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En Belgique, l’Eglise catholique est soudée à l’Etat

Publié le 10 avril 2008 par François Collette

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La première chaîne télé publique francophone (RTBF) proposait récemment un reportage sur le financement des cultes dans mon pays natal, la Belgique, un Etat laïc, ne l’oublions pas, tout comme la France. Etat laïc, officiellement, mais toujours terriblement assujetti à l’Eglise catholique dans ce qu’il y a de plus cru outre l’influence occulte de celle-ci : le fric.

Au contraire de la République française, le royaume catholique de Belgique finance « les » cultes depuis sa création, en 1830, et en plus subvient systématiquement aux déficits chroniques des « fabriques d’églises » créées par Napoléon Bonaparte en 1805.

En admettant, au-delà de toute opinion philosophique, qu’une des missions d’un Etat démocratique soit d’assurer la liberté religieuse et l’expression de sa foi à tout un chacun en finançant les cultes, ce qui pose problème c’est que l’Eglise catholique récolte encore chaque année 237 millions d’euros soit 85 pc de la dotation globale annuelle, alors qu’elle ne représente évidemment plus du tout cette proportion dans la population. Les autres religions (protestants, musulmans, etc.) se partagent la portion congrue (6 pc) et depuis peu, pour faire bonne figure, les tenants de la laïcité encaissent 9 pc.  Est-ce bien sérieux ou tout simplement équitable ? Poser la question c’est y répondre : non.

Les prêtres catholiques sont donc encore et toujours payés et logés par l’Etat. La dotation de l’Eglise catholique n’a pas changé en proportion depuis 1830 quand 90 pc de la population était forcément de cette confession. Actuellement les estimations varient entre 44 et 60 pc (!) selon les sources et seuls 10 pc de la population se rendraient encore à la messe dominicale, mais c’est le nombre de baptisés qui est pris en compte pour la dotation. Ne riez pas, c’est du belge.

Autre absurdité : de par la loi napoléonienne de 1805 toujours solidement en vigueur (!), les communes sont tenues quoi qu’il arrive de couvrir les déficits des « fabriques d’église » paroissiales, sans rechigner ni pouvoir assurer le moindre contrôle de gestion. La moindre petite ville compte plusieurs paroisses, souvent sans beaucoup de paroissiens, donc plusieurs « fabriques d’églises ». A titre d’exemple, Bruxelles en compte 120 dont certaines ne sont distantes que de quelques centaines de mètres et le plus souvent désespérément vides ou presque.

Les représentant de l’Eglise catholique interrogés parlent une merveilleuse langue de bois pour tenter de justifier ce système qui leur profite tant et plus et les responsables politiques de toutes obédiences en charge des « cultes » se taisent dans toutes les langues. Ce débat est hautement tabou en Belgique car l’Eglise catholique romaine y est quasi incontournable. Il suffit de voir le Te Deum qui est inscrit dans le protocole officiel de la fête nationale, le 21 juillet.

Séparation de l’Eglise et de l’Etat ? Ne me faites pas rire.

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