Nous avions une réponse. Pourrait-on se poser la question sur la durée d'un quinquennat ?
Le dossier de la semaine de l'hebdomadaire Marianne devrait sonner comme une alerte, ou pas. Samedi dernier, le journal s'est fendu d'un sondage sur les classes moyennes et leur appréciation des premiers mois du quinquennat Hollande. Puis de quelques idées et grosses critiques contre les mesures fiscales décidées. Nul recours à un statisticien ou un fonctionnaire des Impôts pour définir les classes moyennes, les sondeurs pour une fois avaient eu la bonne idée de se baser sur la chose qui vaille en matière de classement social - la perception des intéressés eux-mêmes.
Globalement, ces Français sondés sont très mécontents de subir davantage de taxes. Sans surprise, la re-fiscalisation des heures supplémentaires passe très mal. De toutes façons, les auteurs du dossier le reconnaissent bien volontiers - qui aime payer davantage d'impôts ?
Mais le bas blesse ailleurs: les impôts supplémentaires en cause - 20 milliards d'euros sur 2 ans - sont finalement bien modestes non seulement au regard de l'effort général (20% des 100 milliards de redressement budgétaire prévus sur 2012 et 2013), mais aussi de l'imposition générale - cotisations incluses: près de 300 milliards d'euros annuels.
Mais de quoi parle-t-on ?
Hollande aurait raté une belle occasion de faire une réforme fiscale. On notera cependant combien il semble curieux d'envisager que le quinquennat est déjà clos, moins d'un an après son commencement. On devrait aussi s'interroger sur la séquence passée. Hollande a agi à l'inverse de Sarkozy. Le premier a rapidement déçu celles et ceux qui pensaient à des changements plus graves et - pour eux - plus profitables (réforme fiscale notamment). Sarkozy s'est empressé de faire voter un paquet fiscal dont la seule composante populaire était la défiscalisation des heures sup susmentionnées. Bref, outre la faiblesse des marges de manoeuvre budgétaires et européennes, la meilleure tactique politique ne consistait-elle pas à commencer par "la douloureuse" ?
Il était drôle de voir Hollande au Salon de l'agriculture, plusieurs heures durant. Le président n'avait que peu à gagner. L'électorat local ne lui a jamais été favorable, et encore moins cette année. Pourtant, il y est allé. Les ex-Sarkofans n'ont pas apprécié que Nicolas Sarkozy soit ainsi moqué. Les mêmes se taisaient, se couchaient devant chacune des (mauvaises) blagues de leur ancien mentor à propos de l'opposition d'antan. "C'est une mauvaise blague donc c'est un dérapage" déclara sans surprise Nathalie Kosciusco-Morizet.
L'enfant: "Ah mais j'ai jamais vu Nicolas Sarkozy !"L'UMP est en rade. C'est confirmé. François Fillon s'est montré à la télévision pour expliquer combien il était présidentiable pour 2017. Il veut être "utile". Après cinq années de silence sado-masochiste sous Sarkozy, puis une campagne interne ratée contre l'ineffable Copé pour la conquête de l'UMP, il aimerait nous imposer l'image d'un présidentiable crédible pour 2017. Avec 4 années d'avance, rien n'est perdu. Le voici sur TF1, dimanche 24 février au soir, sourire aux lèvres.
François Hollande, souriant : "Ah, bah, tu ne le verras plus".
"La France est au bord de la récession, toutes les promesses ont quasiment volé en éclat, on est en face d'un gouvernement qui semble aujourd'hui impuissant, qui n'a pas de cap, qui n'a pas d'objectif".Après cinq années de coucheries sarkozystes, le même appelle au rassemblement des Français, sans rire ni honte: "Les Français sont de plus en plus divisés, sont tentés de se dresser les uns contre les autres. La France est dans une situation tellement difficile qu'on ne pourra pas la redresser sans la rassembler". La France est en faillite à cause de lui, de son mentor, de la crise, de Jacques Chirac, de l'inefficacité d'une droite aux abois.
"L'ump est paralysée dans son action. "
Ce n'est pas nous qui le disons, mais Xavier Bertrand.
L'UMP est en rade. Et la meilleure façon qu'elle a de s'en sortir est de tirer un trait sur l'ancien Sarkozy.
Définitivement.
Crédit illustration: Do-Zone Party