La semaine dernière, on est dans mon bureau (oui tu sais, mon bureau , ce délicieux endroit où ça rit, ça parle et ça pète) avec deux stagiaires et un collègue.
L’une des stagiaires parle de mon blog, me disant qu’elle avait apprécié de lire tel ou tel article (j’aime entendre ce genre de douces paroles, ça m’a fait plaisir!!!) et qu’elle avait certainement quelques posts de retard.
Je ris et lui dis qu’effectivement, j’avais publié 4 articles depuis le dernier qu’elle avait lu. Mon collègue commence à s’intéresser à la conversation. Il est étonné, il ne savait pas que j’avais un blog. Il me pose plusieurs questions dont une que l’on me pose, très, très, très souvent.
D’abord, il me demande ce que je raconte dessus, pourquoi j’ai ouvert un blog, est ce que tout le monde a le droit de le lire ? Je réponds que j’y raconte ma vie, mon œuvre ainsi que des anecdotes de la vie quotidienne, je parle aussi du boulot, des collègues. Là, il fronce les sourcils et me demande si j’ai déjà parlé de lui, je lui fais mon plus grand sourire et réponds : pas encore, mais ça ne saurait tarder. Il se marre (un peu nerveusement peut-être). Je lui dis que j’ai ouvert un blog parce que j’adore raconter des histoires et écrire c’est ma folle passion. Je lui explique aussi qu’au début j’avais peur d’ouvrir le blog au plus grand nombre, par peur du jugement ou que l’on me dise : euh ce que tu écris…ça sert pas à grand chose hein. Mais qu’au final, c’est free baby, tout le monde peut le lire.
Puis il me demande : combien de fois tu écris par semaine ?
Moi : 4 fois.
Lui : quoi!!!!! Mais tu es toujours inspirée ???? Où trouves-tu l’inspiration ?
Moi : non pas toujours, enfin si…enfin ça dépend…enfin c’est difficile à expliquer. Je ne sais pas trop.
Car oui pour être honnête, j’ai toujours un peu de mal à expliquer l’inspiration chez moi car elle est tellement versatile que je ne saurais dire où est ce qu’elle se loge jusqu’au moment où elle fait son périple de ma pensée jusqu’à mes doigts et jusqu’à ce clavier ou jusqu’à ce stylo. Elle débarque c’est tout et je la prends comme ça. Elle peut venir de la conversation de ces deux filles dans le métro qui ne comprennent « vraiment pas pourquoi les hommes, tu vois, ils se comportent toujours TOUJOURS comme des goujats ». Elle peut venir d’un échange houleux que j’ai pu avoir avec un collègue ou avec un artiste au boulot et qui me fait tergiverser sur l’agressivité, la perte de contrôle et l’énergie que je peux gaspiller dans ce type d’échanges. Elle se crapahute aussi parfois avec force directement dans mon cerveau quand j’essaie justement d’enterrer l’idée. Généralement, c’est parce que je sens qu’elle insiste (elle est très, très tenace tu sais) pour que je parle de mes états-d’âme, de ma sensibilité, d’évènements douloureux ici, mais que j’ai peur de le faire et que je redoute d’être trop plombante. Elle se fraye un chemin avec volupté quand je passe de bons moments avec mes amies, que j’ai envie de déclarer mon amour à mes proches ou que j’ai vécu un moment très drôle que je veux partager ici.
Elle est là, mais je ne sais jamais quelle partie d’elle je vais prendre.
J’aime son ambivalence parce que ce qui sort, c’est toujours une surprise. Bien sûr, une partie de moi tremble quand les mots s’alignent avec puissance au début, mais que progressivement, je sens que non, c’est pas le moment d’écrire sur un sujet car dans le fond je ne sais pas quoi comment dire les choses dire. Parfois aussi, je commence, je m’arrête, j’enregistre un article dans le brouillon parce que j’ai l’impression que l’inspiration s’est faite la malle et une heure plus tard, c’est comme si une petite loupiote s’est rallumée et bing c’est reparti pour écrire sur le même sujet. D’autres fois, je débute un texte et je sens que ce n’est pas le bon chemin et j’efface tout et recommence. Parfois c’est facile, l’article sort comme une évidence et en quelques instants j’ai déjà fini (bon après il y a la relecture, ça, ça me prend toujours du temps).
Et puis surtout je pense que l’énergie de l’inspiration me vient parce que j’ai un désir très très fort de communiquer. J’ai souvent eu la sensation par le passé de parler beaucoup, mais dans le fond de ne pas vraiment me dire. J’avais de la frustration à revendre je te le dis. J’ai longtemps rêvé de savoir exprimer mes émotions, de me dire, de me connaître davantage et c’est ce que me permet l’écriture aujourd’hui. Chaque nouvel article, je le prends toujours comme une nouvelle façon d’en apprendre plus sur moi, (oui, même à 32 ans, on ne sait pas encore tout à fait qui on est). C’est étrange aussi parce qu’il m’arrive de ne pas me souvenir d’avoir écrit sur certains sujets. Alors quand l’inspiration est là, je ne la lâche pas, je me pose et j’écris.
Ma plus grande peur, c’est qu’elle s’en aille. Qu’un jour, je ne sache plus trop quoi (me) raconter. Qu’un jour, je sente que la source s’est tarie. Parfois, je me dis qu’il en sera peut-être ainsi que ça voudra dire je que dois trouver un autre chemin pour me connaître encore un peu plus.
D’ailleurs, je suis persuadée que mon inspiration a une vie en dehors de moi, elle a posé ses valises chez moi quelques temps, mais peut-être, un jour, elle repartira ailleurs, pour un autre voyage et je ne pourrais pas lui en vouloir car elle m’aura déjà tant donnée.