fiscalisation des allocations : une belle connerie

Mister Dédalus a cru bon de me signaler qu’il n’y avait pas que le projet de suppression du jour de carence qui soit une mesure de gauche à considérer favorablement, notamment par le Front de gauche (puisque c’est sa cible obsessionnelle). Sans savoir qu’ elle viendrait aussi vite et de là précisément, j’avais anticipé cette observation en me disant que j’exagérais, que c’était de la provocation gratuite de ma part, qu’ il y en avait effectivement d’autres, des mesures de gauche,  mais je pensais bien plus volontiers par exemple au mariage pour tous. Quelle ne fut pas ma surprise en allant voir ce dont il s’agissait,  appâté par le titre et le lien chez moi ¹ ! La fiscalisation des allocations familiales, une mesure de gauche, vraiment ? Fallait oser… Il l’a fait, et on l’a donc reconnu pour ce qu’ il est.  Comme quoi il n’y a pas que dans de prétendus extrêmes qui ne sont qualifiés ainsi que par ses détracteurs qu’ il y ait des gens aveuglés par leur idéologie. Même au PS, prétendument plus modéré, il y en a aussi, comme ce gars là, bien mâtiné d’un hollandisme affligeant.  Car en taclant assez injustement  l’ami des Pas Perdus (puisque ce dernier n’a pas encore dit pourquoi il était contre ce projet), et en le rapprochant abusivement dans le même sac d’opposition à ce projet avec le PCF  et…  Familles de France, qui est plutôt connue pour ses sympathies envers la droite traditionaliste, pour ne pas dire extrême². Le tout enveloppé dans la même ignominie et le même argument pauvre qui consiste à critiquer un présupposé attachement des deux parties en présence de l’universalisme des allocations familiales, ce qui reste à démontrer,  le gars de la droite de la gauche tombe franchement à côté de la plaque. Tiens, prenez mon cas, par exemple. Je ne sais pas du tout ce que pense le PCF du sujet, ni même ce que pourrait en dire Mélenchon, et je ne me sens pas pour autant obligé d’aller voir sur le net pour m’y coller impérativement, selon une discipline ridicule. Je me dis simplement qu’ il y aurait un certain bon sens d’assortir l’obtention d’allocations de conditions de ressources de manière à les allouer à ceux qui en ont le plus besoin, plutôt que de les fiscaliser. Ou les imposer : c’est la même chose et couper des cheveux en quatre que de prétendre le contraire. J’irai quant à moi droit au but : une personne ou un couple qui gagnent plus que de raison selon un seuil maximal à fixer n’ont pas à toucher des allocations familiales alors qu’ils pourraient s’en dispenser, ce que ne peut pas un couple ou une personne seule de condition modeste. En outre, ce que je crains (mais je n’ai pas une connaissance très fine du projet du gouvernement sur ce point), le fait de fiscaliser les allocations risque fort de faire basculer des familles qui ont des revenus limités vers l’imposition, ce qui ne serait pas franchement de gauche, à ce que je sache, si l’on entend par « de gauche » le fait de se préoccuper des intérêts populaires, et notamment des plus défavorisés.  Par contre, j’en profiterai pour faire part de ma propre expérience de vie, en pensant à cette histoire de discrimination dont souffriraient les pères à l’occasion des divorces. J’ai constaté quant à moi que lorsque l’on avait des revenus limite (ce que je situerais à 1200 euros environ), si jamais l’on avait la malchance d’être un père divorcé et d’avoir plusieurs enfants, que l’on entendait bien accueillir dignement chez soi et non les entasser à 4 dans une seule chambre comme j’ai dû m’y résoudre parfois faute d’argent), on ne bénéficiait pas d’allocations logement comme celles perçues par la mère à qui la garde est souvent confiée, alors même qu’ on a des charges équivalentes au niveau du logement. Et quand on prend en compte de surcroît l’explosion des loyers et  la difficulté à se loger, cela présente une question plus qu’importante : fondamentale.  Aussi, j’en appelle aux députés de gauche quels que soient leur bord pour qu’une réponse collective soit élaborée en ce sens. Là, au moins, ce serait une véritable mesure de gauche, aussi.

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¹ Message personnel à Dedalus : je ne vais tout de même pas insérer un lien vers ton billet et  t’envoyer par conséquent des visiteurs alors que tu ne cesses de me provoquer plutôt grossièrement, et que nous avons manifestement un certain nombre de divergences idéologiques fondamentales. Je ne suis pas chrétien ni catholique, et ne me sens donc pas obligé de tendre la joue gauche… ni même la droite. Va te faire voir chez les grecs. Tu pourras ainsi connaître les joies de l’austérité que ta foi libérale te commande…

 ² Entre autres prises de position joyeuses, diverses et variées, elle s’est opposée assez violemment au Pacs,  à la théorie du genre, critique toute reconnaissance possible de l’homoparentalité…  Selon la fiche wiki de Familles de France, les publications de son directeur, Henri Joyeux,  sur l’éducation sexuelle ont été critiquées pour leur morale considérée comme  « rétrograde » par certains, et leur image des femmes. Il montre aussi une vision de la sexualité très marquée par la religion catholique.