physique... mais le fait d’une âme en action vers un objectif précis.
Brigitte Denis est traductrice de bébé, auteure du livre La Parole au bébé - Découvrir la vie intérieure du bébé par la kinésiologie péri-natale, fondatrice et formatrice de l’approche «La Parole Au Bébé» (ou P.A.B.).
Pour information sur la P.A.B., sur les cours pour les parents et les formations pour les professionnels ou pour prendre r.v. avec Brigitte (en Estrie ou à Montréal, au Québec, de même qu’en Europe une fois/an): www.brigittedenis.com
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