On ne parle que de ça dans les services. Eh oui, pour ceux qui ne le sauraient pas encore, en plus d’être un fouteur de merde patenté et un dangereux gauchiste syndiqué, je travaille dans la fonction publique hospitalière, bien que contractuel. Et donc, ce fameux jour de carence qui a fait couler tant d’encre et a mécontenté tant de fonctionnaires serait supprimé prochainement. J’emploie volontairement le conditionnel, car je suis comme Saint Thomas. Voilà qui représente cependant une bonne nouvelle si cela venait à se concrétiser, et une mesure bien concrète qui va dans le bon sens : à gauche, vraiment. Et cela bien que nous ne soyons pas dupes totalement : l’esprit est probablement de caresser son électorat traditionnel dans le sens du poil, histoire de lui faire oublier le gel de son salaire depuis des années, et les manques de moyens matériels et en personnel de plus en plus criants un peu partout, ce qui fait supporter une charge de travail de plus en plus intolérable à ceux qui restent sur le terrain, contrairement à ce qu’ en prétendent certains clichés. Non, le fonctionnaire n’est plus un gros feignant improductif qui profite grassement de nos impôts. Car depuis, la RGPP est passée par là, et la suppression d’un fonctionnaire sur deux a laissé des traces, comme j’ai souvent eu l’occasion de l’écrire ici en attirant l’attention du néophyte ou du libéral de mauvaise foi sur le fait que la fonction publique est en train de connaître depuis ces dernières années l’un des plus gigantesques plans sociaux que la France ait connu. Pourtant, le phénomène n’est jamais présenté ainsi, et aucune mesure d’accompagnement pourtant nécessaire n’a été mise en œuvre, bien au contraire, comme l’illustre assez cruellement le cas de France Télécoms… avec les conséquences que l’on sait. Ceux qui restent se voient imposer des cadences infernales, et une usure professionnelle et morale indéniable. Sauf pour ceux qui ne connaissent pas le sujet. Le fonctionnaire fournit une prestation de service public éminemment nécessaire à la collectivité avec de plus en plus de difficultés, au point que sa santé puisse parfois en pâtir. Surtout quand il voit des postes pourtant indispensables de moins en moins souvent remplacés… Et qu’on lui demande encore et toujours plus, avec les objectifs d’une pseudo-charte qualité en prime qui ne tient absolument pas compte des réalités de terrain, sans moyens et pour un salaire qui ne bouge pas, des réorganisations perpétuelles, en travaillant avec des bouts de ficelle, et cela sans se plaindre ni revendiquer : c’est la crise, ma bonne dame, et la France est endettée. Il faut se sacrifier. Et se taire, aussi ? Non. Cette suppression du jour de carence est donc un minimum. N’en déplaise à Madame Parisot qui préférerait peut-être que l’on nivelle la France par le bas en revenant à ce Moyen-Âge social que voudrait nous imposer le PDG de Titan. Fort heureusement, nous ne sommes pas en Chine. Et sous la pression de l’information, de la culture et de la connaissance, même la Chine changera, un jour… Et les employés demanderont eux aussi des conditions de travail et de salaire convenables, comme le phénomène a pu être observé en Roumanie avec les ouvriers de Dacia, pour seul exemple. Faut pas pousser l’ouvrier et le fonctionnaire dans les orties, ma bonne dame. Sinon, il pourrait bien se révolter. Et vous avez trop tendance aujourd’hui, vous et vos semblables, à pousser le bouchon bien trop loin. Le beurre, l’argent du beurre, et le consentement du crémier par-dessus le marché… Gaffe ! L’opposition est en train de se former et de se ressouder, sous vos coups de butoir successifs. Nous ne nous laisserons pas tondre indéfiniment. Et à défaut de grand soir, vous pourriez bien vous retrouver avec un beau matin qui ne sera pas comme un autre…